LA PEINTURE AMÉRICAINE
DES ANNÉES 1930
« The Age of Anxiety »

Article publié dans la Lettre n° 407
du 14 décembre 2016


 
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LA PEINTURE AMÉRICAINE DES ANNÉES 1930 « The Age of Anxiety ». Cette exposition organisée par l’Art Institute of Chicago en collaboration avec le musée d’Orsay et la Royal Academy of Arts de Londres, nous fait découvrir, avec une cinquantaine de toiles d’artistes souvent peu connus en Europe, la peinture des années de la Grande Dépression. Le jeudi 29 octobre 1929 la Bourse de New York s’effondre entraînant les Etats-Unis dans une terrible période d’insécurité économique et de troubles sociaux. Des millions de personnes perdent emploi, maison, économies, dignité. Le chômage culmine à près de 25% de la population active en 1933 touchant ainsi 12 millions de personnes. Dans ces circonstances les peintres américains questionnent l’identité américaine, explorent la possibilité d’un art propre à leur nation, encore jeune, et s’attachent, entre autres, à décrire la vie dans les villes ou les campagnes.
Néanmoins nous avons une grande diversité d’expression que l’on note très bien dans un parcours thématique en cinq étapes. Après une introduction où l’on voit pour la première fois en Europe le tableau « iconique » American Gothic (1930) de Grant Wood, grande figure du régionalisme du Midwest, nous commençons la visite par les « contrastes américains ». Les peintres défendent ou pourfendent l’industrie américaine, profondément ébranlée mais confiante dans une reprise économique (Paysage américain, de Charles Sheeler, 1930), tandis que se développent les organisations ouvrières (Débardeurs, de Roustabouts, 1934). Pour les campagnes, qui avaient déjà été ébranlées par la chute des cours au lendemain de la première guerre mondiale, la situation est plus contrastée. Elle est décrite par les artistes aussi bien comme un lieu de dévastation qu’une source de renouveau, comme le montrent les dramatiques Erosion n°2, Notre terre mise à nu de Alexandre Hogue (1936) et Cueilleurs de coton de Thomas Hart Benton (1945) à l’opposé de l’idyllique Plantation de Maïs de Grant Wood (1931).
La section suivante aborde un thème nouveau dans la peinture, « La ville spectacle ». Avec la crise, le besoin d’évasion des soucis quotidiens favorise l’intérêt pour les spectacles, le cinéma, les bals et autres distractions. Mais cela va du cosmopolite Film à vingt cents de Reginald Marsh (1936) au macabre Marathon de danse de Philip Evergood (1934), où les danseurs essaient de tenir debout pendant des semaines jusqu’à l’épuisement.
Désorientés par ce chaos auxquels ils n’étaient pas préparés, les américains se tournent vers le passé afin de retrouver la fierté de leur identité. L’Administration Roosevelt encourage les artistes en ce sens, grâce au Public Works of Art Project. De nombreux peintres introduisent dans leurs œuvres des éléments tirés de l’histoire du pays et de l’époque coloniale, d’autant plus que l’on fête en 1932 le bicentenaire de la naissance de George Washington. Dans cette section intitulée « L’histoire revisitée » nous voyons le satirique Filles de la Révolution de Grant Wood (1932), le Thanksgiving de Doris Lee (vers 1935), décrivant une scène traditionnelle ou encore le mystérieux Maison hantée de Morris Kantor (1930), illustrant un thème populaire à cette époque.
La dernière grande section « Cauchemars et réalités » s’intéresse au traumatisme de la Grande Dépression et à ses conséquences sur les gens. Les formes du surréalisme, découvert lors de voyages en Europe, sont souvent utilisées comme on le voit avec La Figure sombre de Federico Castellón (1938) ou La Ville éternelle de Peter Blume (1934-1937), fascinante allégorie antifasciste. Il y a aussi des peintures d’un réalisme cruel comme Justice américaine de Joe Jones (1933) qui montre les abominations du Ku Klux Klan ou cet Autoportrait sans complaisance d’Ivan Albright (1935).
Le parcours se poursuit avec « Vers un art moderne américain » où deux toiles illustrent les courants que suivront les artistes après la Grande Dépression. Le courant réaliste est illustré par une toile d’Edward Hopper, Station-service (1940) et le courant abstrait par le Sans titre de Jackson Pollock (1938-1941). Enfin, cette très intéressante exposition se termine sur un montage d’extraits de films de cette époque, qui marqua un tournant dans l’histoire américaine. Musée de l’Orangerie 1er. R.P. Jusqu’au 30 janvier 2017. Lien : www.musee-orangerie.fr.


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