PAGODES ET DRAGONS
Exotisme et fantaisie dans l'Europe rococo

Article publié dans la Lettre n° 268


PAGODES ET DRAGONS. Exotisme et fantaisie dans l’Europe rococo. Si les romains connaissaient la Chine sous le nom de Seres ou « pays de la soie », ce n’est qu’à partir du XIIIe siècle avec la domination mongole sur le continent eurasien, puis avec les voyages des missionnaires et de Marco Polo que l’occident prit conscience qu’il existait un pays fabuleux (pendant longtemps le Devisement du monde de Marco Polo passe pour un récit merveilleux !) d’où provenaient des objets inconnus en Europe. Parmi ceux-ci, ceux en laque ou en porcelaine dont certains représentaient des figures mythiques comme les dragons, animaux fantastiques que l’on retrouve dans quantité de civilisations, mais représentés en Chine différemment, étaient les plus recherchés. Ne connaissant pas les techniques de la laque ou de la porcelaine, les européens mirent au point des procédés de peinture imitant la laque et développèrent la technique de la faïence pour la rapprocher de la porcelaine. Ce succédanée est ce que l’on nomme « porcelaine tendre ».
Mais il n’y avait pas que les matériaux qui fascinaient les occidentaux. Ceux-ci, lassés de chercher l’inspiration dans l’antiquité, s’emparèrent de ces objets (vaisselles, vases, théières) et de ces motifs chinois si particulier. Ils réalisèrent toutes sortes d’objets mettant en scène des « chinois » - en fait des occidentaux habillés en chinois - et des animaux fantastiques.
Cette mode se développa durant le XVIIIe siècle dans l’art européen. Dans la première partie de ce siècle cet Orient de fantaisie se présente comme un monde de pure bizarrerie, où règnent l’extravagance et l’absurde. On en trouve des exemples dans la peinture de Watteau et dans des tapisseries comme celles de Beauvais conservées au Petit Palais. Le secret de la porcelaine est découvert en Saxe en 1710 et permet de réaliser des formes où règne la plus grande fantaisie. On ne cherche pas à copier les modèles chinois mais surtout à faire à la manière chinoise. Parmi les sujets on trouve des personnages burlesques appelés « magots » ou « pagodes ».
Dans la seconde partie du siècle, sous l’influence des Encyclopédistes, la fantaisie cède la place à des compositions plus calmes. On veut montrer les chinois comme des gens sages et tolérants, en totale rupture avec les conflits qui ravagent l’Europe. Et puis, cette mode s’éteint peu à peu et l’on revient à l’inspiration de Rome et de la Grèce ... Les objets exposés, dont beaucoup sont magnifiques, illustrent tout cela. Les cartels sont clairs et explicites et l’on comprend parfaitement le sens de cette très intéressante exposition. Musée Cernuschi 8e, jusqu’au 24 juin 2007.
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