POUSSIN ET MOÏSE. HISTOIRES TISSÉES

Article publié exclusivement sur Internet avec la Lettre n° 348
du 31 décembre 2012


POUSSIN ET MOÏSE. HISTOIRES TISSÉES. Le Mobilier National nous permet d'admirer les huit tapisseries de haute lisse de laine et soie rehaussée d'or, réalisées par la Manufacture des Gobelins entre 1683 et 1685, d'après des tableaux de Nicolas Poussin (1594-1665), dont il a la garde.
Le maître de l'école classique de l'art français n'avait pas fait ces tableaux en vue d'être transposés sur des tapisseries. Il s'agissait d'œuvres de chevalet, donc de petit format, d'autant plus que Poussin ne se sentait pas à l'aise dans les grands formats, au contraire d'un Charles le Brun ou d'un Rubens. Poussin avait peint environ dix-neuf tableaux sur l'histoire de Moïse entre 1625 et 1660. Neuf avaient été choisis pour la création de la présente série, quarante ans après sa mort.
La réalisation de tapisseries de grandes dimensions (de 330 à 360 cm de haut et de 470 à 660 cm de large) à partir de tableaux beaucoup plus petits est une véritable prouesse. Elle est à mettre au crédit des peintres cartonniers, qui ont transposés les tableaux en les adaptant au nouveau support. Il fallait tout le savoir et l'expérience de ceux-ci pour arriver à un tel résultat, recadrant certaines toiles pour accentuer leur caractère dramatique, éclaircissant les couleurs pour que les tapisseries soient plus lisibles, ou encore modifiant certains décors qui ne se prêtaient pas à la tapisserie. Les quelques toiles de Poussin, qui sont exposées et qui ont servi de modèle pour ces tapisseries, nous font toucher du doigt la difficulté de l'entreprise. Néanmoins les commissaires de l'exposition soulignent que cela a été rendu possible grâce à deux éléments que maîtrisait Poussin : l'art du dispositif pictural et l'art de la disposition des personnages.
Nous avons aussi la chance de voir deux cartons peints, dont l'un, L'Adoration du Veau d'or, une huile sur toile de 327 x 477 cm, peinte par Pierre de Sève vers 1683, vient d'être restauré. Un « carton » est donc un véritable tableau, peint à l'envers et découpé en lés que l'on glisse sous la chaîne.
Les huit tapisseries d'après Poussin représentent les passages suivants de l'histoire de Moïse, d'après la Bible : Moïse exposé sur les eaux, Moïse sauvé des eaux, Moïse enfant foulant aux pieds la couronne de Pharaon, Moïse changeant en serpent la verge d'Aaron, Le Passage de La Mer Rouge, La Manne dans le désert, Moïse frappant le rocher et enfin l'Adoration du Veau d'or.
A côté de ces tapisseries, le Mobilier National nous montre, sur le même thème, deux tapisseries d'après Charles Le Brun : Le Buisson ardent et Le Serpent d'airain, toutes deux réalisées avant 1685. Nous pouvons également voir quatre tapisseries d'après Raphaël, sur d'autres sujets, comme La Pêche miraculeuse (1637-1639), ainsi que des dessins et des gravures de Le Brun ou réalisés d'après ce dernier ou encore d'après Nicolas Poussin.
Nous avons donc là une exposition à plus d'un titre exceptionnelle, grâce à la présence de cet ensemble de tapisseries somptueuses, toutes restaurées pour l'occasion, et aux explications sur la manière de les réaliser. Galerie des Gobelins 13e. Jusqu'au 20 janvier 2013. Pour voir notre sélection de visuels, cliquez ici. Lien : www.mobiliernational.fr.


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