FRANZ XAVER MESSERSCHMIDT (1736-1783)

Article publié dans la Lettre n° 324
du 21 mars 2011


FRANZ XAVER MESSERSCHMIDT (1736-1783). Voici une exposition passionnante car il existe assez peu d’œuvres de ce sculpteur allemand, pourtant réputé de son vivant, mais atteint de troubles psychiques qui affectent son comportement et le feront exclure de l’Académie des beaux-arts de Vienne en 1774. Trois ans plus tard, il s’installe à Presbourg, l’actuelle Bratislava (Slovaquie) où les commandes lui assurent une certaine aisance. Son style et sa façon de présenter les portraits, en particulier ceux des intellectuels qu’il fréquente à Vienne, est unique en Europe. Avec une trentaine d’œuvres exposées, provenant du Belvédère de Vienne et de nombreuses collections publiques et privées, nous avons une bonne idée du talent de cet artiste, tant pour les portraits officiels (l’Impératrice Marie-Thérèse, 1760) que les commandes privées (Martin Georg Kovachich, 1782).
Mais ce qui est le plus intéressant dans son œuvre, est ce que l’on a appelé ses « têtes de caractère ». Il s’agit d’un ensemble exécuté de 1771 à sa mort, composé sans doute d’une soixantaine de pièces, ni datées, ni signées, réalisées en métal (alliage de plomb et d’étain) ou en albâtre, qui n’étaient pas destinées à être vendues. Son frère, qui en hérita, en vendit quelques-unes séparément puis céda un lot de 49 têtes à un cuisinier. Celles-ci sont montrées à Vienne en 1793, accompagnées d’un livret anonyme les qualifiant de « têtes de caractère » et les affublant de titres souvent grotesques (Homme souffrant de constipation, Le Bassoniste incapable, …) ou inappropriés (L’Homme qui bâille, alors que manifestement il crie, etc.), que l’on utilise encore aujourd’hui, faute de mieux !
La plupart représentent un homme grimaçant, les yeux fermés, les lèvres pincées, dans diverses attitudes, traduisant la souffrance psychiques et physique, sans doute réelle de l’artiste, comme l’expliquera l’écrivain des Lumières berlinoises Friedrich Nicolai. Des interprétations à partir de la physiognomonie et de la psychanalyse ont été faites, donnant de plus en plus d’importance à ces têtes, recherchées aujourd’hui par les musées et les collectionneurs du monde entier.
L’exposition, qui en présente 21, les a classées en cinq groupes : Autoportraits; Têtes au rictus prononcé avec des coiffures diverses; Têtes ovales et chauves; Têtes rondes au cou rentré et Têtes chauves projetées en avant, sur un buste allongé. Nous pouvons les examiner sous tous les angles et apprécier ainsi le génie de Messerschmidt dans le rendu de ces expressions étonnantes et complexes, sans équivalent à ce jour. Cette première exposition monographique en France de cet artiste peu connu est donc à voir absolument. Musée du Louvre 1er. Jusqu’au 25 avril 2011. Pour voir notre sélection de visuels, cliquez ici. Lien : www.louvre.fr.


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