OCÉAN
Une plongée insolite

Article publié dans la Lettre n°488 du 16 octobre 2019



 
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OCÉAN. Une plongée insolite. Grâce à une scénographie immersive, cette exposition spectaculaire nous permet de mieux connaître cet espace qui couvre la majeure partie de notre planète. Depuis l’antiquité, l’homme cherche à découvrir ce monde où il est impossible de respirer, où le corps se refroidit plus vite qu’à l’air libre et où l’obscurité règne dès 200 m de profondeur. On apprend, entre autres, que les romains avaient déjà des nageurs de combat, les urinatores, qui sectionnaient les lignes d'ancrage des bateaux ennemis pour que ceux-ci aillent se fracasser sur les rochers. Parmi les objets exposés, on trouve un casque de scaphandre de 1859 et les maquettes du sous-marin Nautile et du robot téléguidé Victor 6000 de l’Ifremer. Un premier tableau lumineux nous présente des photographies de cette faune incroyable et multicolore qui peuple les océans.
Parmi les êtres vivant dans les océans, l’immense majorité est invisible à l’œil nu. En poids, ils représentent 95% de tout ce qui vit dans l’océan. La plupart d’entre eux appartient au plancton. Ces êtres minuscules, premiers producteurs d’oxygène, sont à la base de la chaîne alimentaire. On distingue trois catégories, le phytoplancton ou plancton végétal (0,5µm à 2 mm), le zooplancton ou plancton animal (5µm à 10 m, pour les méduses) et les bactérioplancton et virioplancton, constitués de bactéries et de virus. Tous ces organismes sont ballotés d’un endroit à un autre par les courants marins, d’où leur nom, venant du grec planktos qui signifie errer ou dériver. Cette deuxième section met aussi l’accent sur l’acidification des océans, due à l’augmentation du CO2 émis par les activités humaines, et sur la prolifération de micro-plastique constituant une « soupe de plastique ». On la retrouve partout dans l’océan mais surtout piégée par les gyres, immenses tourbillons formés par des courants marins.
La troisième partie nous emmène dans des milieux extrêmes du point de vue humain. En premier lieu il y a le milieu profond, c’est-à-dire à plus de 200 m. Contrairement à ce que l’on pensait, la vie y est bien présente, sous diverses formes aussi étonnantes les unes que les autres, y compris dans la fosse des Mariannes, à 11 000 m, le point le plus profond jamais exploré. Il y a aussi l’océan Austral qui entoure l’Antarctique et qui est parcouru par le courant le plus puissant du monde, qui constitue une barrière écologique infranchissable pour de nombreux organismes. Dans ce milieu, on trouve des poissons qui secrètent des protéines antigel permettant au sang de rester liquide. De nombreuses autres particularités spécifiques de ce milieu sont décrites et illustrées, y compris avec des animaux naturalisés.
La quatrième partie, « Un océan de promesse », montre tout ce que l’on a déjà appris en étudiant ce réservoir de biodiversité extrêmement important qu’est l’océan et les perspectives qu’il offre à la science. C’est ainsi qu’à partir du venin secrété par les cônes magiciens, on a mis au point un antidouleur 1000 fois plus puissant que la morphine. Les formes de certains animaux ont également inspiré des constructions humaines comme le bâtiment londonien surnommé Gherkin (Cornichon) qui rappelle l’éponge appelée Fleur de Vénus. On découvre un grand nombre d’autres projets imaginés à partir de la baleine à bosse, du requin, de l’anguille, du corail, etc. Un espace est consacré également à la surexploitation de l’océan qui a entraîné l’effondrement des stocks d’un grand nombre de poissons et la destruction de nombreux habitats marins par les nouvelles techniques de pêche.
L’exposition se termine par les mythes engendrés par l’océan à travers trois animaux étonnants. Le premier est le calmar géant, mentionné pour la première fois en 1545, photographié en 2004 et filmé en 2012 par des chercheurs japonais. Un spécimen, pêché en 2000 et naturalisé, est exposé ici. C’est celui que l’on voit habituellement dans la Grande Galerie de l’Évolution. Le deuxième est le cœlacanthe, un fossile vivant. Les paléontologues en ont recensé 150 espèces, de toutes tailles, les plus anciens remontant à 400 millions d’années. Ce poisson très rare fait l’objet d’intenses recherches. Un spécimen de cœlacanthe, le premier observé vivant par des scientifiques, est présenté ici. Enfin, le troisième exemple est le régalec, un animal étrange qui se déplace à la verticale et peut mesurer jusqu’à 8 m de long. Il a inspiré le mythe du serpent de mer dont on voit de nombreuses illustrations à côté d’un de ces poissons originaire d’Afrique du Sud.
Cette exposition est riche en projections vidéo de toutes sortes et en dispositifs interactifs qui permettent au public de mieux comprendre la vie au sein des océans pour mieux la protéger. Elle plaira à tous les visiteurs, à partir de cinq ans. R.P. Muséum National d’Histoire Naturelle 5. Jusqu’au 5 janvier 2020. Lien : www.mnhn.fr.


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