Parcours en images de l'exposition

LOUIS-PHILIPPE ET VERSAILLES

2 - L'EXPOSITION

avec des visuels mis à la disposition de la presse,
d'autres glanés sur le Web
et nos propres prises de vue


Parcours accompagnant l'article publié dans la Lettre n°469 du 26 décembre 2018


Entrée de l'exposition et
Salle 1 : Louis-Philippe héritier de l'ancien régime ?
Horace Vernet. Le roi Louis-Philippe entouré de ses cinq fils sortant par la grille d'honneur du château de Versailles
après avoir passé une revue militaire dans les cours, 10 juin1837,
1846.
© Château de Versailles.
Louis-Philippe et Versailles

En 1830, Louis-Philippe devint roi des Français. Dès le début de son règne, il réunit Versailles au domaine de la Couronne et décida de transformer le château pour l’ouvrir à tous. Il avait compris que le Versailles de Louis XIV était un mythe qui ne pouvait être conservé qu’en devenant un musée consacré « à toutes les gloires de la France », comme l’indique encore l’inscription aux frontons des pavillons. Le roi apparaît à cheval avec ses fils devant la grille du château de Versailles, le jour de l’inauguration des premiers aménagements, le 10 juin 1837.

Travailleur acharné, le roi suivit les travaux de son architecte Frédéric Nepveu pendant quinze ans, jusqu’en 1847. Autour de la résidence royale, au coeur du palais, dans les ailes du Nord et du Midi, des travaux ont fait naître des Galeries Historiques consacrées aux batailles du Moyen Âge, aux croisades, aux guerres de la Révolution et de l’Empire, à la conquête de l’Algérie. Des milliers de peintures ont été encastrées dans des boiseries. Les oeuvres commandées sous la monarchie de Juillet répondent aux critères attendus d’un art officiel et l’exposition met en évidence les ressorts de cette propagande : comment l’histoire de France a-t-elle été écrite, à quelles fins ? Louis-Philippe montra son goût pour l’éclectisme et les différents courants artistiques qu’il avait introduits dans ses demeures privées.

Mille récits dessinent une histoire, car au lieu de nier le passé, Louis-Philippe favorisa le dialogue : le nouveau Versailles répond à celui de Louis XIV, opposant la galerie des Batailles à la galerie des Glaces et rivalisant dans la somptuosité et la richesse décorative. Passionné par toutes les nouveautés techniques, le roi n’a pas hésité à introduire des structures métalliques dans la galerie des Batailles ou les salles d’Afrique afin d’éclairer ces immenses galeries par des verrières zénithales.

Éclectique, complexe, arbitraire dans ses partis pris, le Versailles de Louis-Philippe est celui que nous connaissons aujourd’hui.


 
Texte du panneau didactique
 
Elisabeth-Louise Vigée Le Brun (1755-1842). Portrait de Louise Marie Adélaïde de Bourbon-Penthièvre, duchesse d'Orléans. Salon de 1789. Huile sur bois. Paris, Banque de France.
Louis-Philippe, héritier de l’Ancien régime ?

Louis-Philippe naquit au Palais-Royal, au coeur de Paris, le 6 octobre 1773. Par son père, Louis-Philippe-Joseph, il appartenait à la famille d’Orléans qui descendait de Philippe, frère cadet de Louis XIV. Par sa mère, Louise Adélaïde de Bourbon-Penthièvre, il était l’arrièrepetit-fils du comte de Toulouse, fils de Louis XIV et d’Athénaïs de Montespan.

Son père, Louis-Philippe-Joseph, n’était pas un familier de la cour de Louis XVI à Versailles. À Paris, dans sa résidence du Palais-Royal, la famille d’Orléans accueillait les idées des Lumières et de la Révolution alors en vogue. Louis-Philippe naquit pourtant dans un cadre princier, que Nicolas Bernard Lépicié a représenté dans une scène intime. L’artiste a même réalisé un dessin préparatoire pour transcrire fidèlement les traits du nourrisson.

Cousins de Louis XVI et de ses frères le comte de Provence et le comte d’Artois, les parents de Louis-Philippe furent pourtant représentés avec magnificence : portant l’habit de l’ordre du Saint-Esprit, Louis-Philippe-Joseph est magnifié par François Callet, dans tout l’éclat d’un prince de sang. Louise Adélaïde, sa mère, a choisi Élisabeth Vigée Le Brun, une artiste à la mode, très appréciée de Marie-Antoinette. Son portrait met en valeur son charme et son élégance raffinée.

Quarante ans plus tard, dans ses portraits privés comme dans ceux destinés au château de Versailles, Louis-Philippe sut lui aussi équilibrer le faste des représentations par une noble simplicité.

 
Texte du panneau didactique
 
Nicolas Bernard Lépicié (1735-1784). Louis-Philippe, duc de Valois, au berceau. Salon de 1775. Huile sur bois. Château de Versailles.
2 - La jeunesse de Louis-Philippe
Scénographie
La jeunesse de Louis-Philippe

De 1782 à 1789, l’éducation de Louis-Philippe fut confiée à Stéphanie-Félicité de Genlis, acquise aux idées de Jean-Jacques Rousseau. Comme ses cousins, les enfants de Louis XVI et de Marie-Antoinette, Louis-Philippe apprit l’histoire, la géographie, les langues variées, l’algèbre, les sciences naturelles et la botanique. L’apprentissage suivait un emploi du temps strict, avec une austérité particulière, afin d’éloigner le jeune prince du luxe et de l’oisiveté. L’enseignement était autant pratique qu’intellectuel. Outre les maquettes présentant des travaux manuels, Madame de Genlis visita les principales collections de peinture de la capitale, ainsi que l’atelier de Jacques Louis David qui venait d’achever Pâris et Hélène pour le comte d’Artois. Elle inclua aussi dans on éducation, l'exercice physique.

Louis-Philippe venait peu à Versailles. Il fut baptisé dans la chapelle royale du château le 12 mai 1788. Le 5 mai 1789, il assista à l’ouverture des États Généraux près de la famille royale, tandis que son père siégeait avec les députés. Bientôt appelé Philippe-Égalité, le duc d’Orléans était favorable à la Révolution, il vota même la mort de Louis XVI. Louis-Philippe, alors duc de Chartres, prêta le serment civique en février 1790 avant d’entrer au club des Jacobins en novembre. Il décida de prendre le commandement de son régiment à Vendôme en juin 1791 puis, accompagné par son jeune frère Montpensier, il rejoignit l’armée du nord et participa aux batailles de Valmy et de Jemmapes. En mars 1793, la trahison de Dumouriez l’obligea à quitter la France. Il resta plus de vingt ans en exil, parcourant l’Europe et l’Amérique du Nord sous divers noms d’emprunt.

L’exil a tout changé : après l’exécution de son père en 1793, Louis-Philippe, devenu duc d’Orléans, acquit une grande clairvoyance politique, sachant analyser les divers régimes européens et les forces en présence.

De retour en France sous la Restauration, il passa des commandes à Horace Vernet, d’abord quelques portraits qui mettaient en scène son exil en Suisse, puis les batailles qui rappelaient son engagement patriotique et révolutionnaire à Valmy et à Jemmapes. L’artiste proposa de compléter ces sujets par deux batailles de la fin de l’Empire, Hanau et Montmirail, auxquelles le duc d’Orléans ne prit pas part. Au Palais-Royal, cette série était exposée dans l’un des salons d’apparat. Devenu roi, Louis-Philippe fit réaliser quatre copies pour le château de Versailles : deux sont toujours en place dans la salle de 1792.


 
Texte du panneau didactique
 
Horace Vernet (1789-1863). Louis-Philippe, duc d'Orléans, dans un paysage suisse, 1817. Huile sur toile. Château de Versailles. © Château de Versailles.
 
François-Étienne Calla (1760/1762-1836). Maquette d'un atelier de fabrication de l'eau-forte, 1783. Bois, alliage ferreux et terre cuite. Paris, musée des Arts et Métiers.
 
François-Étienne Calla (1760/1762-1836). Maquette d'un atelier de menuiserie, 1783. Bois et alliage ferreux. Paris, musée des Arts et Métiers.
 
Charles Hippolyte Lecomte-Vernet (1821-1900), d'après Horace Vernet (1789-1863). Le Duc de Chartres sauve de la noyade l'ingénieur Siret à Vendôme, le 3 août 1791. Huile sur toile. Château de Versailles.
 
Horace Vernet (1789-1863). La Bataille de Valmy, le 20 septembre 1792, 1826. Huile sur toile. Londres, The National Gallery.
3 - a - L'Exil de Louis-Philippe
Scénographie
L’exil de Louis-Philippe

En 1795, Louis-Philippe parcourut la Scandinavie jusqu’au cap Nord. Dans la suite des épisodes de l’exil mis en scène, il commanda deux tableaux à Auguste Biard pour le Palais-Royal : Le Duc d’Orléans reçu dans un campement de Lapons et Le Duc d’Orléans descend le grand rapide de l’Eijampaïka. L’artiste n’a pas cherché le réalisme scientifique, il préféra le pittoresque et le dépaysement, l’isolement arctique, l’impuissance devant les éléments dans un esprit proche de la scène de genre : d’un côté, la nature déploie ses fureurs ; de l’autre, le duc d’Orléans reste imperturbable au milieu des rapides.

Louis-Philippe eut une nouvelle opportunité d’acquérir des oeuvres rappelant son périple septentrional : en 1846, un peintre danois, Peder Balke, le sollicita pour lui montrer des paysages nordiques. Louis-Philippe lui commanda deux tableaux, dont la Vue du cap Nord, où il est représenté avec ses compagnons de voyage.

Le Directoire fit pression pour que Louis-Philippe parte en Amérique du Nord avec ses frères Montpensier et Beaujolais. Ils se retrouvèrent à Philadelphie en février 1797 et parcoururent les territoires de l’Est des États-Unis. La simplicité du duc d’Orléans fut appréciée outre-Atlantique, surtout quand il remplaça l’épée des nobles par un parapluie !

Durant son exil, le 26 novembre 1809, Louis-Philippe épousa Marie-Amélie de Bourbon-Siciles à Palerme. Elle était la fille de Marie-Caroline, une soeur de Marie-Antoinette, et de Ferdinand IV, roi de Naples. Les époux avaient un point commun : tous deux étaient contraints à l’exil.

 

Antoine Philippe, duc de Montpensier (1775-1807). Vue des chutes du Niagara, 1804. Huile sur toile. New York, Historical Society, Luce Center.

Texte du panneau didactique
 
Peter Balke (1804-1887). Vue du cap Nord, 1847. Commandé par Louis-Philippe en 1847. Huile sur carton. Paris, musée du Louvre.
François Auguste Biard (1798-1882). Le Duc d'Orléans descend le grand rapide de l'Eijampaïka sur le fleuve Muonio en Laponie en août 1795. Salon de 1841. Commandé par Louis-Philippe en 1840. Château de Versailles. © Château de Versailles.
3 - b - La collection de Louis-Philippe
Scénographie. © Château de Versailles.
La collection de Louis-Philippe

À partir de 1817, Louis-Philippe, duc d’Orléans, constitua une collection conforme à son rang, véritable démonstration de richesse et de puissance qui participait à l’apparat d’une maison princière. Contrairement à ses ancêtres, il se détourna de la peinture ancienne et privilégia l’art contemporain.

Après une première prédilection pour l’école lyonnaise, il conserva le goût des scènes minutieusement peintes, par Étienne Bouhot ou Martin Drolling. Bientôt, il rechercha des scènes de genres réalisés par de jeunes artistes : Victor Schnetz, Auguste Couder. Les sujets simples et pittoresques rapportés par les peintres après un séjour italien étaient nombreux. Mais les sujets historiques se rapportant à sa propre histoire ont eu sa préférence, en particulier ceux d’Horace Vernet. Le duc d’Orléans acheta tous les genres. Ses choix qui suivaient les modes, y compris dans leur éclectisme, font comprendre le positionnement des artistes au moment où Louis XVIII ouvrait le musée du Luxembourg, galerie des artistes vivants.

À partir de 1824, la collection prit un tournant plus novateur : de nouveaux noms sont apparus, comme Eugène Delacroix ou Ary Scheffer, professeur de dessin des enfants d'Orléans. Louis-Philippe saisit l’opportunité des ventes après décès de Géricault et de Girodet pour acquérir des oeuvres majeures. Il se tourna vers le genre du paysage et fut un des premiers à s’intéresserà Bonington et à Michalon.

Si la collection de Louis-Philippe exposée au Palais-Royal affichait sous la Restauration un réel contre pouvoir artistique, comment considérer celle de Versailles ? Car les artistes sollicités dans les années 1820 par le duc d’Orléans l’ont été quinze ans plus tard par le roi pour les Galeries Historiques. Les choix iconographiques et artistiques permettent de comprendre le goût de Louis-Philippe, ainsi que les solutions de continuité et les ruptures, puisque l’éclectisme a servi de fil conducteur éminemment politique à l’aménagement de Versailles.


 
Texte du panneau didactique
 
Victor Schnetz (1787-1870). Un pâtre dans la campagne de Rome. Salon de 1824. Huile sur toile. Collection de Louis Philippe. Luxembourg, musée d'Art, Villa Vauban.
 
Anne Louis Girodet de Roussy-Trioson (1767-1824). Atala, étude pour la tête, vers 1808. Huile sur toile. Collection de Louis-Philippe. Châtenay-Malabry, Maison de Chateaubriand.
 
Horace Vernet (1789-1863). Le Duc d'Orléans quitte le Palais-Royal pour l'Hôtel de Ville, le 31 juillet 1830. Salon de 1833. Huile sur toile. Collection de Louis-Philippe. Château de Versailles.
 
Louis Charles Auguste Couder (1789-1873). La Mort de Masaccio, Salon de 1817. Huile sur toile. Collection de Louis-Philippe. Grenoble, musée.
 
Théodore Géricault (1791-1824). Esquisse pour le portrait équestre de M.D. (Officier de chasseurs à cheval chargeant), 1812. Huile sur toile. Paris, musée du Louvre.
 
Eugène Delacroix (1798-1863). Esquisse pour Le Cardinal de Richelieu dans sa chapelle du Palais-Royal, 1828. Huile sur toile. Paris, musée Eugène Delacroix.
 
François Dubois (1790-1871). Érection de l'obélisque de Louxor sur la place de la Concorde, le 25 octobre 1836, Salon de 1837. Huile sur toile. Collection de Louis-Philippe. Paris, musée Carnavalet.
4 - Portraits et représentations
Scénographie
Portraits et représentation

Jusqu’en 1830, le duc d’Orléans s’est mis en scène, héros de son histoire inscrite dans l’histoire nationale. S’il ignora l’imagination, la poésie et détestait les romans, il comprit qu’il devait contrôler son image et celle de sa famille.

Les principaux artistes furent François Gérard, Ary Scheffer, puis Franz Xaver Winterhalter. Rompus aux règles du portrait de cour, ils proposaient à la fois une vision dynastique et une conception progressiste de la famille.

Les portraits en pied étaient présentés en boiseries, dominant parfois de petites scènes de genre, selon une organisation hiératique démodée. La juxtaposition des portraits s’inspirait des galeries d’illustres personnages du XVIIe siècle. C’est ainsi qu’au château d’Eu, Louis-Philippe avait créé une galerie Victoria. Cette présentation particulière inspira, plus tard, celle des portraits dans les Galeries Historiques de Versailles. Quant aux représentations des mariages des enfants d’Orléans sous la monarchie de Juillet, commandées pour le château de Versailles, elles faisaient partie de l’histoire du temps présent incorporée à la longue histoire de France.

Les costumes, qui sont toujours de la dernière mode, sont souvent traités comme des morceaux de bravoure. Ainsi le buste de Marie-Amélie par Antonin Moine échafaude une construction ostentatoire de dentelles et de rubans, à peine animée par un châle négligemment noué.
 
Texte du panneau didactique
 
Franz Xaver Winterhalter (1805-1873). Louis-Charles-Philippe, duc de Nemours, Salon de 1844. Huile sur toile. Château de Versailles.
 
Coupe de la Famille royale, 1836-1837. © Château de Versailles.
 
Félix Philippoteaux (1815-1884). Le Mariage du duc de Nemours avec Victoire de Saxe-Cobourg dans la chapelle du château de Saint-Cloud, le 27 avril 1840, 1847-1848. Huile sur toile. Château de Versailles.
 
Coupe de la Famille royale, détail, 1836-1837. © Château de Versailles.
 
François Gérard (1770-1837). Portrait de Marie-Amélie, duchesse d'Orléans, et de son fils Ferdinand-Philippe, duc de Chartres, Salon de 1819. Huile sur toile. Naples, Museo e real Bosco di Capidimonte.
 
Franz Xaver Winterhalter (1805-1873). Portrait de Marie-Amélie, Salon de 1842. Huile sur toile. Château de Versailles..
 
Antonin Moine (1796-1849). Marie-Amélie, Salon de 1833. Marbre. Paris, musée Carnavalet.
 
Franz Xaver Winterhalter (1805-1873). Portrait d'Hélène Louise de Mecklembourg-Schwerin, duchesse d'Orléans, Salon de 1839. Huile sur toile. Château de Versailles.
 
Franz Xaver Winterhalter (1805-1873). Portrait d'Eugénie Adélaïde Louise d'Orléans, dite Madame Adélaïde, Salon de 1842. Huile sur toile. Château de Versailles..
5 - L'entente cordiale au château d'Eu
Scénographie
L’entente cordiale au château d’Eu

L’exil de Louis-Philippe en Angleterre de 1800 à 1809, puis de 1815 à 1817, démontre son anglophilie. Les liens de la France avec la Grande-Bretagne ont été renforcés, plus tard, avec l’avènement de la reine Victoria en 1837. En signe de rapprochement, Victoria, qui avait commandé son portrait officiel à Winterhalter, en adressa une version à Louis-Philippe pour le château de Versailles.

Dès lors, les deux souverains ont travaillé à établir une entente cordiale. En 1843, Victoria se rendit en France, au château d’Eu, résidence du duc de Bourbon-Penthièvre dont Louis-Philippe hérita en 1821. La souveraine britannique invita l’année suivante le roi français au château de Windsor et revint à Eu en septembre 1845, comme le montre l’exceptionnel tableau de Winterhalter.

Louis-Philippe commanda de nombreuses oeuvres pour commémorer ces trois voyages. Il adressa des aquarelles à la reine Victoria qui collectionnait les souvenirs de ces déplacements dans de grands albums et il conserva la plupart des tableaux désormais conservés au château de Versailles.
 
Texte du panneau didactique
 
Franz Xaver Winterhalter (1805-1873). Louis-Philippe recevant la Reine Victoria et le prince Albert au château d'Eu le 8 septembre 1845, 1845. Huile sur toile, 220 x 178 cm. Château de Windsor, Windsor, Grande-Bretagne. © Château de Versailles.
Eugène Lami (1800-1890). Concert donné par les chanteurs de l'Opéra-Comique offert à la reine Victoria dans la galerie des Guise au château d'Eu, 1844-1848. Huile sur toile. Commandé par Louis-Philippe pour le château d'Eu. Château de Versailles. © Château de Versailles.
 
Joseph Mallord William Turner (1775-1851). Le Débarquement de Louis-Philippe sur les quais du Royal Clarence Yard à Gosport, le 8 octobre 1844, vers 1844-1845. Huile sur toile. Londres, The Tate Gallery.
 
Édouard Pingret (1788-1875). L'Arrivée de Louis-Philippe au château de Windsor, 1845. Huile sur toile. Château de Versailles.
6 - Le goût de Louis-Philippe
Scénographie
Le goût de Louis-Philippe

Chez lui, dans ses demeures privées, puis dans les palais de la Couronne comme au château de Versailles, Louis-Philippe ne cessa de marquer son intérêt pour l’éclectisme. Au Palais-Royal, il afficha un goût princier pour les intérieurs luxueux, les draperies opulentes, les meubles en acajou soulignés par des bronzes dorés. Au château d’Eu, sa résidence d’été, Louis-Philippe choisit de présenter les oeuvres dans des boiseries, alors que des commodités pratiques faisaient leur apparition. La simplicité prima à Neuilly, véritable maison de campagne, comme à Randan, résidence qu’Adélaïde d’Orléans acheta en Auvergne.

Dans les demeures royales, les Tuileries, Compiègne, Saint-Cloud, Pau ou Fontainebleau, des aménagements furent confiés à l’architecte Pierre François Léonard Fontaine dans un esprit classique. Le mode de vie familial imposa de nouvelles distributions dans les appartements, les soirées se déroulant généralement dans un salon de famille meublé d’imposantes tables rondes à tiroirs permettant de ranger les ouvrages de broderie et les livres. L’éclairage à l’huile introduisit un véritable bouleversement.

Les intérieurs furent remplis de meubles et d’objets à la mode, acquis par Louis-Philippe aux expositions des produits de l’industrie de 1834, 1839 et 1844. Le roi pratiqua une véritable politique d’encouragement aux arts utiles, commandant en particulier des meubles de style néo-Renaissance ou néo-Louis XIV, ainsi que des pièces exceptionnelles à la manufacture de Sèvres.
 
Texte du panneau didactique
 
Vase
 
Guillaume Grohé (1808-1885) et Jean-Michel Grohé (1804-après 1861). Étagère tournante, 1844. Poirier noirci et bronze. Osborne House, The Royal Collection. © Château de Versailles.
 
Vue du château de Pau, 1843. © Château de Versailles.
 
Manufacture de Sèvres. Hyacinthe-Jean Régnier (1803-1870) et Pierre Huart (1783-1847). Déjeuner chinois réticulé, 1832-1838. Porcelaine dure et bronze doré. Paris, Musée du Louvre. © Château de Versailles.
 
Edme-Pierre Balzac (1705-1786), Robert-Joseph Auguste (1723-1805) et Charles-Nicolas Odiot (1789-1868). Pot à oille, 1758-1826. Argent. Service Penthièvre-Orléans. Paris, musée du Louvre. © Château de Versailles.
 
- École française, XIXe siècle. Louis-Philippe et sa famille, vers 1832. Huile sur toile. Château de Versailles.
- Georges-Alphonse Jacob-Desmalter (1799-1870). Armoire du salon des concerts au château des Tuileries, 1834. Ébène, écaille rouge et laiton.
Paris, Mobilier national en dépôt au miusée du Louvre.
 
Franz Xaver Winterhalter (1805-1873). Portrait de la reine Victoria, 1842. Huile sur toile. Commandé en 1842 par la reine Victoria pour le château de Versailles. Château de Versailles. © Château de Versailles.
7 - Versailles ancien et moderne
Scénographie
Versailles ancien et moderne

Palais de la Couronne transformé en musée ouvertà tous, le château de Versailles surmonté d’un drapeau tricolore, conserva la structure centrale de la résidence royale, encadrée par les ailes du Nord et du Midi, aménagées en Galeries Historiques.

De 1833 à 1847, l’architecte Frédéric Nepveu fut le maître d’oeuvre des travaux. Les grandes coupes montrent les aménagements dans l’ancienne résidence des souverains, qui comprenait les Grands Appartements du roi et de la reine, séparés par la galerie des Glaces. Espaces d’apparat conservant leur appellation d’origine, ils adhéraient magistralement au programme du nouveau musée. Louis-Philippe y opéra un remeublement partiel. Surtout, il y exposa des tableaux d’histoire présentés dans un panneautage lambrissé, généralement peint en blanc rehaussé d’or. L’accrochage, était à la fois, dense et symétrique.

Louis-Philippe sut aménager les appartements royaux pour la visite. Le public pouvait admirer le cadre de vie des rois tout en revivant les souvenirs glorieux de la nation. Si l’arbitraire domine parfois ce dispositif, moitié résidence, moitié musée, il en fait l’originalité incomparable, et le Versailles d’aujourd’hui conserve cette double identité.

 
Texte du panneau didactique
 
« Palais de Versailles. Aile du Midi. Élévation de la salle de 1830. Étude du premier projet », janvier-octobre 1834. © Château de Versailles.
« Coupe sur la galerie de Louis XIII, les salons de la Guerre, de la Paix et la galerie de Louis XIV. Principal corps », 1834.
© Château de Versailles.
 
Vue du château de Versailles prise de l'avant-cour, 1847. © Château de Versailles.
 
Fréderic Nepveu. « Coupe sur la largeur de l'Opéra royal, aile du Nord ». © Château de Versailles.
8 - Les salles d'Afrique
Vue d'une des salles d'Afrique. © Château de Versailles.
Les salles d’Afrique

L’aménagement des salles d’Afrique a commencé en 1837 sous la direction de l’architecte Frédéric Nepveu. Louis-Philippe entendait commémorer la conquête de l’Algérie où s’étaient illustrés ses fils. La décoration des trois salles, Constantine, Smala et Maroc, fut confiée à Horace Vernet qui réalisa neuf grands tableaux, et avec l'aide d'Éloi-Firmin Féron pour les voussures.

Aucun programme global n’a jamais existé : après le siège d’Anvers en Belgique en 1832, le choix des sujets africains a été décidé au fur et à mesure de l’avancée des troupes françaises.

L’avancée militaire de la conquête et le discours colonial de la France passionnaient Horace Vernet. S’il se rendit sur place après les combats de Constantine et de Taguin pour réaliser des dessins préparatoires, il travailla aussi d’après les relevés effectués par les ingénieurs et dessinateurs de l’armée.

Les trois tableaux de Constantine visent à rendre une image patriotique facilement compréhensible : les héros sont devenus des hommes. Dans La Prise de la smala d’Abd el-Kader, l’artiste a repoussé les combats vers l’horizon au profit d’une multitude de scènes de bivouac. La guerre en images impose ici un exotisme colonial, doublant la rudesse et la violence des combats par une curiosité ethnographique fantaisiste : la mission civilisatrice de la France est traitée en creux par des personnages propulsés en avant par leurs couleurs éclatantes – un marabout lit le Coran, un juif s’enfuit en emportant ses biens, les femmes tombent des palanquins, un esclave noire embroche une pastèque– et une profusion d’accessoires décrits avec une netteté maniaque, des gazelles et des dromadaires sortis tout droit du Jardin des plantes. L’artiste a remplacé la grandeur et le drame par la légèreté, le pittoresque, le trivial qui trahissent autant son exaltation romanesque que son racisme.


 
Texte du panneau didactique
 
Horace Vernet (1758-1836). Frère Philippe copiant le portrait du chancelier Étienne Pasquier dans la salle de Constantine du château de Versailles, après 1842. © Château de Versailles.
Horace Vernet (1758-1836), Bataille d’Isly, 14 août 1844, 1846, huile sur toile, 5,14 × 10,40 m. © Château de Versailles.
 
France, XIXe siècle. Chariot de visite et ses fauteuils. Sapin, drap vert, cuivre, fer. Château de Versailles. © Château de Versailles.
 
Adrien Dauzats (1804-1868). Seconde muraille des Portes de Fer. Arrivée du 17e régiment d'infanterie légère, le 28 octobre 1839, 1840.
Vue d'une des salles d'Afrique. © Château de Versailles.
 
Jean-Antoine Siméon Fort (1793-1861). Vue générale de l'itinéraire suivi par la colonne expéditionnaire depuis Constantine jusqu'à Alger en octobre 1839, 1840. © Château de Versailles.
 
Théodore Gudin (1802-1880). Attaque d'Alger par la mer le 29 juin 1830, 1831. Huile sur toile. Château de Versailles.
9 - Les artistes témoins de la conquête de l'Algérie
Vue d'une des salles d'Afrique
Les artistes témoins de la conquête de l’Algérie

Horace Vernet avait découvert l’Algérie en 1833. Il avait été fasciné par ses habitants, leurs coutumes et leurs costumes. Il aimait revêtir un costume d’inspiration ottomane.

Avant de réaliser ses immenses toiles sur Constantine, la Smala et Isly, Horace Vernet partait sur les lieux qui avaient connu des combats. Il y réalisait de nombreux dessins de paysages qu’il reprenait en atelier de retour en France afin d’y ajouter les divers protagonistes. Une fois son cadre mis en place, il disposait au premier plan des accessoires pittoresques qu’il avait rapportés de ses voyages, des ballots de marchandise, une théière, un pain de sucre. Ces objets passent parfois d’une composition à une autre. Les dessins sont mis au carreau afin de faciliter le report de la composition sur la toile.

En octobre 1839, Adrien Dauzats était attaché comme dessinateur à l’expédition militaire du maréchal Valée et du duc d’Orléans dans les Portes de Fer qui établit la route entre Alger et Constantine. Il exécuta plusieurs dessins sur place, puis réalisa en atelier ces grandes aquarelles représentant le passage des Bibans dans la chaîne du Djurjura. Chaque composition s’appuie sur l’architecture spectaculaire des défilés, les roches en équilibre, les ravins abrupts. Les uniformes des soldats sont bien précisés, mais les figures ne sont là que pour rappeler le caractère sublime du paysage.
 
Texte du panneau didactique
 
Vue générale de Constantine pour servir à l'intelligence des opérations de siège, du 6 au 31 octobre 1837, 1840. © Château de Versailles.
 
Horace Vernet (1758-1836), Combat de la forêt de l’Habrah, 3 décembre 1835, 1840, huile sur toile, commandé en 1840 par Louis‑Philippe pour Versailles.
 
Horace Vernet (1758-1836), Le duc de Nemours repousse une attaque kabyle des hauteurs de Coudiat-Ati, 10 octobre 1837, 1838, huile sur toile, 5,12 × 5,18 m. .
Horace Vernet (1758-1836), Les colonnes d’assaut se mettent en mouvement lors du siège de Constantine, 13 octobre 1837.
Huile sur toile, commandé en 1838 par Louis‑Philippe pour Versailles.
 
Horace Vernet (1758-1836), Prise du fort de Saint-Jean d’Ulloa, 27 novembre 1838, 1841, huile sur toile, 5,12 × 7,12 m.
 
Horace Vernet (1758-1836), Occupation du col de Mouzaïa, 12 mai 1840, 1841, huile sur toile, commandé en 1840 par Louis‑Philippe pour Versailles.
10 - Les galeries historiques
Prosper Lafaye (1806-1883). Louis-Philippe, la famille royale et le roi Léopold Ier visitant les salles des Croisades, Salon de 1845.
© Château de Versailles.
Les galeries historiques

Au rez-de-chaussée du corps central et dans les ailes du Nord et du Midi, plusieurs galeries présentaient le récit de l’histoire de France. L’iconographie primait et les chefs-d’oeuvre jouxtaient parfois des copies dans un souci didactique. Les scènes historiques se concentrent sur l’histoire militaire. La Révolution française n’était plus un obstacle au récit de l’histoire et Louis-Philippe, qui introduisit l’époque contemporaine, n’hésita pas à mettre face à face dans une même salle l’Empire et la Restauration.

Dans un décor palatial, les portraits des rois ou ceux des maréchaux s’inscrivaient dans des boiseries blanc et or, selon une présentation rappelant celle des portraits au château d’Eu.

Au centre du Château, la chambre du roi constituait le point d’orgue de la visite qui permettait à Louis-Philippe de prendre possession du passé. Louis-Philippe prit possession du passé en élevant la chambre de Louis XIV au rang de mythe. Autour d’un lit néo-Louis XIV aux épaisses volutes, commandé à Georges Jacob-Desmalter (actuellement présenté dans le salon de Mercure), le meuble textile fut directement emprunté à l’ancienne salle du trône de Louis XVIII au palais des Tuileries.
L’ensemble était certes fantaisiste, anachronique, mais si
symbolique.
 
Texte du panneau didactique
 
Franz Xaver Winterhalter (1805-1873). Portrait de Louis-Philippe Ier dans la galerie des Batailles, 1841. Château de Versailles. © Château de Versailles.
11 - L'inauguration du 10 juin 1837
François Joseph Heim (1787-1865). Louis-Philippe inaugurant la galerie de Batailles, le 10 juin 1837. © Château de Versailles.
L’inauguration du 10 juin 1837

L’ouverture des Grands Appartements et de l’aile du Midi réaménagés par Louis-Philippe eut lieu le 10 juin 1837. Cinq mille invités se pressèrent à une fête magnifique, avec visite des galeries, et banquet dans la galerie des Glaces. La galerie des Batailles, avec sa perspective à perte de vue, son éclairage zénithal et ses trente-six tableaux intégrés au décor, devint l’emblème de ce nouveau Versailles. Les nombreux guides de visite et les Galeries Historiques publiées par Charles Gavard n’ont cessé de reproduire ce nouveau Versailles.

La soirée du 10 juin 1837 s’acheva par un spectacle somptueux à l’Opéra. Miraculeusement conservé, l’un des décors, un Palais de marbre rehaussé d’or, réalisé par Pierre-Luc-Charles Cicéri pour cette fête, est planté exceptionnellement sur la scène de l’Opéra royal du château de Versailles jusqu'au 4 novembre 2018.

Si le roi avait pris des libertés dans la présentation de l’ancienne résidence royale, il s’affranchit dans les Galeries Historiques des règles d’un musée. Versailles ne ressemblait ni au Louvre ni au musée du Luxembourg.
 
Texte du panneau didactique
 
Auguste Vinchon (1789-1865). Louis-Philippe et la famille royale, visitant les Galeries Historiques du musée de Versailles, s'arrêtent devant la statue de Jeanne d'Arc, 1848. Château de Versailles. © Château de Versailles.
12 - L'abdication de Louis-Philippe
L’abdication de Louis-Philippe

Les décès de deux enfants de Louis-Philippe, Marie d’Orléans, duchesse de Wurtemberg en 1839 et le duc d’Orléans en 1842, ont ralenti les travaux au château de Versailles. La crise économique et les difficultés sociales de 1847 ont presque arrêté le chantier. Cette année-là, le roi ne réalisa qu’une vingtaine de visites. Le 31 décembre mourait Adélaïde d’Orléans, sa soeur, véritable soutien politique, qui avait toujours vécu avec la famille royale.

Certainement, Louis-Philippe n’a pas compris l’importance de la révolution de 1848. Il n’a pas vu que son pouvoir était ébranlé, d’autant que son entourage minimisa l’importance de l’émeute. Pourtant le 23 février, il ne fut plus possible de reculer. Selon un témoin, le tocsin de Notre-Dame résonnait lugubrement. Le roi, portant l’uniforme de la garde nationale, était assis dans son cabinet, entouré par la famille royale, ses ministres et quelques généraux. Il resta silencieux plusieurs heures, puis, au petit matin du 24, il s’entretint avec la reine Marie-Amélie. Calme, résolu, il rédigea son acte d’abdication, signa et en fit la lecture à voix haute. Il quitta le palais des Tuileries le jour même et partit pour l’Angleterre où il s’installa à Claremont dans le Surrey.

L’héritage de ce roi constructeur est toujours visible à Versailles. À côté de la résidence dans le corps central, les Galeries Historiques proposent une double lecture. Aux oeuvres présentées dans les Grands Appartements revient le rôle de raconter une histoire royale, tandis que les Galeries Historiques préservent la mémoire de la nation vue par le XIXe siècle. Les choix politiques répondent au culte des grands hommes et reflètent les principes moraux qui prévalaient sous la monarchie de Juillet.

 
Texte du panneau didactique
 
Scénographie avec le bureau de Louis-Philippe aux Tuileries, 1819. © Château de Versailles.
 
Acte d'abdication de Louis-Philippe, 24 février 1848. © Château de Versailles.
 
Bureau de Louis-Philippe aux Tuileries, 1819. © Château de Versailles.