TAMARA DE LEMPICKA,
REINE DE L'ART DECO

Article publié exclusivement sur le site Internet, avec la Lettre n° 356
du 17 juin 2013


TAMARA DE LEMPICKA, REINE DE L'ART DECO. La Pinacothèque de Paris présente simultanément deux expositions, l'une consacrée à l'Art nouveau (voir article), l'autre consacrée à la « Reine » de l'Art déco, Tamara de Lempicka. La démarche est intéressante car ces deux mouvements successifs sont antagonistes ! « L'Art nouveau s'est fait en réaction à l'académisme et à une société en pleine industrialisation et l'Art déco s'est constitué en réaction et en opposition à l'Art nouveau. »
Tamara de Lempicka est un personnage hors du commun. Elle se marie deux fois. Elle épouse tout d'abord, en 1916, un avocat issu de la noblesse polonaise, Tadeusz Lempitzki, emprisonné puis libéré par les révolutionnaires russes, qu'elle trompe dès le retour de son voyage de noce ! Ensuite, en 1933, elle s'unit au baron Raoul Kuffner, riche collectionneur de ses toiles. Mais elle est surtout bisexuelle et s'affiche ouvertement avec ses conquêtes féminines, comme Ira Perrot, et adopte la mode « garçonne ». Tout au long de son existence elle brouille les pistes sur son origine, sur ses études, sur sa vie et celle de ses conjoints, entretenant le mystère et la confusion. Sa vie est une succession de mises en scène, donnant le premier rôle à la modernité et au luxe, en utilisant déjà toutes les techniques du marketing et de la communication employées aujourd'hui par les grandes firmes.
L'Art déco ne dure qu'une décennie, dans le courant des années 1920. A la sensualité et l'érotisme de l'Art nouveau succède une sexualité transgressive beaucoup plus poussée, d'où la position prépondérante de Tamara de Lempicka dans ce mouvement, qui en fait son égérie. L'Art déco couvre de nombreux domaines (architecture, design, mode, pour l'essentiel), et se développe dans le monde entier (France, Belgique, pays anglo-saxons, principalement). C'est justement dans les années de 1925 à 1935 que Tamara de Lempicka crée ses plus belles œuvres. Gioia Mori, commissaire de cette exposition, explique comment celle-ci « est l'icône incontestée de l'Art déco car son langage contient toutes les caractéristiques du mouvement artistique qui se développe au début des années 1920. Il est " décoratif ", parce qu'il est accrocheur et immédiatement reconnaissable. Il est " international ", par son origine, son développement et sa diffusion. Il est " moderne " parce qu'il s'inspire des langages les plus novateurs du XXe siècle : la photographie, le graphisme, le cinéma et la mode. »
Cette intéressante exposition regroupe plus de cent œuvres de cette artiste réparties en neuf groupes intitulés : Tamara Lempitzky, réfugiée russe ; « Un curieux mélanges d'extrême modernisme et de pureté classique » ; « La décade de l'illusion » ; La Garçonne ; « Ni Ange ni bête » ; Art et mode ; Crise et dépression ; Hollywood : comme Garbo et « Baroness with a brush », ainsi qu'un dossier consacré à « L'Affaire d'Annunzio ». En effet Tamara de Lempicka souhaitait faire le portrait du grand poète italien. Mais celui-ci n'avait qu'un désir, coucher avec elle. Elle refusa et le tableau ne se fit pas ! Pinacothèque de Paris 8e. Jusqu'au 8 septembre 2013. Pour voir notre sélection de visuels, cliquez ici. Lien : www.pinacotheque.com.


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