PARIS 1900.
LA VILLE SPECTACLE

Article publié dans la Lettre n° 370
le 16 juin 2014


PARIS 1900. LA VILLE SPECTACLE. Pour l’exposition universelle de 1900, un grand nombre d’édifices sont construits : Le Pont Alexandre III, les nouvelles gares de Lyon, d’Orsay et des Invalides, la première ligne de métropolitain (la ligne 1), le Grand et le Petit Palais. Il était donc naturel que ce dernier, qui reste l’un des plus beaux témoignages de cette époque, rende hommage à cette manifestation qui voit affluer à Paris cinquante-et-un millions de visiteurs.
Ceux-ci ne viennent cependant pas uniquement pour l’exposition. A cette époque Paris rayonne aux yeux du monde entier comme la cité du luxe et de l’art de vivre. Il est de bon ton d’aller dans les restaurants chic comme Le Pré Catelan ou le Pavillon d’Armenonville, d’assister à l’un des spectacles donnés, entre autres, par les nombreux théâtres. Parmi ces derniers le Théâtre de l’Œuvre et le Théâtre Libre promeuvent des auteurs alors inconnus et une interprétation nouvelle. Les galeries font la promotion des artistes, parmi lesquels on compte les créateurs de l’Art Nouveau, terme inventé par la maison Bing, ardent défenseur de l’art du Japon et de ses lignes courbes. Hector Guimard, René Lalique, Alfons Mucha, dans des réalisations différentes – immeubles, bijoux – mais en s’inspirant toujours du monde naturel pour les formes et les ornements, sont les plus connus. C’est tout cela que cette exposition nous rappelle, avec plus de 600 œuvres (peintures, objets d’art, costumes, affiches, photographies, films, meubles, bijoux, sculptures, céramiques, documents divers, etc.), dans une scénographie remarquable de l’Equipe Philippe Pumain. Celle-ci a divisé l’espace en six « pavillons », comme ceux d’une exposition, reliés entre eux par des passages surbaissés et sombres, où sont projetés des films historiques en relation avec les différentes sections. C’est tout à fait remarquable.
Après une première section « Paris 1900, la Ville spectacle », où l’on voit les projets pour la future exposition, nous entrons dans la section, « Paris, vitrine du monde ». Elle évoque l’exposition universelle de 1900 qui s’étendait sur 120 hectares, sans compter les 110 hectares du Bois de Vincennes, de la place de la Concorde, avec une entrée monumentale surmontée d’une gigantesque statue de « Parisienne », habillée par Jeanne Paquin, jusqu’au Trocadéro. On y trouve des affiches, une évocation du métro avec les célèbres décors de Paul Guimard, des billets d’entrée et des objets souvenirs (assiettes, plats, éventails …).
La section suivante, « Paris Art nouveau », est un enchantement. Il y a là des créations de tous types, depuis des vases de Guimard, Sandier, Boucher, Muchat, jusqu’à des meubles de Majorelle, Gallé, Charpentier, en passant par un vitrail d’Albert Besnard et Henri Carot et Une Algue, sculpture inattendue de Sarah Bernhardt, sculpteur à ses heures, dont on verra d’autres œuvres plus loin.
Avec « Paris, capitale des arts », nous entrons dans une sorte de musée où sont réunies des œuvres des principaux artistes de l’époque : Cézanne, Pissarro, Renoir, Monet, Denis, Cassatt, mais aussi Edelfelt, Bouguereau, Robert-Fleury, Maufra et bien d’autres. La sculpture n’est pas oubliée avec des œuvres de Dalou, Puech, Troubetzkoy et surtout une évocation de la fameuse exposition Rodin du Pont de l’Alma, avec de nombreuses œuvres de l’artiste.
Après « Le mythe de la Parisienne » où nous voyons des portraits d’élégantes et surtout de magnifiques robes et accessoires d’époque prêtés par le musée Galliera, nous entrons dans les deux derniers pavillons où sont évoqués les divertissements en ce début de siècle. Cela va des triomphes de Sarah Bernhardt à ceux d’Yvette Guilbert, de l’opéra aux guinguettes, du Casino de Paris, où l’on donne Féminissima avec Liane de Pougy, aux maisons closes. Des affiches, de magnifiques programmes, que l’on avait vraiment envie de conserver (!), des peintures et sculptures représentant ces célébrités de la nuit, ainsi que des appareils phonographiques et cinématographiques illustrent ce sujet. Outre les projections de films d’époque, un peu partout dans l’exposition, nous voyons ici le célèbre Voyage dans la lune de Méliès ainsi que des films des frères Lumière. Une exposition vraiment exceptionnelle, comme cette époque. Petit Palais 8e. Jusqu’au 17 août 2014. Pour voir notre sélection de visuels, cliquez ici. Lien: www.petitpalais.paris.fr.


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