MARCEL PROUST
UN ROMAN PARISIEN

Article publié dans la Lettre n°541 du 16 février 2022



 
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MARCEL PROUST. UN ROMAN PARISIEN. À l’occasion du 150e anniversaire de la naissance de Marcel Proust (1871-1922), le musée Carnavalet lui consacre une vaste exposition dans laquelle il montre les innombrables relations entre Proust, son œuvre emblématique, La Recherche, et la ville de Paris où il est né et où il est décédé. Quelque 280 œuvres (peintures, sculptures, œuvres graphiques, photographies, maquettes d’architecture, accessoires et vêtements), manuscrits et documents d’archives évoquent l’univers parisien de Marcel Proust entre réel et réinvention.
Le parcours est divisé en deux parties. La première évoque la vie de Marcel Proust, exclusivement sur la rive droite de la ville. La seconde s’intéresse au Paris fictionnel suggéré par l’écrivain en visitant les lieux qui lui ont inspiré les sept tomes d’À la recherche du temps perdu. Entre ces deux parties, la scénographe Véronique Dollfus évoque la chambre de Proust dont le musée Carnavalet détient le mobilier et divers souvenirs.
Les différentes étapes au début du parcours sont désignées par des citations de Proust. On commence ainsi par « Cet Auteuil de mon enfance », un village rattaché à Paris en 1860, puis par « L’un des quartiers les plus laids de la ville », à savoir celui de l’église de la Madeleine où ses parents s’installent en 1873. Dans ces sections et les deux suivantes, on voit les portraits de ses parents, riches bourgeois, ce qui permit à Proust de vivre grâce à leur fortune ; de Marie de Bénardaky, son amour de jeunesse « pour qui il a voulu se tuer » ; de Madeleine Lemaire qui illustra Les Plaisirs et les Jours (1896), un recueil de poésies en prose ; de Léon Daudet, qui défendit ce livre mais aussi de l’écrivain Jean Lorrain, qui le critiqua avec férocité, ce qui lui valut un duel avec son auteur, heureusement sans conséquence. On note que le témoin de Proust n’était autre que le peintre Jean Béraud dont on trouve, dans cette exposition, un grand nombre de tableaux sur la vie parisienne.
On note également des évocations de l’affaire Dreyfus (Proust, dont la mère était juive et le père catholique, était dreyfusard) et du procès intenté à Émile Zola ; un menu du restaurant Larue ; un prospectus du Ritz que l’auteur fréquentait assidûment, recueillant les confidences du maître d’hôtel sur ses hôtes prestigieux ; des tableaux évoquant le Louvre, l’Opéra, l’Alcazar, etc., des lieux où Proust aimait se rendre. Comme on le constate, les œuvres et documents pouvant illustrer la vie de Proust ne manquent pas.
Dans la chambre de celui-ci, qui vient ensuite, on découvre non seulement son lit mais aussi sa pelisse, sa canne et un morceau du liège qui recouvrait les murs de sa chambre pour le protéger du bruit et lui permettre de travailler en paix. Des films et des cartels nous expliquent ses problèmes de santé. Il souffrait d’asthme et mourut d’une bronchite mal soignée. Un manuscrit et un film nous montrent comment Proust reprenait sans cesse ce qu’il avait écrit et avait du mal à écrire le mot « fin ».
La deuxième partie suit les sept livres de La Recherche. Elle commence par situer sur un plan de Paris les adresses des principaux personnages du roman, Proust superposant au plan de la ville une topographie imaginaire. Comme le narrateur dans La Recherche, Proust et les artistes qui illustrent ces sections observent les changements urbains à l’œuvre dans les principaux lieux parisiens et l’effet destructeur du temps. Les commissaires nous proposent des tableaux et autres objets pour évoquer le « Paris dans Un amour de Swann » avec le déplacement de la vie mondaine du Faubourg Saint-Germain vers les nouveaux quartiers à la mode autour de l’Arc de triomphe. Des tableaux de la Concorde et des Champs-Élysées rappellent les aventures sensuelles du narrateur et de Gilberte, la fille de Swann. Le parcours continue ainsi en mentionnant dans les panneaux didactiques les autres tomes de La recherche : À l’ombre des jeunes filles en fleurs ; Le Côté de Guermantes ; Sodome et Gomorrhe ; La Prisonnière ; Albertine disparue et enfin Le Temps retrouvé. Une exposition très agréable à visiter et qui donne envie de relire ce que certains considèrent comme l'un des meilleurs livres de tous les temps. R.P. Musée Carnavalet. Histoire de Paris 3e. Jusqu’au 10 avril 2022. Lien : www.carnavalet.paris.fr.


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