LÉONARD DE VINCI (1452-1519)

Article publié dans la Lettre n°493 du 25 décembre 2019



 
Pour voir le parcours en images de l'exposition, cliquez ici.

LÉONARD DE VINCI. La voilà enfin « l’exposition du siècle », pour la célébration du 500ème anniversaire de la mort de Léonard de Vinci (1452-1519), dont on a tant parlé ! Si son intérêt est indéniable, elle reste malgré tout une exposition pas plus remarquable que les autres expositions de grands artistes. Nous pensons par exemple, en ne retenant que le Louvre, à celles consacrées à Vermeer, Delacroix ou Bouchardon. On regrette surtout qu’aucun effort particulier n’ait été fait en matière de scénographie, celle-ci n’étant pas supérieure à celles que l’on connaît aujourd’hui dans les grandes expositions.
Léonard de Vinci est un peintre exceptionnel qui travaillait avec des collaborateurs de talent et ne signait pas ses toiles. C’est pourquoi sur quelque trente-cinq peintures qu’il aurait pu exécuter (voir notre complément en images), les experts ne lui en attribuent, avec plus ou moins de certitude que vingt-deux, dont deux fresques. En nous présentant onze de ces toiles, sans la Joconde restée à sa place, les commissaires ont réussi un véritable exploit quand on connaît l’engouement des visiteurs pour ces tableaux lorsqu’ils visitent les musées concernés. Il faut remercier, à charge de revanche, ces six musées et ce collectionneur particulier de s’être séparé de tels trésors.
À côté de ces chefs-d’œuvre nous pouvons voir d’autres tableaux, quelques sculptures, un grand nombre de dessins et divers documents et ouvrages de la main du Maître dans lesquels il consignait ses recherches et ses idées sur les connaissances de son époque. Les commissaires entendent montrer que « Léonard a placé la peinture au-dessus de toute activité » et que ses recherches n’avaient pour ambition que de « donner la vie à ses tableaux ». Après avoir visité le château du Clos Lucé à Amboise, sa dernière demeure, et surtout l’exposition que la Cité des Sciences et de l’Industrie lui a consacrée en 2013 (Lettre 351) nous pouvons en douter. Cette dernière nous montrait un Léonard de Vinci qui recevait des commandes pour la scénographie de fêtes somptueuses, l’asséchement des Marais Pontins, un projet d’urbanisme pour Florence, le détournement de l’Arno et la construction d’un vaste palais comprenant tous les services de la Cour et du gouvernement dans une ville nouvelle, à côté de Romorantin, véritable motif de sa venue en France. La peinture n’était manifestement pas son unique ambition ! Mais, comme on est au Louvre, n'est-il pas naturel de tout ramener à celle-ci ?
La présente exposition retrace la vie de Léonard à partir de son apprentissage à Florence dans l’atelier du grand peintre et sculpteur Andrea del Verrochio. On commence donc par l’imposante sculpture de cet artiste Le Christ et saint Thomas, avec ses draperies très recherchées. Autour de celle-ci, nous voyons des peintures monochromes, la plupart de Léonard de Vinci, représentant des draperies peintes d’après des reliefs en terre recouverts de draps imprégnés d’argile, semblables à ceux utilisés par Verrochio pour sa sculpture. On voit aussi la reconstitution du relief de la Draperie Saint Morys, la plus célèbre de toutes, réalisée à l’occasion de cette exposition par l’artiste Leticia Leratti.  
Les salles suivantes sont consacrées à des peintures d’artistes contemporains tels Lorenzo di Credi, Piero del Pollaiuolo (l’atelier rival de celui de Verrochio), et même Hans Memling (la peinture flamande avait influencé celle pratiquée à Florence) et à des dessins de Léonard. Ce n’est que dans la cinquième salle que nous avons les premières toiles du Maître, La Vierge à l’Enfant, dite Madone Benois (vers 1480-1482) du musée de l’Ermitage, Saint Jérôme pénitent (vers 1480-1482), une toile inachevée du Musée du Vatican, Le Musicien (vers 1483-1490) de la Pinacoteca Ambrosiana de Milan, La Belle Ferronnière (vers 1490-1497) du Louvre et la version de La Vierge aux rochers (vers 1483-1494) de ce même musée.
À la suite de magnifiques portraits peints par deux élèves de Léonard, Antonio Boltraffio et Marco d’Oggiono, on peut apprécier le savoir encyclopédique du Maître à travers de nombreux manuscrits où il expose, en écrivant en miroir, ses connaissances ou ses doutes en mathématiques, optique, astronomie, botanique, zoologie, anatomie, mécanique des fluides, etc. Dans cette salle est exposée une copie sur toile (1506-1509) de La Cène de Milan, réalisée de son vivant par Marco d’Oggiono. Rappelons que l’original, peint « a secco » s’est rapidement détérioré et a dû être restauré à de nombreuses reprises. La copie du Louvre est donc un témoin inestimable de l’original. Mentionnons aussi la présence, dans un coin de cette salle où on peut le manquer, de ce dessin dont on a tant parlé avant l’ouverture de l’exposition, L’homme de Vitruve (vers 1489-1490).
Le parcours reprend avec des dessins et des sculptures et surtout deux versions analogues de la Vierge au dévidoir, la Madone Lansdowne et la Madone Buccleuch (toutes deux vers 1501-1510). Vient ensuite, à travers des dessins préparatoires de Léonard et des copies par d’autres artistes, l’évocation d’œuvres perdues. La première est la Bataille d’Anghiari, une œuvre monumentale dont Léonard abandonna la réalisation en cours de route (!). La seconde est Léda, nu gracieux avec un cygne langoureux à ses côtés, dont on voit l’une des neuf copies connues, celle de la Galerie des Offices de Florence, peinte par son atelier.
Peu avant la sortie nous avons dans une grande salle, un peu vide, les deux versions de La Sainte Anne, le grand carton de The National Gallery de Londres (vers 1500) et l’huile sur bois du Louvre (vers 1503-1519), restaurée à cette occasion avec deux autres tableaux dont le Saint Jean Baptiste (vers 1508-1519), également dans cette salle. En face de ce dernier, Le Salvator Mundi (version Ganay), de l’atelier de Léonard, évoque un autre tableau, dont l’authenticité est contestée, qui a fait couler beaucoup d’encre depuis sa vente en 2017 !
Le parcours se termine avec le départ en France de Léonard en 1516 et le récit de la visite du cardinal Louis d’Aragon chez celui-ci, où il vit les trois tableaux, aujourd’hui au Louvre, qui revinrent au roi de France, les rares dont l’authenticité est incontestable.
Tout au long du parcours nous avons des réflectographies infrarouge de peintures de Léonard de Vinci, y compris de tableaux non exposés, à la même échelle que les peintures. Malheureusement, comme elles ne sont pas disposées à côté des œuvres en question, il est difficile de voir les changements apportés par l’artiste au cours de leur exécution et leur présence est plus une affaire de spécialistes que d’amateurs de peinture. Une belle exposition dont on se souviendra. R.P. Musée du Louvre 1er. Jusqu’au 24 février 2020. Lien : www.louvre.fr.


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