PRAXITELE

Article publié dans la Lettre n° 269


PRAXITELE. C’est après l’Allemagne avec « Polyclète » (1990) et l’Italie avec « Lysippe » (1996), la première grande exposition consacrée en France à la statuaire grecque. Le Louvre qui a un grand nombre de marbres rattachés de près ou de loin à l’œuvre de Praxitèle, pouvait susciter un regroupement de sculptures autour de cet artiste qui inspira tant de réalisations au cours des siècles. Cette exposition se veut donc non seulement historique et artistique mais aussi scientifique, en permettant la confrontation de nombreuses copies permettant de faire avancer nos connaissances sur cet artiste dont il ne reste quasiment aucune oeuvre originale !
Après une magnifique Vénus de bronze du type de l’Aphrodite de Cnide, à l’entrée de l’exposition, dont le socle est signé Praxitèle, mais qui fut coulée au XVIe siècle par Le Primatice (!), le parcours de celle-ci se déploie en six sections. La première, « Praxitèle retrouvé », nous dit le peu de choses certaines que nous savons sur ce sculpteur qui vécut probablement entre 400 et 330 avant notre ère et dont le romanesque remplace le plus souvent l’histoire. De plus nous ne connaissons que trois oeuvres seulement, formellement identifiées comme datant du IVe siècle, qui porteraient la marque de son style. Les trois sont là : un bronze, l’Ephèbe de Marathon, et deux marbres, la plaque de Mantinée, bas relief figurant sur le socle de l’une des statues du maître et une tête, Artémis, plus grande que nature et très abîmée. Tout le reste n’est que copie ou inspiration !
La deuxième section, « A la recherche de Praxitèle », nous montre justement des ensembles de copies de quelques-unes de ses plus fameuses créations. Il s’agit de l’Apollon Sauroctone, du Satyre au repos et de l’Aphrodite de Cnide, le premier nu féminin de la sculpture et, à ce titre, la statue la plus célèbre de l’Antiquité. A ce stade, les organisateurs de l’exposition nous montrent que le style de Praxitèle nous échappe, tant les différences sont grandes d’une copie à l’autre. Mais cela n’est rien par rapport à ce que nous présente la troisième section, « A la suite de Praxitèle ». Là, les artistes, non contents de copier le maître se mettent en tête de sculpter des œuvres originales à la manière de Praxitèle, mélangeant leur propre style à celui de leur inspirateur. Quatre dossiers illustrent cela : les têtes féminines à partir de la Diane de Gabies, les recréations classicisantes à partir de l’Eros de Centocelle, le style praxitélien à Rome avec Pasitélès et Stéphanos et la création praxitélisante avec l’Apollino.
Vient ensuite la section du « Praxitèle imaginé », celui des temps modernes dont on a déjà vu la Vénus du Primatice. Cette fois, ce n’est plus seulement la main du sculpteur qui contamine le style de Praxitèle mais le style de l’époque qui s’empare des sujets du maître pour en faire des œuvres de style maniériste, classique, néoclassique ou académique. Le summum est atteint au XIXe siècle avec le succès de l’histoire de Phryné, une courtisane qui aurait été le modèle du sculpteur et dont les archéologues cherchent la statue qui la représenterait !
La cinquième section, « Praxitèle, une carrière ? », montre une série d’œuvres célèbres, La Vénus d’Arles, Le Satyre verseur, L’Artémis de Dresde qui seraient des œuvres de jeunesse et L’Hermès d’Olympie, Le Sardanapale et une série de muses qui seraient des œuvres de maturité. Le problème est que, là aussi, leur attribution est remise en cause par les chercheurs modernes qui pourront être confortés ou non dans leurs convictions grâce à une telle exposition où toutes les œuvres sont côte à côte. C’est justement l’objet de la dernière section avec une étude sur une découverte récente, « Le Satyre de Mazara del Vallo », que Paolo Moreno, commissaire de l’exposition Lysippe, considère comme un original de Praxitèle. Sa démonstration ne ferait pas l’unanimité mais ces restes de statue en bronze sont magnifiques et nous sortons éblouis par tant de beauté et plus savants grâce à tous ces cartels très clairs et très lisibles qui jalonnent le parcours. Une exposition rare, à ne pas manquer. Musée du Louvre 1er, jusqu’au 18 juin 2007.
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