PORTRAITS DE CEZANNE

Article publié dans la Lettre n° 433
du 26 juin 2017


 
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PORTRAITS DE CEZANNE. Parmi le millier de tableaux peints par Paul Cézanne (1839-1906), il y a moins de deux cents portraits, dont vingt-six autoportraits et vingt-neuf représentant celle qui deviendra son épouse, Hortense Fiquet. Avec plus de soixante tableaux, la présente exposition nous permet donc de bien comprendre la démarche de Cézanne dans le domaine du portrait, un genre qu’il pratiqua tout au long de sa vie, même si ce n’est pas celui qui a retenu l’attention du public et des historiens de l’art.
Ses premiers tableaux sont déjà des portraits qu’il réalise en traitant la peinture dans toute son épaisseur et en schématisant les visages, comme il le fera pour ses paysages. Rien d’étonnant à ce que son portrait d’Achille Emperaire (1867-1868) soit refusé au salon de 1870, tant il est éloigné des règles de l’art du portrait. Dans la première salle, « Premières œuvres, premiers portraits », nous voyons également son tout premier portrait, un autoportrait (1862-1864) fascinant par l’expression du visage, au regard injecté de sang, réalisé à partir d’une photographie dont on voit un agrandissement à l’entrée. Heureusement, les portraits de son père, de sa mère et de sa sœur sont apaisés, comme ceux de ce vieillard inconnu ou des deux personnages de Paul Alexis lisant à Émile Zola (1869-1870).
Dans la salle suivante, « Le portrait acharné », nous voyons comment Cézanne utilise la peinture, qu’il travaille au couteau à palette, par couches successives, avec vigueur. Il qualifiera plus tard cette période de création de « couillarde », en référence à la brutalité de sa peinture. Les commissaires ont réuni cinq des dix tableaux représentant L’Oncle Dominique dans divers costumes, montrant déjà l’intérêt de Cézanne pour les séries.
Avec « L’impressionnisme et au-delà » on voit comment Cézanne adopte, au contact de son ami Pissarro, les couleurs vives des impressionnistes tout en allant encore plus loin avec l’utilisation de couleurs intenses mélangées à du noir, à la manière de Manet. Dans les portraits de cette époque comme Madame Cézanne à la jupe rayée (1877) ou Madame Cézanne cousant (1877) ou encore Portrait de l’artiste (vers 1875), il intègre les personnages dans des décors très élaborés, donnant à ses modèles une forte présence.
Après ces trois premières sections, nous entrons dans une vaste salle, « Une harmonie parallèle à la nature » qui rassemble une multitude de portraits dont un Autoportrait à la palette (1886-1887), des portraits de Gustave Geffroy (1895-1896) et d’Ambroise Vollard (1899), des portraits d’anonymes, souvent des gens de condition modeste comme ces portraits de paysans, et surtout quatre versions de Madame Cézanne en robe rouge (1888-1890). Ces dernières toiles, empreintes d’un sentiment personnel, appartiennent à une série, aussi importante pour Cézanne que les Meules pour Claude Monet. Notons aussi que certains portraits, comme ceux de Vallier (1905-1906), son jardiner ont été réalisés en extérieur, reliant ainsi portraits et paysages.
La dernière section, paradoxalement intitulée « Une disparition du portrait ? » montre que pour Cézanne le portrait n’a pas la même signification qu’il avait à ses débuts. Il est détaché du sujet comme le sont ses natures mortes et ses paysages. Cela lui vaut d’être considéré comme le père de la modernité en matière de portrait et d’être désigné par Picasso comme « notre père à tous ». Une exposition d’une grande richesse avec des commentaires très complets sur la plupart des œuvres présentes. R.P. Musée d’Orsay 7e. Lien : www.musee-orsay.fr.


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