POUSSIN ET DIEU

Article publié dans la Lettre n° 382
le 4 mai 2015

 
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POUSSIN ET DIEU. A l’occasion du 350e anniversaire de la mort de Nicolas Poussin (1594-1665), le musée du Louvre consacre à cet artiste, que l’on considère comme le plus grand peintre français du XVIIe siècle, voire le plus grand peintre français tout court, une exposition sur ses œuvres les moins étudiées, les tableaux religieux. Pour cela il a réuni, dans une magnifique scénographie, 99 des plus belles compositions sacrées de l’artiste dont 63 peintures.
Le parcours de l’exposition, très clair et bien documenté, avec de grands panneaux et des cartels lisibles, épouse un cheminement en sept sections, à la fois thématique et chronologique. Les commissaires abordent les tableaux religieux de Poussin selon trois grandes problématiques : 1) la manière dont l’artiste s’inscrit dans le contexte de la tradition catholique issue de la Contre-Réforme ; 2) l’originalité de son approche consistant à mêler la tradition sacrée et la tradition profane ; 3) l’importance de la figure du Christ, souvent dissimulée derrière des sujets et des personnages de l’Ancien Testament. En effet Poussin est réputé pour ses tableaux profanes, ses nymphes, ses sujets mythologiques, ses personnages antiques (Pyrrhus, Eurydice, Germanicus, etc.), ses paysages, alors que ses plus grands chefs-d’œuvre sont inspirés de la Bible. C’est ce que montre cette exposition.
Après le magnifique Autoportrait (1650) qu’il fit pour l’un de ses mécènes, Paul Fréart de Chantelou, nous sommes dominés par les grands retables qu’il peignit pour différentes églises tels Le Martyre de saint Erasme (1628) pour Saint-Pierre de Rome ou Le Miracle de saint François-Xavier (1641) pour l’église du noviciat des Jésuites à Paris. Vient ensuite un sujet qu’il traita toute sa vie, « La Sainte Famille » dont on voit diverses illustrations que Poussin préparaient avec de petits personnages en cire, qu’il disposait dans une boîte pour étudier les effets de lumière et l’harmonie des masses.
Réputé libertin, les commissaires nous montrent dans la troisième section, « Les amitiés chrétiennes », que Poussin était en fait très liés avec des commanditaires et amis qui lui passaient commande de sujets chrétiens, comme La Récolte de la Manne (1638) ou la deuxième série des Sept Sacrements (1644-1648).
Après des tableaux illustrant la section consacrée à « La Fortune et la Providence », dans lesquels Poussin fait la synthèse entre les traditions sacrées chrétienne et antique, avec des sujets tels Le Jeune Pyrrhus sauvé (1634), Orphée et Eurydice (1653), La Mort de Saphire (1654-1656) ou Eliézer et Rebecca (1645), nous abordons l’un des autres sujets favoris de l’artiste, « Moïse ». Tous les épisodes de sa vie sont illustrés : Moïse exposé sur les eaux (1654), Moïse enfant foulant aux pieds la couronne de Pharaon (1645), Moïse et le buisson ardent (1641), Moïse changeant en serpent la verge d’Aaron (1645-1648), Le Passage de la mer Rouge, etc.
Cette grande figure de l’Ancien Testament est suivie par celle du Nouveau Testament « le Christ » qui, dans les années 1650, prend une importance croissante dans l’œuvre de Poussin. C’est dans certains de ces tableaux que l’artiste, réputé philosophe et difficile d’accès, se surpasse en introduisant subrepticement dans des toiles telles Les Aveugles de Jéricho (1650) ou Le Christ et la femme adultère (1653), une allégorie de la Charité (femme portant un enfant dans ses bras).
Le parcours se termine avec des paysages raffinés dans lesquels on distingue de petits personnages comme Paysage aux trois moines (vers 1650-1653), Paysage de tempête avec Pyrame et Thisbé (1651) et surtout Les Quatre Saisons (1660-1664) où chaque scène comprend l’une des principales préfigures du Christ, dans la tradition exégétique des Pères de l’Eglise. Une exposition très intéressante, accompagnée d’une autre exposition, « La Fabrique des saintes images, Rome- Paris, 1580-1650 » qui la complète intelligemment. Musée du Louvre 1er. Jusqu’au 29 juin 2015. Lien : www.louvre.fr.


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