« NATURE ET IDEAL
Le paysage à Rome 1600-1650 »


Article publié exclusivement sur Internet avec la Lettre n° 326
du 2 mai 2011


NATURE ET IDEAL. Le paysage à Rome 1600-1650. Jusqu'au tout début du XVIIe siècle, le paysage n'était pas un genre en soi. Il ne servait que de fond dans les tableaux religieux ou les portraits. En 1601, le cardinal Aldobrandini, neveu du pape Clément VIII, commande à Annibal Carrache la décoration de six grandes lunettes cintrées de la voûte de la chapelle de son palais. Carrache, malade, ne terminera pas ce chantier mais aura le temps de réaliser La Fuite en Egypte, dans lequel la Sainte Famille n'occupe qu'une petite place devant un immense paysage, inspiré de la campagne romaine, bien ordonné, avec une rivière, des arbres et une ville fortifiée. Ce tableau offre ainsi la vision d'une nature idéale, représentée comme on s'imagine qu'elle devrait être. Ses disciples, L'Albane et le Dominiquin, développeront et amplifieront cet idéal classique.
Rome, la Ville éternelle, en plein développement et renouveau à cette époque, attire les peintres de toute l'Europe pour y parfaire leur formation. Le paysage, la lumière et la nature des environs de Rome offrent aux peintres un cadre idéal pour évoquer les grands thèmes sacrés. Ces peintres qui travaillent essentiellement pour les palais pontificaux ou des cardinaux, doivent introduire des sujets religieux dans leurs tableaux. Ceux-ci sont alors relégués, comme dans le tableau précurseur d'Annibal Carrache décrit ci-dessus, sur une petite surface du tableau, parfois même dans un angle comme dans Le Sacrifice d'Abraham du même Carrache, donnant ainsi la priorité au paysage.
Ce genre nouveau plaît énormément et les collectionneurs de toute l'Europe s'arrachent la production et les copies des ateliers romains, tandis que des commandes royales ou princières, comme celle du palais du Buen Retiro, à Madrid, donnent à ce nouveau genre ses lettres de noblesse.
Parmi les principaux peintres, outre ceux déjà cités, nous trouvons le flamand Paul Bril qui reste quarante ans à Rome, Adam Elsheimer, Gaspard Dughet, Van Swanevelt, Rubens, Vélasquez et surtout Claude Lorrain et Nicolas Poussin qui séjournèrent longuement à Rome tous deux à la même époque et dont nous pouvons voir pas moins de 26 tableaux !
L'exposition nous montre quelque 80 peintures, dont certaines de grandes dimensions, et une vingtaine de dessins très représentatifs de cette période, répartis en cinq sections allant d'Annibal Carrache et Paul Bril aux grands paysages de Claude Lorrain et de Nicolas Poussin en passant par l'évolution du paysage bolonais, l'évolution du paysage nordique et les débuts du Lorrain et de Poussin. Une belle illustration de cette naissance du paysage. Grand Palais 8e. Jusqu'au 6 juin 2011. Pour voir notre sélection de visuels, cliquez ici. Lien : www.rmn.fr.


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