MANTEGNA 1431-1506

Article publié dans la Lettre n° 288


MANTEGNA 1431-1506. Avec quelque 200 œuvres venues du monde entier, c’est une exposition monographique exceptionnelle qu’il nous est donnée de voir au Louvre en ce début de saison. Cette rétrospective d’un grand maître de la Renaissance italienne, dont la France possède un très grand nombre de chefs d’œuvre, retrace toute la carrière de cet artiste à travers des œuvres de techniques très diverses et nous montre l’influence qu’il eut sur ses contemporains.
Le parcours, dans une scénographie en dix parties qui le met bien en valeur, suit un axe essentiellement chronologique, scandé par les étapes-clés de l’activité de Mantegna. La première partie nous montre ses débuts à Padoue, près de Venise où exerçaient alors de grands maîtres comme le peintre Donatello (1386-1466) ou l’architecte Leon Battista Alberti, dont il reprend les principes en matière de perspective. Sa première œuvre majeure, la décoration d’une chapelle dans l’église des Eremitani, est déjà marquée par ses thèmes de prédilection : l’illusion et l’antique. Andrea Mantegna est un peintre d’histoire faisant coïncider le fait historique et la narration esthétique et il restera fidèle à ce principe durant toute sa carrière.
En 1453, Mantegna épouse la sœur de Giovanni et Gentile Bellini et se trouve ainsi rattaché au plus important atelier de peinture de Venise. Un jeu d’influence réciproque s’exerce alors entre Andrea et Giovanni, qui compliquera l’attribution de certaines de leurs œuvres !
La troisième partie est consacrée au fameux triptyque de la basilique San Zeno de Vérone. Les grands panneaux supérieurs du retable représentant la Vierge et l’Enfant entre les saints sont toujours à Vérone. En revanche les trois petits panneaux de la prédelle, dont celui du centre est conservé au Louvre et les deux latéraux au musée des Beaux-Arts de Tours, ont été réunis. Le soin apporté par Mantegna à la réalisation de ces tableaux, qui fourmillent de détails, traduit l’admiration de celui-ci pour les peintres flamands. A partir de 1460, Mantegna devient l’artiste officiel de la dynastie des Gonzague à Mantoue, petite ville à l’ouest de Padoue, et n’a plus le droit de vendre ses œuvres. Parmi ses grands chantiers on trouve la décoration de la chapelle du Castello di San Giorgio, dont on retrouve des éléments de son décor dans certains de ses tableaux comme La Mort de la Vierge du musée du Prado et surtout la Chambre des époux, un exceptionnel ensemble de fresques présentant un défilé des membres de la famille Gonzague, sur fond de paysage en trompe-l’œil, où l’artiste porte à son sommet le pouvoir illusionniste de la peinture. La cinquième partie est consacrée au Saint Sébastien provenant d’Aigueperse, en Auvergne, grande toile dans laquelle Mantegna a mis tout ce qui le caractérise : ruines antiques, perspective, trompe l’œil, minutie du détail, pathétisme du personnage …
Mantegna devait également fournir des modèles pour différents types d’objets. On voit ainsi des dessins et surtout des gravures dont la technique apparaît à son époque et qui contribue à sa renommée. Après la septième partie consacrée à la Madone de la Victoire, représentée non devant l’abside d’une église mais devant une pergola à claire-voie qui laisse transparaître le ciel, l’exposition reconstitue le studiolo d’Isabelle d’Este (1491-1502), qui commanda à Mantegna, Corrège et Lorenzo Costa, des tableaux à sujets moralisant comme Minerve chassant les vices du jardin de la Vertu. On arrive ensuite aux Triomphes de César, ensemble monumental de neuf peintures de grande taille, représentant la restitution d’un évènement marquant de l’Antiquité romaine, conservé à la Cour d’Angleterre depuis 1631. C’est la première fois qu’une de ces neuf toiles quitte ce pays. La dixième et dernière partie de l’exposition est une évocation de l’héritage de Mantegna, considéré en 1499 par le cardinal Georges d’Amboise comme le « premier peintre du monde », toujours admiré au cours des siècles suivants. Musée du Louvre 1er. Jusqu’au 5 janvier 2009. Pour voir notre sélection de visuels, cliquez ici. Lien : www.louvre.fr.


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