POP ART
Icons that matter
Collection du Whitney Museum of American Art

Article publié dans la Lettre n° 443
du 6 décembre 2017


 
Pour voir le parcours en images et en vidéo de l'exposition, cliquez ici.

POP ART. Icons that matter. Collection du Whitney Museum of American Art. Gertrude Whitney (1875-1942), sculptrice et héritière de l’une des plus grosses fortunes des États-Unis aidait les artistes de son temps, en achetant leur production, sans souci de rentabilité. En 1929, elle offre une collection de plus de 500 œuvres au Metropolitan Museum of Art … qui la refuse ! Elle fonde alors un musée avec la mission de se concentrer exclusivement sur l’art et les artistes de son pays. Cette collection s’agrandit au fil du temps par des achats et des donations et déménage trois fois, toujours à New York. Les 23 000 œuvres de plus de 3 300 artistes des XXe et XXIe siècles qui la composent aujourd’hui sont conservés depuis 2014 dans un nouvel édifice construit par Renzo Piano.
Avec 65 œuvres, la présente exposition est consacrée au Pop Art et plus particulièrement aux décennies 1960 et 1970. À côté des grands noms connus de tous (Lichtenstein, Warhol, Oldenburg, Wesselmann, Indiana) sont présentées des œuvres d’artistes moins connus, dont plusieurs femmes, assez peu impliquées dans ce mouvement.
Il n’y a pas de véritable définition du Pop Art. Chaque artiste a la sienne. Mais, d’une manière générale, il s’agit de se réapproprier des objets de la vie courante (cigarettes, frites, boîtes de conserve), des personnalités (Jackie Kennedy, Marilyn Monroe), des thèmes de la peinture traditionnelle (nu féminin), des bandes dessinées, etc. en les représentant d’une manière simplifiée, avec des couleurs vives, des contours nets, de grands aplats de couleurs, comme cela se pratique dans l’industrie. Ce mouvement, qui évolue au fil du temps, prend ainsi le contre-pied de l’art des expressionnistes abstraits comme Pollock, de Kooning ou Rothko.
Le parcours se compose de six sections d’importance inégale. Il commence, avec « Popisme et américanisme » par des œuvres de Roy Lichtenstein. On y voit, entre autres, Girl in Window  (1963), qui renvoie au thème classique, dans la peinture flamande du XVIIe siècle, de la « Jeune fille à la fenêtre », peint comme une case de bande dessinée, et Goldfish Bowl, un bronze peint qui renvoie au tableau de Matisse, Les Poissons rouges.
Avec « Dans l’intervalle entre l’art et la vie », la section 2 nous montre un tout autre univers du Pop Art. En effet Robert Rauschenberg réalise de grandes lithographies dans lesquelles on retrouve une multitude d’images en relation avec des événements historiques et politiques comme A Modern Inferno (1965), qui évoque la bombe atomique, les camps de concentration, etc.
La section 3, « Lieux communs », présente des œuvres de Jasper Johns comme Target with Four Faces (1968) ou Flags (1967-1968), des choses « vues sans être regardées, ni examinées » d’après cet artiste, à la manière des readymades de Marcel Duchamp.
La section suivante « Le Pop, au-delà des apparences », fait la part belle à des artistes moins connus comme Jim Dine, Allan D’Arcangelo, May Stevens, John Wesley, abondamment représentés ici. La parodie, la simplification à l’extrême illustrent ce concept. Par exemple, avec sa Madone à l’enfant (1963), D’Arcangelo représente, avec uniquement le contour de leur visage, Jackie Kennedy et sa fille, parfaitement identifiables. On y voit aussi des représentations scientifiques invisibles à l’œil nu comme celle d’une goutte de cranberry tombant dans du lait ou d’une balle traversant une pomme (Harold Edgerton).
L’Art Pop a participé à sa manière à la révolution sexuelle des années 60 (« Faites l’amour pas la guerre »). C’est ce qu’exprime la section 5, « Les corps du Pop », avec, en particulier, des toiles de Tom Wesselmann montrant un pied (Seacape Number 15, 1967) ou un torse féminin (Great American Nude #57, 1964) et de Mel Ramos. Ce dernier nous peint une femme nue assise sur un paquet de cigarettes (Tobacco Rhoda, 1965) ou reprend un thème classique avec la série du portfolio Léda et le cygne, montrant une discrète femme nue, en compagnie d’oiseaux exotiques. Comme on le voit, il s’agit toujours de femmes alors que le féminisme est déjà bien vivant !
La dernière section, « Rêve américain (l’envers du décor) » est la plus riche. Il y a là des sculptures monumentales comme le Cendrier de Claes Oldenburg ou son Assiette de frites avec du ketchup qui trônent au milieu de la salle. On y voit aussi l’énorme Love (1968) de Robert Indiana écrit avec des caractères en aluminium, la gigantesque Large Trademark with Eight Spotlights (1962) de Edward Ruscha, qui reprend en la simplifiant la marque de la 20th Century Fox, etc. L’exposition se termine avec quatre œuvres d’Andy Warhol dont Electric Chair (1967) et Nine Jackies (1964).
Une exposition riche et variée, agréable à visiter. R.P. Musée Maillol 7e. Jusqu’au 21 janvier 2018. Lien : www.museemaillol.com.


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