CARL LARSSON.
L’imagier de la Suède

Article publié dans la Lettre n° 366
du 24 mars 2014

CARL LARSSON. L’imagier de la Suède. Né en 1853 à Stockholm, Carl Larsson commence sa carrière comme dessinateur-reporter dans l’hebdomadaire le plus populaire de la Suède, puis vient à Paris, en 1877, comme beaucoup d’artistes étrangers à cette époque. Il fait ainsi de nombreux séjours en France jusqu’en 1889 où il retourne définitivement en Suède. C’est au cours de ces séjours qu’il fait la connaissance du peintre Karin Bergöö, une compatriote installée comme lui à Grez-sur-Loing, petite ville à la lisière de la forêt de Fontainebleau, qu’il épouse en 1883. Durant cette période il expose avec plus ou moins de bonheur au Salon, obtenant des médailles pour des aquarelles et des achats officiels. C’est en effet avec l’aquarelle qu’il se fait connaître et qu’il deviendra célèbre.
L’exposition, dans une scénographie remarquable de Studiotovar, nous présente de façon chronologique une centaine d’œuvres - aquarelles, peintures, estampes et meubles - de Carl Larsson. On commence tout d’abord par ses premières œuvres réalisées à Grez-sur-Loing comme Le Vieil Homme et la Pépinière (1883) ou Les Coquelicots (1884) ou à Stockholm comme cette grande toile de 1886, Le Peintre en plein air, où on le voit planter son chevalet dans la neige, entouré de sa famille, ou encore La Céramique (vers 1887), représentant Karin peignant des assiettes, aquarelle présentée au Salon de 1889 et achetée par l’Etat français.
Après son retour définitif en Suède, il entreprend de grandes peintures murales, d’abord pour l’école des filles de Göteborg puis pour décorer l’escalier d’honneur du Nationalmuseum de Stockholm, qui a rendu possible la présente exposition. Nous pouvons voir les esquisses des six fresques monumentales, pour la réalisation desquelles Larsson se rendit à Rome et à Paris pour améliorer sa connaissance de la technique de la fresque. Elles seront terminées en 1896.
Dans cette salle sont exposés plusieurs nus, dont une étude grandeur nature représentant un Nu masculin dans la campagne, réalisé pour le Sacrifice du solstice d’hiver, immense composition historico-allégorique qu’il destinait au vestibule supérieur du musée. L’œuvre fut refusée en 1915, après une polémique qui blessa profondément l’artiste, et ne fut mise en place qu’en 1997.
On y voit aussi des portraits de notables comme August Strindberg (1899) ou de collectionneurs comme l’acteur Constant Coquelin, représenté dans l’interprétation de divers rôles.
La dernière partie de l’exposition est consacrée à ce qui popularisera le plus Carl Larsson dans son pays, la représentation de sa maison de Sundborn, un village situé à 230 km au nord de Stockholm, offerte par son beau-père. Contrairement à ces « Intérieurs romantiques » que l’on avait pu voir au Musée de la Vie romantique (Lettre 346), les 24 aquarelles de « Notre Maison » représente la maison, ses pièces et ses alentours avec leurs habitants, dans leurs tâches quotidiennes (La Cuisine), leurs épreuves (Au coin), les fêtes (Un jour de fête), les environs (Le Pont), les repas (Petit-déjeuner sous le grand bouleau), etc. Cet album en couleurs a enthousiasmé les lecteurs qui se sont inspirés du style de cette maison, de son ameublement (on peut en voir des exemples dans l’exposition) et de sa décoration réalisée par Karin Larsson, qui est ainsi la première architecte d’intérieur. Cette maison a connu des agrandissements successifs au fur et à mesure que la famille s’agrandissait. Les Larsson eurent en effet huit enfants, auxquels s’ajoutait le personnel domestique.
La maison de Sundborn est aujourd’hui un musée qui a lui aussi collaboré à cette exposition. En marge de celle-ci, on peut voir un film d’époque sur Larsson dans sa maison, y compris durant des inondations, et un espace pour les enfants avec des jeux inspirés par Notre Maison. Une très belle exposition mettant bien en valeur cet artiste, mort en 1928. Petit Palais 8e. Jusqu’au 7 juin 2014. Pour voir notre sélection de visuels, cliquez ici. Lien: www.petitpalais.paris.fr.

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