MEROE
Un empire sur le Nil

MÉROE. Un empire sur le Nil. Jusqu’en 2005 le Louvre n’avait aucune tradition archéologique ou scientifique au-delà de la 1ère cataracte du Nil. Depuis, une convention a été signée avec le Soudan et des équipes françaises procèdent à des fouilles, notamment à Mouweis, un site de l’ancien empire de Méroé. C’est l’occasion de montrer au grand public, à l’aide de près de 200 pièces très bien choisies, provenant du Soudan et de grands musées internationaux, l’originalité de cet empire.
Trois grandes entités politiques se sont succédé dans l’actuel Soudan, se déplaçant progressivement vers le sud : Kerma (entre 2500 et 1500 av. notre ère), Napata (entre le VIIIe et le IVe siècle av. notre ère) et Méroé (entre le IIIe siècle av. notre ère et le IVe de notre ère). Ce dernier empire, dont la culture était influencée successivement par l’Egypte, la Grèce et Rome, s’éteint avec l’arrivée du Christianisme. Il en reste le souvenir dans l’histoire de l’Egypte, qui mentionne cette région au-delà de la 2e cataracte jusqu’au-delà de la 6e, vers les Nils bleu et blanc, sous le nom de « pays de Kouch », tandis que les historiens grecs et romains utilisent le terme d’« Ethiopie », « pays des visages brûlés », c’est-à-dire les Noirs, dénomination sans rapport avec l’actuelle Ethiopie. Etant situé entre le Nil et ses affluents le Nil bleu et l’Atbara, les anciens parlent de l’« île de Méroé » et de ses reines, les « candaces », souveraines à part entière, qui affrontèrent les romains au 1er siècle av. notre ère et se faisaient inhumer dans des pyramides, comme les pharaons de l’Ancien Empire.
Bien que succédant, plus au sud, à Napata, Méroé a multiplié les innovations. C’est ce que montre cette exposition grâce à une dizaine de panneaux didactiques très complets sur les objets de prestige, les objets quotidiens, la langue méroïtique et ses deux écritures, la royauté, le panthéon, la vigne, les fouilles du Louvre à Mouweis, le temple, le monde funéraire et la fin de Méroé. Les textes des cartels sont également très détaillés et lisibles ce qui rend cette visite très confortable.
Beaucoup d’objets sont remarquables. C’est en particulier le cas de cette Statue d’un roi archer (IIe siècle av. notre ère) en bronze stuqué et doré, exemple le plus spectaculaire de la maîtrise des métaux atteinte à Méroé, ce Gobelet à décor peint et doré, avec des scènes d’offrandes à Osiris, en verre, ce magnifique Bracelet à fermoir au décor géométrique en cloisonné, conservé à Munich, cette Stèle biface où la candace reçoit le souffle de vie de la déesse Amesemi ou encore cette Tête de Dionysos appartenant à une statue porte-flambeau, en bronze et argent. Une exposition passionnante qui complète, pendant quelques mois, les collections permanentes du Louvre sur l’ancienne Egypte. Musée du Louvre 1er. Jusqu’au 6 septembre 2010. Lien : www.louvre.fr.