LE NOUVEAU REALISME

Article publié dans la Lettre n° 271


LE NOUVEAU REALISME. C'est la première grande exposition sur ce mouvement phare de la scène artistique française de l'après-guerre après celle du Musée d'art moderne de la Ville de Paris en 1986. Baptisé ainsi par le critique d'art Pierre Restany qui cosigne avec huit artistes la « Déclaration constitutive du Nouveau Réalisme » le 27 octobre 1960, ce mouvement s'inscrit, de la fin des années cinquante au milieu des années soixante, dans un mouvement général de renouvellement des langages plastiques et des thèmes (Néo-Dada, Pop Art, Fluxus, groupe Zéro, etc.). Les représentants de ces derniers mouvements sont d'ailleurs présents eux aussi à coté des treize artistes « catalogués Nouveaux Réalistes », à savoir Arman, César, Christo, Deschamps, Dufrêne, Hains, Klein, Raysse, Rotella, Niki de Saint Phalle, Spoerri, Tinguely et Villeglé.
L'exposition, avec quelque 180 œuvres de toutes sortes, se focalise sur la période allant de 1958 aux années 1965-1969, période qui voit la constitution du groupe et l'expression d'actions collectives tandis qu'ensuite chaque artiste suit sa propre voie. Elle adopte un parcours à la fois thématique et historique qui permet de saisir les temps forts de l'histoire commune de ces artistes allant jusqu'à reconstituer la présentation de certains ensembles (L'Espace basculé de Spoerri) permettant de saisir les temps forts de leur histoire commune.
Après une introduction nous expliquant la genèse et les caractéristiques de ce mouvement, nous abordons l'un des premiers thèmes de ces artistes confrontés à la société de consommation naissante avec « Les affichistes - Le lyrisme à la sauvette » où l'on voit des œuvres réalisées à partir de morceaux d'affiches décollées de leurs panneaux par les artistes et des évocations de leurs expositions collectives. Vient ensuite « Le geste et l'empreinte » avec des œuvres qui instaurent un rapport nouveau au réel par la médiation de l'objet ou du corps à une époque où l'abstraction est dominante. Comme l'écrit Raymond Hains : « Klein prend le bleu, César les compressions de voitures, Arman les poubelles, Villeglé, Rotella et moi les affiches lacérées, Christo les emballages … Les artistes cessent de fabriquer de l'art pour devenir des abstractions personnifiées ».
La section suivante « Actions - Spectacles - Histoire » évoque, avec des films et des photos, les événements organisés par les artistes tels les Anthropométries de l'époque bleue de Klein où trois femmes nues, « pinceaux vivants », s'enduisent de peinture bleue et appliquent leur corps sur de grandes feuilles de papier tandis qu'un orchestre joue une « symphonie monochrome » (vingt minutes d'une seule note continue, le ré majeur, suivie de vingt minutes de silence !) devant un public fortuné. La section suivante évoque la filiation entre Marcel Duchamp et Dada et les Nouveaux Réalistes, le premier n'hésitant pas à se prêter aux « jeux » de ces derniers, tels les Méta-matics de Tinguely ou les repas piégés de Spoerri. Après une évocation de la « biennale de Paris de 1959 » où, la place étant réduite (sic), des tableaux sont accrochés au plafond, on arrive au « Nouveau Réalisme à Paris et à New York » en 1961 et à la confrontation entre les artistes américains Néo-Dadas et les Nouveaux Réalistes. Vient une section consacrée à la « destruction », posture artistique où le sens premier et nihiliste dadaïste est détourné : Colères d'Arman (voiture dynamitée), grandes et spectaculaires machines autodestructrices de Tinguely (Hommage à New York), mises en scènes devant les caméras de la télévision ou encore les tirs sur des figures-cibles de Niki de Saint Phalle.
Marqués par les découvertes de Pompéi, certains créent des œuvres qui s'apparentent à des résidus immergés d'un temps disparu ou d'une catastrophe. C'est le cas des tableaux-pièges de Spoerri tel ce Petit Déjeuner pétrifié, dressé verticalement sur le mur, ou encore de ces meubles brûlés d'Arman, de ces accumulations d'objets, etc. (Pompéi mental).
D'autres thèmes viennent ensuite : « la grammaire de l'objet », « Dylabi » où sept artistes purent créer en 1962 un « labyrinthe dynamique » dont deux salles ont été reconstituées ici avec le concours de leurs auteurs, Daniel Spoerri et Martial Raysse et « nouveaux matériaux » avec les néons de Raysse, la résine d'Arman (Poubelle organique), le polyuréthane de César (Expansion).
L'exposition se termine par « l'Hygiène de la vision » avec des représentations gigantesques d'objets ordinaires : Allumettes de Seita ou Jaffa (alias Hains), Bananes de Deschamps, Spirale de Tinguely, Nana de Niki de Saint Phalle, Pouce de César. Une exposition indispensable qui montre combien l'art évolue au fil du temps grâce à des artistes qui cherchent toujours à faire autre chose que leurs prédécesseurs. Grand Palais 8e (01.44.13.17.17) jusqu'au 2 juillet.
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