JEAN-BAPTISTE HUET
(1745-1811). Le plaisir de la nature

Article publié dans la Lettre n° 394
le 21 mars 2016


 
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JEAN-BAPTISTE HUET (1745-1811). Le plaisir de la nature. C’est la première grande exposition monographique consacrée à cet artiste prolifique d’œuvres peintes, dessinées et gravées. Avec 72 tableaux, œuvres graphiques et objets décoratifs, l’exposition s’articule autour de trois sections thématiques présentant la richesse de l’œuvre de Jean-Baptiste Huet, qui incarne indéniablement le goût pour un XVIIIe siècle élégant et insouciant.
Exerçant l’essentiel de sa carrière à Paris et dans sa propriété de Villiers-sur-Orge, Huet se forme d’abord dans son milieu familial et reçoit ensuite l’enseignement du peintre animalier Charles Dagomer et les encouragements d’un élève de Boucher, Jean-Baptiste Le Prince. Reçu à l’Académie en 1769, Huet expose régulièrement au Salon et se voit confier des cycles décoratifs faisant la part belle à la nature. Peintre du Roi, il ne recherche cependant pas les commandes publiques, d’où sa faible notoriété, et réalise un très grand nombre de dessins pour la demande privée, usant avec brio de diverses techniques telles que la sanguine, le pastel, l’encre ou la pierre noire.
La première section de l’exposition est consacrée à la faune et à la flore. Une grande partie des œuvres dessinées de Huet consiste en l’étude d’animaux, finement décrits sur le vif. Certes on y voit une Tête de lion et une Lionne avec ses petits (vers 1801-1802), puisqu’il avait accès à la ménagerie royale, mais l’essentiel est consacré à des animaux de la campagne tels que chiens, chevaux, moutons, chèvres et animaux de bassecour d’un très grand réalisme. Récemment, en 1986, apparut un recueil d’études botaniques montrant là aussi l’intérêt de Huet pour la nature, à travers des plantes tout à fait communes, mais représentées avec un très grand talent d’observation.
Les « visions pastorales » de la deuxième section représentent de manière très idéalisée des scènes fantasmée de la vie à la campagne, un sujet qui remonte à l’Antiquité, jamais totalement oublié, et exalté au XVIIIe siècle. Huet puise son inspiration dans la peinture italienne et flamande de la Renaissance et de la période baroque, mais aussi de François Boucher avec qui il collabora, en compagnie de Fragonard, vers 1765-1770, pour orner la maison du graveur Gilles Demarteau. A côté d’un Loup percé d’une lance (1771) et de divers portraits de chiens, nous avons des scènes bucoliques telles ce Berger gardant un troupeau (1775), cet Enfant pêchant au bord d’une rivière (1789), cette Jeune Bergère et ses moutons (1780), ces Jeunes Bergers lâchant un oiseau (1781) et surtout ces deux huiles sur toile, La Bouquetière et La Laitière (vers 1780-1785), très éloignées de la véritable vie à la campagne à cette époque.
La troisième section est consacrée à la production la plus connue de Jean-Baptiste Huet, les gravures et dessins d’ornement pour des tapisseries et surtout pour des toiles de Jouy. En effet, c’est en 1760 qu’Oberkampf installe sa manufacture d’indiennes à Jouy-en-Josas, qui emploiera 1237 personnes en 1821. Une relation fructueuse s’établit entre Huet et la manufacture de Jouy, de 1783 à sa mort, en 1811. L’artiste laisse libre court à son inspiration et crée une multitude de motifs mariant le style antique au style rocaille, les pastorales à la mythologie, la littérature moderne aux sujets politiques. Des modèles de toile de Jouy tels que Les Quatre Parties du monde (vers 1785-1790), L’Escarpolette (vers 1783-1789) ou Médaillons et cartouches à l’antique (vers 1800-1805) sont extrêmement détaillés. Il en est de même avec ses cartons pour des joues de canapé ou des dossiers de bergère destinés à la manufacture royale de Beauvais, qui travaillait aussi bien pour le roi que pour le public.
Une exposition très intéressante, avec une jolie scénographie, permettant de visiter aussi un musée riche, entre autres, en peintures et objets du XVIIIe siècle collectionnés par les fondateurs de la Samaritaine. Musée Cognacq-Jay 3e. Jusqu’au 5 juin 2016. Lien : www.museecognacqjay.paris.fr.


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