Parcours en images et en vidéos de l'exposition

JUIFS ET MUSULMANS
De la France coloniale à nos jours

avec des visuels mis à la disposition de la presse
et nos propres prises de vue

Parcours accompagnant l'article publié dans la Lettre n°548 du 25 mai 2022



 

Titre de l'exposition
La France est aujourd'hui le pays d'Europe qui compte les populations juive et musulmane les plus importantes du continent. L'histoire des relations entre juifs et musulmans en France prend sa source dans l'espace colonial du Maghreb (Algérie, Maroc, Tunisie) et se poursuit en France métropolitaine depuis les années 1960.
Après avoir partagé les mêmes langues et la même culture pendant près d'un millénaire, les juifs et les musulmans du Maghreb voient leurs destins collectifs bouleversés par la colonisation française. La conquête violente de l'Algérie, puis la mise sous protectorat de la Tunisie (1881) et du Maroc (1912) transforment les sociétés maghrébines sur le plan religieux, politique, économique et culturel.
Ces évolutions tendent tantôt à rapprocher juifs et musulmans dans une même communauté de destin, tantôt au contraire à les séparer selon différentes lignes de fracture, notamment juridiques et à les pousser à quitter leur terre natale. Ces départs, de gré ou de force, se font majoritairement vers la France, où la vie intercommunautaire se recompose difficilement après la décolonisation.
Malgré de nombreux points communs, la séparation se creuse. Les juifs du Maghreb font tôt le choix de l'intégration politique à la République. Ce choix est favorisé par le fait qu'en France, les juifs sont reconnus comme citoyens depuis 1791. Ce cheminement est plus progressif chez les musulmans, la différence de statut juridique pesant fortement sur leurs trajectoires. Cette exposition donne à voir à travers des documents, des œuvres d'art, des objets et des récits, cette histoire et la manière dont l'État français a pris part à cette relation. Elle permet de mieux comprendre ces interactions, trop souvent réduites aux tensions liées au conflit israélo-palestinien et à l'image d'un conflit héréditaire entre deux groupes volontiers présentés comme des « frères ennemis ».
 
Texte du panneau didactique.
 
Liberté des cultes. Carte du Jeu Révolutionnaire de Jaume et Dugourc, Jaume et Dugourc, Paris, France, 1793, dessin : Jean Démosthène Dugourc, gravure sur bois, couleurs au pochoir. Collection & © Musée Français de la Carte à Jouer de la ville d’Issy-les-Moulineaux / F. Doury.
 
Présence coloniale française au Maghreb (1830-1962).

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Kader Attia. Big Bang, 2005. Structure en métal, résine, miroirs. Musée d’art et d’histoire du judaïsme, Paris.

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François-André Vincent. Marchands sur le quai du port de Marseille, 1795. Gravure. Collection CCIAMP.
 
Napoléon le Grand rétablit le culte des Israélites, le 30 mai 1806, 1806. Gravure sur cuivre, sur papier vélin. Musée d’art et d’histoire du Judaïsme, Paris.


1 - 1860-1914 - Ensemble mais différents dans la société coloniale

Scénographie
1860-1914 - Ensemble mais différents dans la société coloniale

En 1870, par le décret Crémieux, l'État français crée dans son empire au Maghreb une différence de statut juridique entre les « indigènes » juifs et musulmans. Cet acte juridique octroie collectivement la citoyenneté française aux 35 000 juifs d'Algérie, mais pas aux 3 millions de musulmans, dont le statut d'« indigène », aux droits civiques et juridiques limités, ne change pas. Cette différence de statut ne sera pas déclinée pour les communautés juive et musulmane de Tunisie et du Maroc, où la France s'imposera en 1881 et 1912. L'accession des juifs d'Algérie à la citoyenneté consacre un processus, amorcé dès le milieu des années 1830, d'assimilation au modèle français. Elle suscite des réactions hostiles, principalement chez les Européens d'Algérie.
En Tunisie et au Maroc, sous protectorat français, juifs et musulmans restent des « indigènes », séparés des Européens. Cependant, les mutations de l'éducation et de l'économie détournent progressivement les sociétés juives de la culture berbéro-arabo-musulmane dans laquelle elles avaient vécu plus d'un millénaire.

 
Texte du panneau didactique.
 
Alfred Dehondencq. L’Éxécution de la juive, 1860-1863. Huile sur toile. Bibliothèque polonaise de Paris.

La scène dépeinte ici renvoie à un fait authentique : l'exécution de la jeune Solika (Sol) Hatchuel, issue de la communauté juive de Tanger, en 1834, à l'issue d'un procès complexe durant lequel elle fut condamnée à la peine capitale. Elle fut faussement accusée d'avoir voulu retourner au judaïsme après s'être convertie à l'islam.
Lorsque Alfred Dehodencq entreprend ce tableau, trente ans après les faits, le mythe s'est déjà emparé du tragique fait-divers, devenu un lieu de mémoire de la communauté juive marocaine. L'arbitraire et la cruauté du pouvoir musulman à l'égard des minorités religieuses
y sont mis en valeur par contraste avec la liberté religieuse censément acquise en Occident.
 
Salomon Assus. Autoportrait, 1886.Dessin original réalisé pour Le Turco, hebdomadaire politique d’Alger. Collection particulière.
 

Anonyme. Souvenirs d’Algérie, vers 1840. Crayon, plume, encre et aquarelle sur papier. Musée du quai Branly – Jacques Chirac.

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Salomon Assus. Types Algériens, 2e série, 1er quart du XXe siècle. Carte postale, Éditions Bab-el-Oued.
Musée d’art et d’histoire du Judaïsme, Paris.
 

Joann Sfar. Le Chat du Rabbin, Rentrez chez vous !, tome 10, édition Dargaud. Encre et aquarelle sur papier, 2020. © Collection de l’artiste. © Adagp, Paris, 2022.

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Joann Sfar. Le Chat du Rabbin, Rentrez chez vous !, tome 10, édition Dargaud. Encre et aquarelle sur papier, 2020. © Collection de l’artiste. © Adagp, Paris, 2022.

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Scénographie
 
Édouard Moyse. École juive à Miliana, 1861. Huile sur toile. Musée Fabre, Montpellier, en dépôt au Musée d’art et d’histoire du Judaïsme, Paris.
 
Théodore Chassériau. Intérieur d’école arabe à Constantine, 1846. Aquarelle sur esquisse à la mine de plomb. Musée du Louvre.
 
Salomon Assus. Portrait de Salomon Zermati, 1876. Huile sur toile. Musée d’art et d’histoire du Judaïsme, Paris.
 
Poupée (femme de Kabylie), fin du XIXe siècle. Peau, biscuit, verre, coton, soie, cuivre, pigments. Musée du quai Branly – Jacques Chirac.
Scénographie
 
Eugène Delacroix. Le Sultan du Maroc Mulay-Abd-Er-Rahman recevant le comte de Mornay, ambassadeur de France, 1832. Musée des Beaux-arts, Dijon.
 
Anonyme. Soumission d’Abd-El-Kader, vers 1843. Gravure sur bois en couleur. Musée Carnavalet – Histoire de Paris.


2 - 1914-1939 - Engagés dans le projet impérial français

 
1914-1939 - Engagés dans le projet impérial français

La Première Guerre mondiale se traduit par des formes différentes de mobilisation militaire : conscription obligatoire pour les indigènes musulmans, mobilisation pour les juifs algériens, car citoyens français depuis 1870. Pour les juifs marocains et tunisiens, la France s'impose progressivement comme un horizon d'attente incontournable au regard de l'expérience de naturalisation massive des juifs d'Algérie, malgré l'antisémitisme virulent qui atteint ces derniers.
La Grande Guerre a impulsé une émigration ouvrière importante vers la France. Entre 1921 et 1939, près de 400 000 Maghrébins, majoritairement algériens, ont traversé la Méditerranée pour travailler dans les mines du Nord, les régions parisienne et lyonnaise. De nouvelles perspectives s'ouvrent pour eux, malgré la précarité et la xénophobie liées à leur situation migratoire. L'entre-deux-guerres offre aux peuples colonisés du Maghreb des alternatives politiques inédites dans de nouvelles affirmations anticoloniales. La grande révolte arabe de 1936 en Palestine mandataire, la forte progression du sionisme et les éveils nationalistes du monde arabe creusent l'écart entre musulmans et juifs.

Entrée de la 3e section.
 
Texte du panneau didactique.
Scénographie
Jean Besancenot. De gauche à droite : Berbère du Haut-Atlas portant la rezza ; Haut-Atlas central. Femme des Aït-Atta ; Un type de juif des contrées pré-sahariennes, 1934-1937. Tirage gélatino-argentique sur papier baryté. Musée du quai Branly – Jacques Chirac.

Le peintre et photographe français Jean Besancenot (1902-1992) se rend au Maroc en 1937 pour un voyage d'études sur le costume traditionnel marocain. Pour ce faire, il reçoit l'appui de la Résidence française au Maroc et celui des chefs de village. Ce voyage s'inscrit dans un vaste programme culturel du protectorat français : diffuser l'image d'un Maroc traditionnel et « authentique ». À son retour en France, les portraits, tissus et bijoux rapportés de son voyage sont présentés dans une exposition au musée de la France d'outre-mer, situé aujourd’hui au Palais de la Porte Dorée.
Henri Tracol. Vitrine « Race Méditerranéenne » du Musée de l’Homme, 1940. Tirage sur papie baryté monté sur carton.
Musée du quai Branly – Jacques Chirac.
 
Fanion d’une compagnie de tirailleurs algériens, 1914-1918. Costume d’Adjudant du 9e tirailleur mixte, après 1915. Musée de la Grande Guerre, Meaux.
 
Pierre Boucherle. Le Moulin de la Goulette, Tunisie, sans date. Huile sur toile. Fonds d’art contemporain Paris collections.
Scénographie
 

De gauche à droite et de haut en bas :
- Affiche du spectacle El Kheddaïne de la troupe Mahieddine, théâtre municipal de Sétif, 11 février 1934. Encre, impression papier.
- Affiche du spectacle Les Beni-Oui-Oui de la troupe de Mahieddine Bachtarzi, années 1930.
- Affiche du spectacle Phaqo de la troupe de Mahieddine Bachtarzi, précédé du duo Rachid Ksentini et Marie Soussan, 4 juin 1934. Encre, impression papier.
- Rapport sur les œuvres Hadj-Hlima et Syndicat des chômeurs de la troupe Mahieddine. Sûreté départementale de Constantine, surveillance politique des indigènes, 16 mars 1936. Tapuscrit.
Archives nationales d’outre-mer, Aix en Provence.
 
Panneau didactique.
Armand Assus. Esquisse pour la Noce juive, vers 1935. Huile sur toile. Collection particulière.
Scénographie
 
Moses Levy. Marchand de poissons tunisien, 1944. Huile sur toile. Indivision Anita et Marc Perez.
 
Moses Levy. Marchand de volailles tunisien, 1945. Huile sur panneau. Collection particulière Anita Perez.
Scénographie
 
Panneau didactique.
 
Affiche de la Section de Constantine de la Ligue Internationale Contre l’Antisémitisme, 4 août 1934. Archives nationales d’outre-mer, Aix en Provence.

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Couverture du journal La Dépêche de Constantine, 8 août 1934. Archives nationales d’outre-mer, Aix en Provence.
 
« Le sang juif a coulé en France !... », journal Le Droit de vivre, août 1934. Archives nationales d’outre-mer, Aix en Provence.


3 - 1939-1945 - Le chaos de la guerre

Scénographie
Le chaos de la guerre

L'occupation nazie et le gouvernement antisémite de Vichy favorable au maintien d'un empire colonial, entraînent de profonds bouleversements. Le 7 octobre 1940, quatre jours après la promulgation du premier statut des juifs, le régime de Vichy abroge le décret Crémieux de 1870. Le retrait de la nationalité aux juifs d'Algérie opère un nivellement par le bas avec les musulmans, toujours considérés « indigènes » par Vichy. La propagande nazie et vichyste cherche toutefois à les rallier, sans grand succès.
En métropole, des juifs d'origine maghrébine tentent de se faire passer pour musulmans pour échapper aux rafles et à la déportation. Face à la suspicion du Commissariat général aux questions juives, la Grande Mosquée accorde des gages aux autorités tout en protégeant des familles juives. Le débarquement anglo-américain en Afrique du Nord en novembre 1942 rétablit très lentement la situation des juifs du Maghreb. Malgré de réelles avancées, le gouvernement provisoire de la République hésite à permettre aux musulmans d'accéder à l'égalité civique complète, leur laissant un goût amer à la victoire des Alliés.

 
Texte du panneau didactique.
 
Citation de Jacques Derrida.
Scénographie
 
« 8217/230. Casablanca (13 novembre 1942). État des destructions au Port, dans la Gare maritime et sur le cuirassé « Jean-Bart ». Le cuirassé touché à mort, repose sur sa quille.
8227/30. - Casa : Premier défilé des Troupes américaines, place Administrative en présence du Gal Nogues et du Gal Kayes (USA). Tout le Mellah était rassemblé place de France (13 novembre 1942). ».
 
Jacques Belin. Résidence générale de France au Maroc, Deuxième anniversaire de la Légion Française des Combattants, Rabat, 29 et 30 août 1942. Tirage d’exposition. Centre des Archives diplomatiques, Nantes.
Jacques Belin. « Casablanca. Premier défilé des troupes américaines, place Administrative, en présence du général Noguès et du général Kayes (États-Unis). Tout le Mellah était rassemblé place de France (13 décembre 1942) », photographie. Archives du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, Centre des Archives diplomatiques de Nantes.
 
Panneau didactique.
 
Une du journal Er Rachid, 5 juillet 1943. Archives nationales.
 
Proviseur du lycée Bugeaud à Alger. Circulaire aux parents, 9 novembre 1940. Impression sur papier. Musée d’art et d’histoire du Judaïsme, Paris.

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Mahmoud Nassim Abou-Dirhem. Manifeste du Comité de l’Union sémite universelle en faveur d’une alliance entre les juifs et les musulmans, 13 mai 1944. Archives du Mémorial de la Shoah, Paris.
 
Scénographie
 
Anonyme. Tunisien lisant un livre sur Adolf Hitler dans une rue de Tunis, 1943. Tirage d’exposition. Mémorial de la Shoah.
 
Kamel Yahiaoui. Mémoriel Sétif Guelma Kherrata, 1995, dessin sur papier arche, 100 × 75 cm. Collection de l’artiste. Œuvre réalisée en hommage aux victimes des massacres du 8 mai 1945. Adagp, Paris, 1945.
 
Alexandre Vitkine. Première locomotive du Mer-Niger au camp de Colomb Bechar, 1941. Photographie. Collection particulière Jacob Oliel.
 
Anonyme. Hommes juifs mobilisés par l’administration nazie pour le travail forcé, à Tunis, Tunisie, 1942. Tirage d’exposition. Mémorial de la Shoah.
 
Panneau didactique.
 
Anonyme. Papa Lili (Elie Gozla), 2e quart du XXe siècle. Plâtre peint couleur bronze, socle en bois et plastique simili vert. Musée d’art et d’histoire du Judaïsme, Paris.

Elie Gozlan (1876-1964), surnommé affectueusement « Papa Lili», figure parmi les notables de la communauté juive d'Algérie. Homme de gauche et parfaitement arabophone, il s'engage en faveur du programme du Front Populaire dans les années 1930 et milite pour une « fraternité judéo-arabe ». Résistant lors de la Seconde Guerre mondiale, Gozlan s'oppose farouchement aux lois anti-juives du régime de Vichy, appliquées en Algérie. À la fin de la guerre, il milite pour le rétablissement et l'extension du décret Crémieux de 1870, dans la perspective cette fois de l'égalité des droits politiques pour les musulmans.



4 - 1945-1967 - Nouveaux États, nouveaux destins ?

 
Nouveaux États, nouveaux destins ?

Après 1945 s'ouvre la phase de la décolonisation en Indochine et en Afrique. La création de l'État d'Israël en 1948, puis la guerre d'Algérie et la révolution panarabe en Égypte, avec l'intervention franco-britannique en 1956, précipitent les séparations rendues inéluctables par les clivages idéologiques.
La période 1945-1967 est celle, décisive, de l'arrivée massive en France des juifs d'Afrique du Nord et d'Égypte, du monde arabe en général et d'une forte communauté maghrébine, de culture et tradition musulmanes. Pourtant, la différenciation sociale est grande entre des juifs qui avaient choisi, pendant l'ère coloniale, l'intégration politique, et sont venus en France avec la perspective de rester, et les travailleurs et les familles musulmanes arrivés en grand nombre au cours des Trente Glorieuses et vivant dans l'attente d'un retour économiquement possible dans des pays devenus indépendants. Dès 1967, toutes ces différences trouvent un catalyseur puissant dans la question palestinienne, qui arrive en surplomb d'un siècle de divergences entre ces deux communautés.

Entrée de la 4e section.
 
Texte du panneau didactique.
 
Manifestation pour le 1er anniversaire de la proclamation de l’État d’Israël, 4 mai 1949. Affiche. Musée d’art et d’histoire du Judaïsme, Paris.
 
Jean Atlan. La Kahena, 1958. Huile sur toile. Photo © Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais / Adam Rzepka. © Adagp, Paris, 2022.
Scénographie
 
Boris Taslitzky. Le Bon Samaritain II, 1960. Huile sur toile, 130 × 162 cm. Collection particulière.
 
Mireille Miailhe. VIe congrès du PCA, Alger, 21-23 février 1952. Lavis d’encre noire, gouache, fusain et graphite sur papier. Musée du quai Branly – Jacques Chirac.
 
Affiche « Vive la presse démocratique ! (…) Soutenez Alger Républicain, journal démocratique, libre et propre. Souscrivez pour lui ! », 1950. Impression sur papier. Archives nationales d’outre-mer, Aix en Provence.
 
Ernest Pignon-Ernest. Étude pour Henri Alleg, sur Alger Républicain, 1963. Technique mixte sur papier journal. Collection Ernest Pignon-Ernest.
 
Mireille Miailhe ; Patriotes algériens devant le tribunal, Blida, 4 février 1952. Lithographie sur papier. Musée du quai Branly – Jacques Chirac.
 
Coiffe de mariage marocain, XIXe-XXe siècle. Musée d’art et d’histoire du Judaïsme, Paris.
 
Boris Taslitzky. Esquisse pour le tableau Émeutes à Oran, 1951-1952. Encre de Chine et encre brune. Musée du quai Branly – Jacques Chirac.
 
Paul Almasy. Arrivée dans le port de Marseille, 1962. Tirage argentique noir et blanc sur papier, 54 × 49,5 cm. Musée national de l’histoire de l’immigration. Adagp, Paris, 2022.
Scénographie
 
Panneau didactique.
 
Monique Hervo. Enfants sur un vélo, bidonville de la Folie, Nanterre, 1971. Tirage d’exposition. Collection Monique Hervo.
 
Maurice Seveno. « Une terre qui leur est promise », 1962. Radiodiffusion télévision française. Archives INA.
 
Ensemble de photographies et d’archives appartenant à la famille Hanoun. Collection particulière Françoise Timsit.
 
Louis Narbo. Dans son sillage, 2020 ; Rue du Chêne, 2022. Série Scènes de la vie antérieure. Tirage pigmentaire Fine Art sur papier mat. Collection de l’artiste.

En 1962, Louise Narbo, issue d'une famille juive, quitte l'Algérie à 14 ans pour suivre ses études dans un pensionnat de la région parisienne. Dès ses premières photographies, elle questionne la mémoire et l'oubli à partir de ses propres expériences. La série Scènes de la vie antérieure, commencée en 2017, conduit sur les traces de cette histoire. En superposant archives personnelles et photographies d'identités, l'artiste traduit le long refoulement de la guerre et de l'exil.
 
Pierre Boulat. Paris-La Goutte d’or. Série La vie des Nord-Africains de Paris, 1955. Photographie sur papier baryté. Musée national de l’histoire de l’immigration.
 
Panneau didactique.
 
L’un des documents présentés par un dispositif audiovisuel autour de documents de 1948 classés confidentiels et actuellement conservés aux Archives nationales d’outre-mer.
 
Simone de Beauvoir, Gisèle Halimi. Djamila Boupacha, 1962. Livre imprimé. Édité par Gallimard, avec témoignages d'Henri Alleg, Mme Maurice Audin, Général de Bollardière, un portrait original de Picasso et un hommage des peintres Lapoujade et Matta. Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme.

Gisèle Halimi, avocate née dans une famille juive de la Goulette (Tunis), rencontre le 17 mai 1960 la militante indépendantiste algérienne Djamila Boupacha à la prison de Barberousse d'Alger. Cette dernière, arrêtée pour tentative d'attentat, témoigne à visage découvert, une première, du viol et des violences qu'elle a subis en prison. En médiatisant l'affaire, l'avocate fait de ce procès une tribune politique pour dénoncer les actes de torture et de viol pratiqués par l'armée française en Algérie. Ces deux femmes deviennent ainsi des figures de la lutte contre la violence du système colonial et pour l'égalité des droits des femmes..
 
Boîte à aumône, K.K.L. (Keren Kayemeth Leisrael, Fonds national Juif), sans date. Fer soudé. Collection particulière Bernard Allali.



Le Keren Kayemeth Leisrael, littéralement « Fonds pour la création de l'État d'Israël », a été créé en 1901 avec pour objectif la réunion de fonds nécessaires à l'acquisition de terres en Palestine ottomane, puis mandataire (1923-1948) pour y installer des pionniers juifs. Les « boîtes bleues », diffusées dans les communautés juives du monde entier et notamment en France, témoignent du soutien financier de la diaspora à l'État d'Israël. La carte de l'État d'Israël, destinée à un public francophone, rappelle la « ligne verte », issue de l'armistice de 1949, qui traça la ligne de démarcation entre Israël et les pays arabes voisins jusqu'en 1967.


5 - 1967 et après - Éloignement et oubli : vers d'autres destins

 
Éloignement et oubli : vers d'autres destins

La France de la fin des années 1960 compte 600 000 juifs et 700 000 musulmans (d'origine arabe et berbère), dont la grande majorité vient des pays du nord de l'Afrique. En 1967, le conflit israélo-palestinien s'invite en France. Les ondes de choc des bouleversements géopolitiques assombrissent par la suite les relations de groupes sociaux originaires du Maghreb partageant une culture nord-africaine commune.
En France, à partir des années 1980, la question de l'islam et de ses nouveaux modes d'affirmation s'impose sur la scène politique et religieuse. En parallèle, la montée de l'extrême droite entraîne une mobilisation importante de la jeunesse contre le racisme et l'antisémitisme. La relation de l'islam - deuxième religion de France - avec l'État est régulièrement perturbée par des tensions et des incompréhensions graves. Après le 11 septembre 2001, l'affaire des caricatures danoises (2005) et l'enchaînement tragique des actes terroristes commis au nom de l'islam, qui ont notamment visé des espaces et des citoyens juifs, entraînent un débat national confus et surmédiatisé sur la compatibilité de l'islam avec les règles de la République.

Entrée de la 5e section.
 
Texte du panneau didactique.
 
Tim. …sûr de lui-même et dominateur …, 1967. Encre noire et crayon sur papier filigrané. Musée d’art et d’histoire du Judaïsme, Paris.
 
Tim. Michel Jobert, ministre français des Affaires étrangères, 1973. Encre noire sur papier, corrections au correcteur blanc, écriture manuscrite au crayon de papier. Musée d’art et d’histoire du Judaïsme, Paris.
Texte au crayon : « Est-ce que tenter de remettre les pieds chez soi constitue forcément une agression imprévue ? (Jobert) ».
Scénographie
 
Panneau didactique.
 
Bernard Gourier. Manifestation de soutien pour Israël à Paris, 17 mai 1974. Épreuve au gélatino-bromure d’argent. Musée d’art et d’histoire du Judaïsme, Paris.
 
Autocollant de soutien à la visite de Yasser Arafat à Paris en 1989. Encre sur papier. La contemporaine. Bibliothèque, archives, musée des mondes contemporains.
 
Pierre Trovel. Visite de Yasser Arafat, président de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), en France, Paris, 3 mai 1989. Tirage photographique argentique en noir et blanc. Mémoires d’Humanité – Archives départementales de la Seine-Saint-Denis.
Scénographie
 
Sondage issu de l’article « Les Français sont-ils racistes ? », paru dans le journal Droit et Liberté, numéro 259, février 1967. Archives du MRAP.

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Panneau didactique.
 
Farid Boudjellal. Planches originales de Juifs Arabes, 2006. Encre, crayon, papier de calque. Collection de l’artiste.

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Scénographie
 
Panneau didactique.
 
École nationale supérieure des Beaux-arts. Affiche « Belleville une partie de carte = 5000 flics », mai 1968. Lithographie à l’encre orange avec tampon sur papier. Musée national de l’histoire de l’immigration.
 
François-Xavier Bouchart. Cinéma « Folies Belleville » rue de Belleville, Paris, 1968-1975. Tirage couleur à développement chromogène. Musée Carnavalet – Histoire de Paris.
 
Patrick Zachmann. Amitié Judéo Musulmane de France (AJMF) fondée par le Rabbin Michel Serfaty, Montreuil, 2006. Tirage d’exposition. Collection Patrick Zachmann.
Scénographie
Épilogue

Les relations judéo-musulmanes en France apparaissent aujourd'hui plus distendues et plus dégradées que jamais. Il n'en a pas toujours été ainsi. Des milliers d'individus, juifs et musulmans, n'ont cessé, depuis deux siècles, d'interagir en tant qu'immigrés, croyants, commerçants ou clients, musiciens, artistes, amis et amants, partageant une même sensibilité nord-africaine. Mais celle-ci tend désormais à s'effacer dans l'imaginaire des juifs natifs du Maghreb devant la place prise par Israël et la France, tandis que les musulmans de France expérimentent leur inscription heurtée dans le paysage religieux et politique national.
Les mémoires douloureuses, ravivées par les crimes et attentats antisémites des quinze dernières années, ne s'apaisent guère en France. En Algérie, le souvenir de la coexistence judéo-musulmane ne subsiste que chez les plus âgés. À l'inverse, l'amorce de reconnaissance par le Maroc et la Tunisie de la part juive dans leurs patrimoines respectifs ouvre un nouveau chapitre d'une histoire qui continue d'être écrite de part et d'autre de la Méditerranée.

 
Texte du panneau didactique.
 
Jean Pottier. Manifestation suite à l’attentat de la rue Copernic du 3 octobre 1980, octobre 1980. Tirage d’exposition. Collection Jean Pottier.
 
Patrick Zachmann. Inscriptions antisémites dans le carré juif du cimetière de Bagneux, avril 1981. Tirage argentique noir et blanc sur papier. Musée national de l’histoire de l’immigration.
 
Patrick Zachmann. Cité des Sablons (composée de 620 appartements), Sarcelles. Tirage d’exposition, 1989. © Patrick Zachmann / Magnum Photos.