PICASSO.MANIA

Article publié dans la Lettre n° 391
le 18 janvier 2016


 
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PICASSO.MANIA. Au cours de sa longue carrière Pablo Picasso (1881-1973) a changé plusieurs fois de style, fascinant les autres artistes par son inventivité et son génie. Même si ses dernières œuvres, exposées quelques mois après sa mort au Palais des Papes à Avignon, n’ont pas connu, à leur époque, l’engouement des précédentes, beaucoup ont inspiré les artistes de toutes disciplines, que ce soit en peinture, sculpture, gravure, etc. et même au cinéma. La présente exposition, suivant en cela une vingtaine du même genre qui se sont attachées à l’étude de la postérité de l’œuvre de Picasso, retrace les moments de la réception critique et artistique du plus célèbre artiste du XXe siècle.
Le parcours, à la fois chronologique et thématique, met en exergue trois grands moments stylistiques de Picasso, le cubisme, les années 1930 et l’œuvre tardif. S’y ajoutent les réponses iconographiques à deux œuvres emblématiques, Les Demoiselles d’Avignon et Guernica, évidemment absentes. L’exposition rassemble ainsi 100 œuvres de Picasso provenant du musée Picasso de Paris, du musée national d’art moderne et des héritiers du peintre, ainsi que 312 œuvres contemporaines, y compris des documents graphiques, réalisées par 78 artistes. Parmi ceux-ci, les plus représentatifs font l’objet de monographie. C’est le cas de David Hockney, de Roy Lichtenstein, de Jasper Johns et de Martin Kippenberger. Les commissaires ont évité la confrontation directe des œuvres de Picasso avec celles des autres artistes. Les premières sont présentées isolément et accrochées comme le faisait Picasso, dans son atelier ou dans ses expositions, sans parti pris de chronologie ou de sujets, côte à côte, sur plusieurs rangs. Cela surprend en ce lieu où l’on a l’habitude de voir les œuvres exposées distinctement les unes des autres afin de les contempler tout à loisir, comme le sont, heureusement, celles des autres artistes.
Après un mur d’interviews où, sur 18 écrans, s’expriment tour à tour 18 personnes parmi lesquelles on remarque George Condo, Jeff Koons, Bertrand Lavier, Agnès Varda, etc. nous entrons dans une salle d’hommages à l’artiste. Yan Pei-Ming, Chéri Samba, Zeng Fanzhi, Erró, Equipó Cronica, etc. présentent des portraits ou des hommages à Picasso. Sur un mur se déploie une partie du remarquable Portfolio commandé à une cinquantaine d’artistes par le critique autrichien Wieland Schmied en 1971 pour célébrer le quatre-vingt-dixième anniversaire du maître.
Après un premier accrochage de 17 œuvres cubistes de Picasso, vient la salle consacrée à David Hockney, pour qui « le cubisme constitue un progrès dans le réalisme ». Au milieu de diverses peintures, nous voyons Les Jongleurs, 24 juin 2012, une installation de 18 films vidéo synchronisés sur 18 écrans, agréable à regarder, commandée à Hockney. Dans la salle suivante, « Picasso crève l’écran », sont projetées des images de cinéma, de théâtre, de danse, etc. inspirées par Picasso, selon un « aléatoire organisé » par deux collaborateurs de Jean-Luc Godard.
Nous arrivons alors dans la salle consacrée aux Demoiselles d’Avignon, la seule toile qui a inspiré des artistes féminines comme Faith Ringgold et Wangeshi Mutu. De nombreux artistes reprennent à leur manière cette toile emblématique représentant un bordel, pour laquelle Picasso fit des centaines d’études préparatoires, dessinées ou peintes, dont huit sont présentées ici.
Avec « Guernica, icône politique », voici quelques exemples de ce qu’a inspiré ce tableau emblématique de Picasso. Citons le film d’étudiant d’Emir Kusturica, Guernica (1978) ; un énorme panneau d’Adel Abdessemed fait avec des animaux naturalisés, Qui a peur du grand méchant loup ? (2011-2012) ; un ensemble de Goshka Macuga composé d’une grande tapisserie, d’une table circulaire servant de vitrine, de 16 chaises et d’une sculpture, La Nature de la bête (2009) ; une grande toile de Leon Golub, Vietnam II (1973) et de nombreux documents d’archives.
Á l’étage inférieur, avec « C’est du Picasso », nous voyons 14 huiles sur toile et 10 linogravures de Picasso représentant toutes, sauf une, des portraits de femme. Viennent ensuite les espaces consacrés à Roy Lichtenstein, Andy Wharol et Jasper Jones dont les toiles représentant les quatre saisons ont été réunies. Après une salle où sont projetées des images évoquant le « Star system » dont bénéficia Picasso et où Bertrand Lavier, avec son Picasso outremer (2009), présente une sorte de ready made réalisé avec une aile de Picasso HDI, nous entrons dans la salle consacrée à Martin Kippenberger, artiste facétieux avec sa Série Jacqueline : les tableaux que Pablo ne pouvait plus pendre ou ses autoportraits, dans des poses reprises de photographies de Picasso !
Après une nouvelle salve d’œuvres du maître dont la célèbre série de gravures Raphaël et la Fornarina (1968), montrant qu’il n’y a pas de création artistique sans érotisme, nous terminons avec « Bad painting », une salle avec un avertissement au « public sensible » (!), où sont présentées des dizaines de toiles de Baselitz, Basquiat, Saura et quelques autres et surtout de George Condo dont L’Incroyable Mur à Paris (2015) est constitué de 20 toiles peintes entre 1980 et 2013, présentées à la manière de Picasso. Une exposition fantasque, anecdotique et, au final, originale. Grand Palais 8e. Jusqu’au 29 février 2016.
Lien : www.rmn.fr.


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