RUBENS
Portraits princiers

Article publié dans la Lettre n° 443
du 6 décembre 2017


 
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RUBENS. Portraits princiers. Pierre Paul Rubens (1577-1640) naît à Siegen (Allemagne) dans une famille de notables qui avait fui Anvers pour des raisons confessionnelles. Il reçoit une éducation humaniste et apprend plusieurs langues. Il exerce un instant la fonction de page, ce qui le met à l’aise pour côtoyer par la suite les grands personnages de son temps. Si l’on voyageait peu à son époque, ce n’était pas le cas des artistes. Rubens va ainsi parfaire sa formation à Rome et devient l’un des peintres de la cour des Gonzague à Mantoue. Le Duc l’envoie à Madrid avec une mission diplomatique. Durant son séjour, il se familiarise avec les portraits du Titien, son principal inspirateur, auteur du fameux Portrait équestre de Charles Quint et du non moins célèbre Portrait de Philippe II en armure. Revenu à Anvers en 1609, il devient le peintre de la cour des Flandres et exécute les portraits officiels des princes de Habsbourg. Si le portrait n’était pas le genre de prédilection de Rubens, qui préférait la peinture d’histoire, c’était le seul moyen de se faire connaître des grands de ce monde. C’est ainsi que sur les plus de 1 500 œuvres de Rubens, il n’y a qu’une cinquantaine de portraits officiels avec de nombreuses répliques, exécutées par son atelier, validées par le maître et considérées à son époque à l’égal des originaux.
En 1621, Richelieu sollicite Rubens pour la décoration de deux galeries dans le Palais du Luxembourg, que s’est fait construire la reine Marie de Médicis. Il voyage ensuite dans toute l’Europe, principalement à la cour d’Espagne et en Angleterre, souvent porteur de messages en faveur de la paix. C’est en effet une époque où les conflits entre les maisons régnantes sont nombreux bien que Marie de Médicis soit alliée avec toutes les cours d’Europe, tant par ses ascendants que par les mariages de ses enfants. Sa carrière de diplomate va ainsi de pair avec celle de peintre officiel, les séances de pose étant propices aux négociations.
Le parcours de l’exposition suit un ordre chronologique, nous faisant passer au fil des salles d’une cour à une autre. Après une introduction montrant à quel point Rubens était renommé et source de légendes comme celle d’avoir hébergé chez lui Marie de Médicis durant son exil définitif de France en 1631, on commence par la cour de Mantoue. Deux portraits se détachent, celui d’Éléonore de Gonzague à l’âge de deux ans et celui de Marguerite de Gonzague, peint par Franz II Pourbus le Jeune. En effet, Dominique Jacquot, le commissaire de cette exposition, a mis en regard des quelque 25 tableaux de Rubens et de son atelier, des œuvres d’autres portraitistes contemporains, y compris quelques-unes de son assistant, Anton van Dyck, qui s’installa à Londres et dont l’art du portrait eut un grand retentissement sur Reynolds et Gainsborough.
On passe ensuite à la cour de Bruxelles. Rubens et son atelier exécutèrent plusieurs portraits de l’archiduc Albert et de son épouse, l’infante Isabelle Claire Eugénie. Celle-ci, à la mort de son mari, prit l’habit de religieuse tout en continuant de gouverner les Flandres au nom du Royaume d’Espagne. Des gravures sont également exposées dans cette salle et dans les suivantes. Certaines ont été réalisées à partir des tableaux de Rubens. Celui-ci surveillait de très près leur diffusion, ce qui le faisait connaître des collectionneurs moins fortunés, et bénéficiait d’une sorte de copyright.
Vient ensuite la salle consacrée à la cour d’Espagne. Plusieurs portraits sont à l’effigie de Philippe IV, roi d’Espagne, dont un magnifique portrait équestre peint par Velázquez, d’après Rubens. On arrive enfin à Paris, où Rubens séjourna à plusieurs reprises. On y voit exclusivement des portraits de Marie de Médicis, de Louis XIII et d’Anne d’Autriche. Ils sont peints par Rubens, mais aussi par Philippe de Champaigne, Pourbus le Jeune, Van Dyck ou encore Simon Vouet. Le portrait d’Anne d’Autriche par Rubens est l’un des plus somptueux.
Bien que le sujet n’ait rien à voir avec le portrait, on ne pouvait pas faire une exposition sur Rubens dans ce musée, sans évoquer la plus importante de ses œuvres monumentales, aujourd’hui au Louvre, le cycle de l’Histoire de Marie de Médicis, peint pour une galerie du Palais du Luxembourg. Elle est évoquée par des projections et surtout par la magnifique série de 24 gravures aquarellées (1704-1710) commandée par Louis XIV à Jean-Baptiste Nattier. Après des portraits allégoriques (Marie de Médicis en Bellone, Allégorie du bon gouvernement de la France, etc.), l’exposition se termine sur le plus beau portrait de cette exposition, un Autoportrait de Rubens, offert à Charles Ier d’Angleterre par un courtisan, pour sa galerie des hommes illustres. Il justifie pleinement ce titre de « Peintre des princes, prince des peintres ». Une exposition très intéressante, intelligemment conçue. Musée du Luxembourg 6e. Jusqu’au 14 janvier 2018. Lien : www.museeduluxembourg.fr.


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