MAGRITTE / RENOIR
Le surréalisme en plein soleil

Article publié dans la Lettre n°526 du 23 juin 2021



 
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MAGRITTE / RENOIR. Le surréalisme en plein soleil. Le Musée de l’Orangerie consacre cette exposition à une période peu connue de René Magritte, qu’il nomme tour à tour sa «  Période Renoir », son « art solaire » ou encore son « surréalisme en plein soleil ». C’est une sorte de parenthèse commencée avec la défaite de la France en 1940 et l’envahissement de la Belgique le 10 mai par les troupes allemandes, et qui se termine en juin 1948 avec le nouveau style de Magritte, qu’il qualifie de « fauve » puis de « vache », consacrant sa rupture avec les surréalistes.
Le parcours commence avec une affiche de Magritte pour le Comité de vigilance des intellectuels antifascistes Le vrai visage de Rex », 1937) et un inquiétant tableau de 1938, Le Présent. Compte tenu de son activisme, Magritte se réfugie à Carcassonne, sans Georgette, sa femme, qui n’a pas voulu le suivre. Ayant le mal du pays, il revient début août en Belgique et se réconcilie avec son épouse. Son tableau Le Retour (1940), un oiseau qui revient sur son nid, en est la parfaite illustration, tout comme ceux qu’il peindra plus tard, tels Le Retour de flamme (1943) ou La Voie Royale (1944).
En février 1943, après la défaite des troupes allemandes à Stalingrad, l’espoir renaît. Magritte, qui s’est procuré des ouvrages récents sur Renoir, prend exemple sur le maître impressionniste tant pour ses sujets, les nus ou les fleurs, que pour la facture et les couleurs audacieuses de ses tableaux. Ce faisant, il contredit les valeurs du surréalisme marqué par « le désarroi », « la panique » et « une atmosphère pessimiste », comme il l’écrit à André Breton. Les rapprochements entre les tableaux de Renoir et ceux de Magritte sont saisissants. Même type de bouquets de fleurs, de toutes sortes, mais sur un seul pied pour Magritte (La Préméditation, 1943), même nu allongé sur un canapé (L'Univers interdit, 1943). Une quinzaine de tableaux illustrent cette période de « surréalisme en plein soleil », du nom du Manifeste que Magritte tenta de faire adopter par ses anciens amis. Ils illustrent la quête du bonheur de l’artiste, « les choses charmantes, les femmes, les fleurs, les oiseaux, les arbres… », tout en gardant des traits surréalistes.
Magritte réalise quelque 70 tableaux durant cette période et un très grand nombre d’œuvres graphiques. Une vingtaine sont exposées, depuis ses chats (Raminagrobis, 1946 ; La Vocation), sa Confiture de cheval (1945), ses pipes qui n’en sont pas (L’Air et la chanson, 1962), jusqu’à ses dessins érotiques comme les six illustrations pour la nouvelle érotique de Georges Bataille, Madame Edwarda, publiée anonymement en 1941.
Le parcours se termine avec des œuvres de la période « vache », des tableaux outranciers et carnavalesques qu’il réalise en peu de temps, en 1948, pour solder ses comptes avec les surréalistes parisiens qui avait désavoué son Manifeste. À la manière de Daumier, qui avait caricaturé Louis-Philippe en poire, Magritte, dans Le Lyrisme (1947), semble à son tour se moquer d’André Breton.
Didier Ottinger, commissaire de cette exposition, a ajouté deux tableaux de Francis Picabia. Ils évoquent l’enthousiasme de Magritte lorsqu’il découvrit après la Libération les tableaux peints par Picabia durant la guerre, tableaux qui lui rappelaient les siens. Une exposition charmante, colorée et très utile. R.P. Musée de l’Orangerie 1er. Jusqu’au 19 juillet 2021. Lien : www.musee-orangerie.fr.


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