LE PERUGIN. Maître de Raphaël

Article publié dans la Lettre n° 371
du 22 septembre 2014

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LE PERUGIN. Maître de Raphaël. Né vers 1450 à Città della Pieve, à proximité de Pérouse, Pietro Vannucci, dit le Pérugin, fut l’un des principaux acteurs de la Renaissance italienne, exerçant un rôle majeur dans la peinture italienne. S’il est évident que Raphaël connaissait très bien l’œuvre du Pérugin, les historiens de l’art débattent encore pour savoir si Raphaël, né en 1483 à Urbino, a été directement l’élève du grand Maître. C’est l’un des mérites de cette exposition de rapprocher ces deux peintres en nous présentant, dans une agréable scénographie d’Hubert le Gall, quelque cinquante tableaux dont une dizaine de Raphaël.
Le Pérugin, issu d’une riche famille, partit tôt pour Florence où il fut l’élève du célèbre peintre Andrea del Verrocchio. Dans son atelier, il rencontra des artistes aussi prestigieux que Leonard de Vinci ou Botticelli, dont il fut le disciple. De retour à Pérouse, au début des années 1470, ses œuvres se distinguent par le rendu du mouvement, le modelé des corps et la vivacité des couleurs (Saint Romain, Saint Roch et vue de Deruta, 1476). C’est à cette époque qu’il reçoit sa première commande importante, la « Niche de Saint Bernardin » (1473), dont on voit deux tableaux qui témoignent d’une grande maîtrise de la composition et d’une vision modernisée du paysage.
La salle suivante est consacrée au sujet de la Vierge à l’Enfant, un thème de prédilection pour ce peintre tout au long de sa vie. Alors qu’un artiste comme Caporali utilisait des fonds d’or, le Pérugin, comme son élève Pinturicchio, placent leurs personnages dans un paysage. La douceur des visages et la densité des couleurs plaisent énormément à une époque marquée par les sermons de Savonarole prônant une dévotion simple et sans ornement. La célébrité du Pérugin est telle qu’il est appelé à Rome en 1479 pour peindre à Saint-Pierre le décor de la chapelle de la Conception, aujourd’hui disparue, puis pour prendre la direction du vaste chantier de la chapelle Sixtine (vers 1480-1482), en collaboration avec une équipe de peintres florentins comprenant notamment Botticelli, Ghirlandaio et Rosselli. Plus tard, de retour à Florence, sa notoriété dépasse celle de ces artistes. Il peint des chefs-d’œuvre de raffinement et de tendresse telles que des Vierges à l’Enfant, son sujet de prédilection, ou des figures de saints (Saint Jérôme pénitent ; Saint Sébastien). Le Pérugin se convertit alors définitivement au classicisme.
A son époque, les sujets étaient essentiellement religieux. Néanmoins, dans les années 1490, le Pérugin aborde des sujets profanes. Il peint ainsi un Apollon et Daphnis (1490) pour Laurent de Médicis et un curieux Combat de l’Amour et de la Chasteté (1502-1505) pour le studiolo d’Isabelle d’Este. Les deux dernières salles sont consacrées au rapport entre le Pérugin et Raphaël. Les commissaires ont mis en regard des œuvres des deux peintres comme le Polyptique de San Pietro (1496-1500) du Pérugin, la Prédelle du retable Oddi (1488-1497) de Raphaël et la Prédelle du retable de Fano (1488-1497) du Pérugin ou de Raphaël. Enfin les éléments du Retable de saint Nicolas de Tolentino, dispersés dans quatre musées et réunis exceptionnellement ici, illustrent la forte influence du Pérugin sur l’art de Raphaël dont on voit également quelques tableaux de saints. Raphaël, atteint de fièvre maligne, meurt en 1520, à seulement 37 ans. Le Pérugin peindra inlassablement jusqu’à sa mort, provoquée par la peste, en 1523. Une très belle exposition, très didactique, avec des œuvres très intéressantes. Musée Jacquemart-André 8e. Jusqu’au 19 janvier 2015. Lien : www.musee-jacquemart-andre.com.


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