MOI, AUGUSTE, EMPEREUR DE ROME

Article publié dans la Lettre n° 368
du 5 mai 2014

MOI, AUGUSTE, EMPEREUR DE ROME. Après Rome, qui doit tant à cet empereur, c’est au tour de Paris d’accueillir cette magistrale exposition qui rend hommage au premier empereur romain. Nous sommes encore dans la rue quand notre regard est attiré et surpris par cette nouvelle entrée du Grand Palais, en forme de monument romain en ruine ! Cette installation éphémère du plasticien Pierre Delavie nous met en condition pour voir la multitude d’œuvres rassemblées ici pour illustrer le long règne (31 av. J.-C. - 14 ap. J.-C.) de ce fils adoptif de Jules César, né en 63 av. J.-C.
A la mort de César, Octavien revendique son héritage et s’oppose notamment à Marc-Antoine, fidèle lieutenant de César, qui partageait le consulat avec celui-ci. Néanmoins, en 43, les deux hommes s’entendent pour former avec Lépide le second triumvirat. Ils se partageront ainsi le pouvoir pendant une dizaine d’années jusqu’à la bataille navale d’Actium (31 av. J.-C.) au cours de laquelle Octavien, aidé de son ami Agrippa, bat la flotte égyptienne commandée par Marc-Antoine. Octavien concentre peu à peu tous les pouvoirs, avec une certaine modestie toute républicaine mais avec beaucoup d’habileté pour parvenir à ses fins. Il sera finalement nommé empereur, en -27 av. J.-C., sous le nom d’Augustus (vénérable, consacré) et, comme César avant lui, sera déifié après sa mort, sa femme Livie devenant sa grande prêtresse avant d’être elle-même divinisée par l’empereur Claude.
La première partie de l’exposition évoque l’histoire d’Auguste avec des sculptures à son effigie, certaines inspirées de modèles antiques comme le Doryphore de Polyclète. Ces sculptures représentant l’empereur, envoyées dans l’ensemble du monde connu, contribuaient à l’unité de l’Empire et à la mise en place de la pax romana. Viennent ensuite des bas-reliefs avec des scènes de la bataille d’Actium, des monnaies et surtout un ensemble de bustes représentant les principaux protagonistes de l’époque tels Crassus, Pompée et César, qui formèrent le premier triumvirat, Marc-Antoine, Agrippa, Tibère, Livie et ses enfants, etc. Un tableau indique les filiations, nous faisant ainsi entrer dans l’intimité de ces personnages.
Justement, après une évocation des grands travaux d’Auguste qui se targuait d’avoir trouvé Rome en brique et de l’avoir rendue en marbre, nous pouvons voir une multitude d’objets de toute beauté. Ils étaient utilisés pour décorer les maisons, pour les repas ou encore pour les funérailles. Ils proviennent de différents pays d’Europe montrant ainsi l’influence de Rome sur ses colonies qui voulaient se romaniser. Parmi ceux-ci, on remarque un magnifique balsamaire en forme de colombe en verre soufflé bleu transparent, des objets en argent comme ce superbe skyphos (gobelet) à poucier provenant, avec une centaine d’autres, aujourd’hui au Louvre, du trésor de Boscoreale (près de Pompéi), un porte-lanterne avec une représentation d’Attis, un tabouret en bronze provenant d’Herculanum, un braséro aux satyres ithyphalliques, des supports de tables, des plaques en terre cuite et des fresques décorant le péristyle des maisons, etc.
Le mobilier funéraire est lui aussi très important tant en nombre qu’en variété, montrant l’importance que les romains attachaient à leurs défunts, à qui ils rendaient hommage à travers les lares qui ornaient l’autel familial. Une exposition multiforme qui comblera autant les amateurs d’art que ceux d’antiquités. Grand Palais 8e. Jusqu’au 13 juillet 2014. Pour voir notre sélection de visuels, cliquez ici. Lien : www.rmn.fr.

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