POMPÉI. Un art de vivre

Article publié dans la Lettre n° 333
du 5 décembre 2011


POMPÉI. Un art de vivre. Les commissaires de cette exposition ont voulu nous montrer, ici à Paris, à quoi ressemblait une (belle) maison à Pompéi, deux mille ans après l’éruption du Vésuve qui détruisit, en 79 après J.-C, cette petite ville de province sans importance politique, ainsi que les cités voisines d’Herculanum, Oplontis et Stabies. En faisant de chacune des salles du musée l’une des pièces typiques des maisons romaines, l’évocation est particulièrement réussie avec quelque 200 objets provenant des sites mêmes et du Musée Archéologique national de Naples.
La visite commence tout naturellement par l’atrium, une cour en partie couverte, ornée de fresques et de statues, avec un puits qui donne accès à une citerne souterraine, une vasque pour recueillir l’eau de pluie, le laraire - une petite chapelle dans laquelle se trouvent des petites statues de bronze représentant les divinités tutélaires de la maison - et, plus étrange en ce lieu, un coffre-fort de fer et de bronze.
La visite continue ainsi au fil des salles et des évocations : les cubicula (chambres à coucher), la cuisine avec ses instruments de toutes sortes, le triclinium (salle à manger), lieu de réception par excellence avec des objets tout autant précieux que raffinés, etc. Nous voyons à quel point cette petite ville banale à son époque était moderne : eau courante raccordée au réseau de la ville par des tuyaux de plomb dans les maisons les plus luxueuses, tout à l’égout, jardins, appareil de chauffage (brasero), balneum (salle de bains) privé avec une magnifique baignoire en bronze et les objets qui l’accompagnent comme les strigiles pour éliminer les crèmes sur le corps ou les flacons d’huiles parfumées.
En dehors de ces objets nous voyons aussi des bijoux somptueux, des lampes à huile en bronze richement décorées et bien sûr ces objets, fresques et sculptures qui ont tant étonné les premiers visiteurs qu’ils pensaient que Pompéi était une nouvelle Sodome et qu’elle avait été punie par un châtiment divin ! En fait on sait aujourd’hui que le sexe chez les romains était vécu avec une bien plus grande simplicité qu’aujourd’hui et que les règles en ce domaine étaient plutôt liées à des considérations d’une nature purement sociale que morale. Les représentations de scènes érotiques, de dieux phalliques ou de phallus gigantesques, destinées à protéger la maison du mauvais œil, n’avaient donc rien de choquant à cette époque.
Bien sûr le drame vécu par Pompéi est présent avec ces moulages d’empreintes laissées par les personnes et les animaux surpris par l’éruption mais, sans cette dernière, nous ne saurions rien de la vie à cette époque et à quoi ressemblait une maison romaine. Nous ne connaissions la civilisation romaine qu’à travers les écrits et les grands monuments publics (amphithéâtres, thermes, temples, aqueducs, etc.) mais aucune maison entière n’était parvenue jusqu’à nous. A défaut de voir les sites pompéiens, bien menacés aujourd’hui, cette magnifique exposition nous en donne une idée précise, complète et bien documentée. Musée Maillol 7e. Jusqu’au 12 février 2012. Pour voir notre sélection de visuels, cliquez ici. Lien : www.museemaillol.com.


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