LOUIS-PHILIPPE ET VERSAILLES

Article publié dans la Lettre n° 469
du 26 décembre 2018


 
Pour voir le parcours en images de l'exposition, cliquez ici.

LOUIS-PHILIPPE ET VERSAILLES. Cette exposition est exceptionnelle à plus d’un titre. Tout d’abord c’est la première exposition d’ampleur consacrée à Louis-Philippe dans le château de Versailles. Ensuite elle se tient dans la quasi-totalité du château, y compris dans des salles qui n’étaient pas ouvertes au public jusqu’alors. Enfin elle est consacrée à ce musée dédié « à toutes les gloires de la France » qu’avait voulu Louis-Philippe pour réconcilier les français et inscrire son règne dans l’histoire nationale.
Louis-Philippe (1773-1850) est le fils de Louis-Philippe-Joseph, devenu Philippe-Égalité. Ce dernier, en sa qualité de député de Paris, vote la mort de Louis XVI en 1792, ce qui ne l’empêche pas d’être exécuté à son tour en 1793. Entre temps Louis-Philippe, qui avait participé à la bataille de Valmy et à celle de Jemmapes, part pour la Suisse, puis voyage en Allemagne, en Scandinavie - jusqu’au Cap Nord -, en Amérique, à La Havane, aux îles Bahamas et s’installe finalement à Falmouth en Cornouailles. Peu à peu on lui restitue diverses résidences, dont le Palais-Royal où il s’installe en 1814 avec la princesse Marie-Amélie de Bourbon-Sicile, qu’il avait épousée en 1809 et dont il aura dix enfants. En 1824 il organise une exposition de peinture dans les salons du Palais-Royal. C’est finalement en 1830 qu’il accepte de devenir lieutenant général du royaume puis roi des Français. L’année suivante il s’installe au Palais des Tuileries et entreprend son grand projet consistant à faire du château de Versailles le musée que l’on connaît aujourd’hui. Il ne ménage pas sa peine et effectue 398 visites à Versailles de 1833 à 1847. L’inauguration a lieu le 10 juin 1837 tandis que se poursuivent les travaux dans l’aile du Nord. En 1848 il est contraint d’abdiquer et se retire en Angleterre, au château de Claremond (Surrey) où il meurt en 1850.
L’éducation et le parcours de Louis-Philippe expliquent cette volonté de faire du château de Versailles, pratiquement à l’abandon depuis Napoléon, un grand musée. Pour cela il fait appel à l’architecte Frédéric Nepveu et à une multitude de peintres et de sculpteurs, y compris parmi les plus grands de son époque, comme Horace Vernet, François Gérard, Ary Scheffer, Henri Scheffer, Eugène Delacroix, etc. Il regroupe également la plupart des tableaux commandés par Napoléon pour servir sa propre gloire. C’est finalement près de 6 000 tableaux et 2 000 sculptures qui sont proposés au public.
Le parcours de la présente exposition est assez complexe puisqu’il faut circuler dans tout le château. Il commence au rez-de-jardin de l’aile du Nord par la visite des salles des Croisades avec leurs magnifiques plafonds à caissons. Ensuite on visite l’Opéra royal où l’on peut voir, mais seulement durant le premier mois de l’exposition, restauré et remis en place, un décor représentant un Palais de marbre rehaussé d’or, réalisé en 1837 pour le spectacle donné à Versailles pour l’inauguration des Galeries Historiques. Un autre décor de théâtre, représentant un palais gothique, est également visible sur la scène du Théâtre de la Reine de Trianon.
On gagne maintenant le premier étage pour la visite de l’exposition proprement dite et des salles d’Afrique et de Crimée. Parmi les objets exposés, on remarque des maquettes d’ateliers (1783) commandées par Mme de Genlis, préceptrice des princes, pour leur faire comprendre les métiers techniques ; quelques tableaux de la collection de Louis-Philippe ; des tableaux parfois spectaculaires le représentant durant ses périples en Scandinavie et en Amérique ; un grand nombre de portraits de sa famille dont plusieurs de la main de Winterhalter ; des objets décoratifs comme cette magnifique coupe sur laquelle sont représentés les membres de la famille royale ; des plans pour les travaux ou les projets de transformation du château ; etc. On termine par les trois immenses salles d’Afrique - Constantine, Smala et Maroc - où Horace Vernet décrit en neuf grands tableaux la conquête de l’Algérie. Lors des expositions habituelles, les murs de ces salles sont masqués par les dispositifs scénographiques.
On part ensuite, à travers le corps central du château (le Grand Appartement), jusqu’au Grand Cabinet de Madame de Maintenon et à la Salle du Sacre, qui vient d’être restaurée. Cette ancienne salle des gardes a été transformée par Louis-Philippe pour glorifier Napoléon Ier et abriter l’œuvre monumentale du peintre David.
En passant par la Salle de 1792, où deux tableaux représentent les batailles de Valmy et de Jemmapes auxquelles participèrent Louis-Philippe et son frère cadet, et par l’escalier des princes on arrive, dans l’aile du Midi, à la galerie des Batailles. Celle-ci, longue de plus de 100 mètres et large de douze, conçue pour rivaliser avec la galerie des Glaces, a été entièrement construite sous Louis-Philippe. Sa structure est en fer ce qui a permis de mettre en place, comme au Louvre, un éclairage zénithal pour les 33 tableaux de batailles célèbres et les 85 bustes de militaires français morts au combat. Les tableaux, dont la plupart sont des commandes du roi, racontent l’épopée militaire de la France, depuis Tolbiac en 496 jusqu’à Wagram en 1809. Aucun régime n’est oublié, y compris la Révolution.
Nous reprenons maintenant l’escalier des Princes pour regagner le rez-de-jardin et la galerie de pierre, actuellement en restauration, conçue par Louis-Philippe pour recevoir un ensemble de quatre-vingts sculptures illustrant l’histoire politique, militaire et institutionnelle des trois derniers siècles de l’Ancien Régime. Cette galerie donne accès à la salle de 1830, où un grand tableau représente le Roi prêtant serment de maintenir la Charte, le 9 août 1830, et aux salles du Consulat et de l’Empire. Il s’agit d’une enfilade de treize salles situées sous la galerie des Batailles et c’est l’un des premiers aménagements entrepris par Louis-Philippe à Versailles. Les nombreuses peintures ont presque toutes été commandées par Napoléon lui-même et sont encastrées dans un riche décor de boiseries et de toiles peintes qui entend créer une ambiance historique « d’époque ». Enfin, s’il vous reste du temps, vous pouvez vous rendre à Trianon pour voir le décor du Théâtre de la Reine mentionné plus haut. Même si la plupart des salles seront toujours visibles après cette exposition, il serait vraiment dommage de ne pas visiter cette exposition hors du commun. R.P. Château de Versailles (78). Jusqu’au 3 février 2019. Lien : www.chateauversailles.fr.


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