PICASSO CUBISTE

Article publié dans la Lettre n° 273


PICASSO CUBISTE. On pourrait croire avoir fait le tour de Picasso après toutes les expositions qui lui sont consacrées, tout particulièrement à l’Hôtel Salé. Eh bien non ! Une fois de plus nous sommes étonnés par la diversité et l’ampleur de l’œuvre de Picasso. Cette fois c’est l’appartenance de l’artiste à un mouvement qui se revendique de lui qui est mise en exergue. Le mot «  cubisme » remonte à une boutade de Matisse, reprise par la presse, qui avait décrit comme une composition faite de « petits cubes » un paysage (1908) de Braque, compagnon de Picasso dans cette nouvelle manière de voir et de peindre. Néanmoins Picasso, pour qualifier son œuvre propre, n’accepte ce terme qu’en 1923, dans un entretien avec un critique d’art.
De la Renaissance à l’Impressionnisme la peinture s’était voulue une fenêtre « illusionniste » ouverte sur le monde. Le cubisme est en rupture avec cette idée et veut, chez Picasso, afficher la matérialité de la peinture.  « Nous avons essayé de nous débarrasser du trompe-l’œil pour trouver le trompe-l’esprit » dira-t-il. Et effectivement, après une analyse géométrique des volumes issue de l’art de Cézanne, Picasso procède d’une décomposition de la forme en unités plastiques empruntée aux arts primitifs, ibérique, africain, océanien, byzantin et introduit des fragments d’objets ou de coupures de presse.
En 1912 Apollinaire déclarait :  « On peut peindre avec ce qu’on voudra, avec des pipes, des timbres-poste, des cartes postales ou à jouer, des candélabres, des morceaux de toile cirée, des faux cols, du papier peint, des journaux. Il me suffit, à moi, de voir le travail, il faut qu’on voit le travail, c’est par la quantité de travail fournie par l’artiste, que l’on voit la valeur d’une œuvre d’art. » Dans le cas de Picasso, la quantité de travail est prodigieuse. Les Demoiselles d’Avignon (1907) dont on voit ici de nombreuses esquisses et tableaux préparatoires en est l’illustration. La variété des matériaux utilisés en est un autre témoignage, tout comme ses « papiers collés », ses « constructions » et ses « tableaux reliefs ». Néanmoins la même année (1917) il peint le gracieux portrait tout à fait figuratif de sa compagne « Olga » et « l’homme au compotier » parfaite illustration du cubisme. Picasso n’est pas réductible à une seule forme de l’art, y compris au même instant.
Avec 350 numéros, dont une cinquantaine de prêts majeurs, cette exposition présente donc un ample panorama de l’œuvre cubiste de Picasso. La présentation est agréable avec des panneaux explicites nous guidant tout au long du parcours qui se déploie sur la totalité des salles du musée, à l’exception du dernier étage où se trouve une exposition complémentaire sur le thème de Guernica avec des photographies de Gilles Peress. Musée Picasso 3e. Jusqu’au 7 janvier 2008.
Pour voir notre sélection de visuels, cliquez ici. Lien : www.musee-picasso.fr.


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