ORANGERIE 1934 :
LES « PEINTRES DE LA REALITE »

Article publié dans la Lettre n° 264


ORANGERIE, 1934 : LES « PEINTRES DE LA REALITE ». C’est la première exposition en ce lieu depuis la rénovation du musée. C’est pourquoi son conservateur a tenu à rappeler l’importance du Musée de l’Orangerie depuis son affectation en 1921 à de grandes expositions temporaires. L’une des plus célèbres et qui eut un profond et durable retentissement fut justement l’exposition sur « Les peintres de la réalité en France au XVIIe siècle » organisée en 1934 par Paul Jamot et Charles Sterling. Alors que les expositions actuelles sont programmées plusieurs années à l’avance, celle-ci ne le fut que trois mois avant la date d’ouverture. Les demandes de tableaux - 185 œuvres dans un premier temps - dont les organisateurs avaient déjà une certaine idée partent aussitôt. Si l’on n’a aucune photo de l’exposition elle-même, en revanche on connaît tout de ses vicissitudes, des tableaux refusés, de ceux qui furent envoyés alors que les organisateurs n’en voulaient plus (pas assez de place pour tout exposer, peints par des artistes étrangers, faisant double emploi avec d’autres, attribués à tort à tel artiste, etc.), de son catalogue dont l’impression est en cours lorsqu’on en retire plusieurs numéros et qu’on en ajoute trois en supplément ! Etc...
Aujourd’hui, les nouvelles salles d’exposition, bien conçues, rappellent les 146 œuvres de 1934, dont 66 sont présentes. L’ensemble a été complété par deux autres toiles du XVIIe siècle et par quatorze tableaux d’artistes contemporains (Balthus, Chapelain-Midy, Denis, Derain, Hélion, Hugo, Humblot, Léger, Magritte, Picasso et Rohner) se situant dans cette veine réaliste ou plus ou moins influencés par les peintres du XVIIe siècle.
L’exposition de 1934 voulait montrer que derrière la façade du « grand siècle », il y avait des « tendances réalistes », pratiquement ignorées du public, qui poussaient les peintres de ce temps à « regarder la réalité avec une attention respectueuse ». Pour ses organisateurs, des primitifs à Chardin et Corot, il y avait toujours eu en France un certain « esprit réaliste » qu’ils voulaient montrer à travers ce grand rassemblement de peintres du XVIIe siècle, faisant côtoyer le « classicisme » de Poussin ou de Claude Gellée et le « réalisme » épuré des trois frères Le Nain, de La Tour ou de Champaigne. Cette vision de la peinture française était bien sûr dans l’air du temps où, malgré les émeutes de 1934, justement, on cherchait à faire passer l’idée d’une France stable, ferme dans sa foi et son ordre social malgré la crise ambiante. Malgré cela, l’exposition allait renouveler de fond en comble l’appréciation que l’on avait alors de la peinture du XVIIe siècle et donner le coup d’envoi à des travaux d’attribution d’un grand nombre d’œuvres. L’exposition nous montre d’ailleurs ces changements en mettant en parallèle les cartels d’aujourd’hui avec ceux de 1934.
Mais le plus grand mérite de l’exposition de 1934 fut certainement celui de faire connaître au monde entier un peintre connu seulement de quelques experts. En effet des peintures qui avaient été attribuées à Vélasquez, Zurbaran ou Vermeer avaient été réalisées par un artiste qui travailla plus de trente ans à Lunéville, un certain Georges de la Tour. Douze de ses toiles étaient présentes en 1934, dont sept sont de nouveau là cette année. Une exposition qui parvient à de tels résultats méritait bien d’être commémorée et cela est très bien fait.
En sortant de l’exposition il faut bien sûr voir, non seulement les Nymphéas de Monet, installées en ce lieu depuis 1927, mais aussi les 145 toiles léguées à l’état par Madame Walter, veuve du grand marchant d’art et collectionneur Paul Guillaume. Pratiquement une salle est consacrée à chacun des peintres suivants : Renoir, Cézanne, Modigliani, le Douanier Rousseau, Marie Laurencin, Picasso, Matisse, Derain, Utrillo, Soutine. Un enchantement ! Musée de l’Orangerie 1er. Jusqu’au 5 mars 2007. Pour voir notre sélection de diapositives, cliquez ici.
Lien : www.musee-orangerie.fr


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