PISSARRO À ÉRAGNY
La nature retrouvée

Article publié dans la Lettre n° 425
du 1er mai 2017


 
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PISSARRO À ÉRAGNY. La nature retrouvée. Avec la magnifique rétrospective qui se tient actuellement au musée Marmottan Monet, Pissarro est de nouveau à l’honneur à Paris après trente-cinq ans d’absence dans une grande exposition parisienne, si l’on excepte « Cézanne et Pissarro (1865-1885) » au musée d’Orsay en 2006 (Lettre 255). Avec une centaine d’œuvres dont trente-neuf peintures de Camille Pissarro et deux de son fils Lucien, cette exposition est plus qu’un « dossier » sur cette période féconde, recouvrant les vingt dernières années (1884-1903) de la vie de Pissarro. Ne pouvant vivre à Paris avec sa nombreuse famille (huit enfants), il s’installe dans une vaste maison au loyer raisonnable, à Éragny-sur-Epte, dans le Vexin français. Ce village est situé à environ 80 km de Paris, où Pissarro se rend fréquemment pour diverses raisons, et borde la même rivière que Giverny, où s’est installé son ami Monet. Tandis que ce dernier transforme son domaine en un magnifique jardin, Pissarro installe dans le sien des animaux et des cultures, ce qui lui permet de vivre en quasi autarcie, une pratique qui s’accorde bien avec ses convictions anarchistes. En 1892 il acquiert la maison grâce à un prêt de 15 000 francs de Claude Monet, sollicité par sa femme Julie alors qu’il était à Londres !
A Éragny, Pissarro est enchanté par les paysages, la vie des paysans, les changements dus aux saisons et aux intempéries. Il peint inlassablement, d’autant plus qu’il doit faire vivre sa famille et rembourser son ami. Ses enfants l’imitent, à tel point que Pissarro parlera en plaisantant de « l’École d’Éragny ». L’exposition nous présente plusieurs œuvres de Lucien Pissarro, l’aîné de la famille, avec qui Camille entretient une abondante correspondance, d’autant plus que son fils s’est installé à Londres où il a fondé une maison d’édition, Eragny Press. Nous voyons plusieurs ouvrages illustrés de dessins de Lucien et de son père dans la sixième section, en particulier Les Contes de ma Mère l’Oye (1899) de Charles Perrault et Hérodias (1901) de Gustave Flaubert.
Le parcours commence par des photographies d’Éragny et de la famille Pissarro. Avec « Des panoramas à profusion », il se poursuit avec des toiles peintes en plein air montrant les divers aspects de cette région riche en contrastes, qui enthousiasmait Pissarro. Après une petite salle consacrée aux dessins publiés par Camille dans des revues anarchistes ainsi qu’à un album familial ambitieux Turpitudes sociales (1889), réalisé à la plume, nous voyons des tableaux illustrant « Un renouveau artistique (1886) » dans la vie de l’artiste, annonçant son ralliement au néo-impressionnisme de Seurat chez qui il se rend avec son fils Lucien. Soleil couchant, automne, Éragny (1886) en est une bonne illustration. Néanmoins, ces toiles-là étant longues à peindre, Pissarro utilise des techniques plus rapides comme la gouache, le pastel ou l’aquarelle pour réaliser des œuvres plus faciles à vendre. Nous voyons une dizaine de feuilles peintes ainsi, par exemple La Moisson à Éragny (1887) et Etude du verger de l’artiste à Éragny-sur-Epte (vers 1890).
Les septième et neuvième sections sont les plus riches en peintures. Avec « Richesse du paysage (1887-1894) » nous avons de nombreuses vues de la campagne environnante et des travaux des champs, souvent prises depuis la fenêtre de son atelier, Pissarro étant atteint d‘une maladie des yeux le faisant souffrir lorsqu’il travaille dehors. C’est à la fin de cette période qu’il abandonne le néo-impressionnisme et revient à sa pratique impressionniste initiale. Les toiles exposées dans la dernière section « Éragny : une source d’inspiration inépuisable (1894-1902) » nous montre quelques-unes des nombreuses toiles qu’il peint à la fin de sa vie, sans se lasser, toujours admiratif de son environnement. Le Bain de pieds (1895), Le Pré à Éragny (1895), Coin du pré à Éragny (1902) en sont de parfaites illustrations. Entre ces deux dernières sections les commissaires nous font découvrir « Les Travaux des champs (1894-1901) », un travail moins connu de Pissarro. Il s’agit d’un grand nombre de dessins et d’esquisses pour un livre illustré sur le travail agricole que Pissarro ne termina pas. Néanmoins Lucien utilisera une partie de ces dessins pour illustrer La Charrue d’érable d’Emile Moselly en 1912. Une exposition intéressante et bien présentée. R.P. Musée du Luxembourg 6e. Jusqu’au 9 juillet 2017. Lien : www.museeduluxembourg.fr.


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