OSIRIS
Mystères engloutis d’Egypte

Article publié dans la Lettre n° 387
le 26 octobre 2015


 
Pour voir le parcours en images et en vidéo de l'exposition, cliquez ici.

OSIRIS. Mystères engloutis d’Egypte. Franck Goddio, président de l’Institut Européen d’Archéologie Sous-Marine, qu’il a fondé, présente ses dernières trouvailles faites dans les eaux de la baie d’Aboukir sur les sites de Thônis-Héracléion et de Canope. Ces deux villes sont depuis le VIIIe siècle à huit mètres en-dessous de leur niveau d’origine suite à des phénomènes d’affaissement, ou subsidence, de montée des eaux, de glissement de terrain et de liquéfaction des argiles aux endroits où de lourds monuments ont été construits. Nous avions déjà vu certains de ces objets en 2006, au Grand Palais, dans l’exposition « Trésors engloutis d’Egypte » qu’il avait déjà organisée (Lettre 265). C’est en particulier le cas de la stèle de Thônis-Héracléion, prouvant que le site égyptien de Thônis était le même que celui mentionné par Hérodote sous le nom d’Héracléion. Aujourd’hui en présentant, d’une manière certes moins spectaculaire qu’en 2006, quelque 290 objets dont 250 provenant de ses fouilles sous-marines et le reste des musées du Caire et d’Alexandrie, Franck Goddio veut nous initier aux cérémonies consacrées jadis en ce lieu à Osiris.
Fils aîné de Geb, dieu de la Terre, et de Nout, déesse du ciel, Osiris fut tué par jalousie par son frère Seth et démembré. Sa sœur et épouse Isis partit à la quête des morceaux du dieu, les réunit et conçut avec le dieu qu’elle avait rendu à la vie par les rites de momification, un enfant posthume, Horus l’enfant ou Harpocrate, modèle du pharaon auquel chaque souverain voulait et devait s’identifier. On sait l’importance pour les égyptiens de la vie dans l’au-delà, dont Osiris devint le dieu. Il est donc naturel que ces derniers lui vouèrent un culte très important dont Franck Goddio et son équipe ont retrouvé de nombreux témoignages dont ils nous font profiter.
Le parcours de l’exposition se déroule en trois séquences. La première évoque « Le mythe et les mystères d’Osiris ». On y voit une statue gigantesque d’Hâpy, le dieu de la fertilité, haute de 5,4 mètres, aux bras chargés d’offrandes destinées aux dieux, des sculptures représentant Osiris, Isis, Horus, d’autres dieux et des pharaons, une magnifique stèle sculptée et inscrite sur toutes les faces, le Naos des décades et d’autres objets.
La deuxième séquence, « De Thônis-Héracléion à Canope, les Mystères », évoque les cérémonies qui se déroulaient chaque année en ces lieux avec le transport sur une barque sacrée de la statue du Dieu d’une ville à l’autre. Elle présente un grand nombre d’objets dont certains ont sans doute servi au culte d’Osiris. Le premier est le Décret de Canope, rédigé en hiéroglyphes, démotique et grec, qui précise le déroulement des cérémonies associant la princesse défunte Bérénice à Osiris durant le rituel rendu à ce dernier. Nous revoyons aussi la fameuse stèle de Thônis-Héracléion mentionnée plus haut. Les objets les plus remarquables sont une statuaire cultuelle d’Osiris-Onnophris sur lit léonin s’unissant à Isis-oiselle, un magnifique pectoral de la 22e dynastie, un simulacre végétal d’une momie d’Osiris et une cuve-jardin pour accueillir de tel simulacre, des bijoux, des statuettes et des objets rituels comme des louches et des barques processionnelles votives. Au mur, une photo grandeur nature représente une barque longue de plus de dix mètres, laissée sur place au fond de la mer. La section se termine par une somptueuse sculpture de la reine Arsinoé, provenant des fouilles.
La dernière séquence, « Postérité du mythe d’Osiris », montre comment Osiris fut assimilé à Dionysos, leurs légendes présentant beaucoup d’analogies : démembrement, retour à la vie, rois civilisateurs. Les pièces les plus remarquables sont une grande sculpture du taureau Apis, symbole de la renaissance osirienne, un sphinx, une statue de la déesse Thouéris, des statuettes de dieux et de prêtres, des sculptures érotiques, un faucon protégeant un roi et une statue d’Osiris momiforme, rappelant que celui-ci ne dut son salut qu’à l’amour conjugal puisqu’Isis, aidée du dieu chacal Anubis, inventa pour lui les gestes de la momification. Une exposition riche et vivante grâce à de nombreuses vidéos et une excellente scénographie. Institut du Monde arabe 5e. Jusqu’au 6 mars 2016.
Lien : www.imarabe.org.


Retour à l'index des expositions

Page d'accueil de « Spectacles Sélection »