L’IMPRESSIONNISME ET LA MODE

Article publié dans la Lettre n° 346
du 19 novembre 2012


L’IMPRESSIONNISME ET LA MODE. Cette exposition montre l’importance que les impressionnistes attachaient aux vêtements et aux accessoires aussi bien dans les portraits que dans les tableaux de plein air sans en faire pour autant des représentations méticuleuses. Dans la peinture impressionniste, selon les Goncourt, figures et vêtements « sont transfigurés par la magie des ombres et lumières ».
La toilette féminine, qui voit peu à peu l’abandon de la crinoline dans cette seconde moitié du XIXe siècle, est faite avec une multitude de composants, de techniques et de matériaux de toutes sortes : empiècement, mousseline, ruban, tresse, taffetas, pans, soutache, point de chaînette, ganse, perle, dentelle, agrafes, passementerie, cordonnet, fuseau, ceinture, faille, biais, nœud, organdi, rayures, soie floche, tulle, velours de soie, soie moire, pouf, drap de laine, bande, basque, satin, pli, gland, volant, polonaise, gaze, traîne, organza, guipure, baleine, panier, effilé, peluche, panneau, bouton, foulard, tarlatane, satin, maille, frange, tirette, crochet, etc. Leur énumération donne le tournis et montre la difficulté à décrire une robe !
Il ne reste que très peu de vêtements de cette époque, car l’usage était de récupérer le plus de choses possibles d’une robe pour en faire une autre. Les vêtements portés par les personnages représentés sur les tableaux sont donc des témoins de leur époque et nous livrent des informations que nous n’aurions pas autrement. L’attention portée par les impressionnistes à ces vêtements et accessoires est donc très intéressante. A voir les quelque soixante-seize peintures de Manet, Monet, Renoir, Degas, Caillebotte, Corot, Morisot, Cassatt, etc. et celles d’autres artistes, davantage préoccupés par la représentation de la Parisienne, comme Tissot ou Stevens, qui sont exposées, on mesure l’apport artistique des toilettes au tableau. Un vrai sujet en soi.
Si très peu de robes ou de vêtements masculins subsistent, il y en a cependant et le Musée Galliera et d’autres institutions et collectionneurs en ont prêté une trentaine, fait d’autant plus remarquable que de tels prêts sont rares, compte tenu de la fragilité et des conditions d’exposition de tels objets. A part le cas du tableau de Bartholomé, Dans la serre ou Madame Bartholomé, 1881, dont le musée d’Orsay possède et le tableau et la robe originale portée par Madame Bartholomé dans ce tableau, il ne faut pas chercher dans les vêtements et accessoires exposés, les originaux de ceux qui ont été peints. C’est quasiment impossible et ce n’est pas le sujet de l’exposition. En revanche la mise en parallèle des tableaux et des vêtements montrent bien que les peintres étaient attentifs aux toilettes de leurs modèles.
Dans le sommaire du catalogue, Robert Carsen, le scénographe, indique qu’il « essaie de créer un parcours qui aura un contenu intellectuel et un contenu émotionnel pour que la visite soit une expérience, comme une pièce de théâtre, avec prologue, premier acte, deuxième acte, troisième acte ». C’est particulièrement réussi dans le cas présent avec des parties bien distinctes consacrées au Phénomène de la mode 1860-1885, aux Portraits d’intérieur, aux vêtements de sortie au théâtre ou à l’opéra (Voir et être vus), aux vêtements masculins (Entre hommes) et enfin, dans une immense salle au sol évoquant une pelouse, aux Plaisirs du plein air. Deux salles, Premier défilé et Deuxième défilé, meublées de petites chaises Napoléon auxquelles sont accrochées des étiquettes portant les noms des personnages illustres de l’époque, une autre consacrée aux accessoires de mode (chapeaux, gants, escarpins, ombrelles) et une dernière qui nous montre ce que les femmes portaient sous leurs robes (Déshabillée), grâce aux fameux tableaux de Gervex (Rolla, 1878) et de Manet (Nana, 1877), complètent le parcours.
Avec des panneaux clairs et des cartels très détaillés et lisibles, cette exposition passionnante est un modèle en matière de présentation. Musée d’Orsay 7e. Jusqu’au 20 janvier 2013. Pour voir notre sélection de visuels, cliquez ici. Lien : www.musee-orsay.fr.


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