Parcours en images de l'exposition

LE GOÛT DE MARIE LESZCZYŃSKA

avec des visuels mis à la disposition de la presse,
et nos propres prises de vue

Parcours accompagnant l'article publié dans la Lettre n°480 du 29 mai 2019




Salle 1 - Marie Leszczyńska, une reine polonaise

Scénographie
Rien ne prédispose Marie Leszczyńska à devenir reine de France. Fille de Stanislas Leszczyński, roi déchu de Pologne contraint de céder son trône à l’électeur de Saxe Auguste II, elle s’est établie avec sa famille à Wissembourg (Alsace) en 1719. Sa gloire passée autorise son père à envisager pour elle une union avec un grand personnage. Mais après plusieurs déconvenues, l'histoire prend un autre tour. C'est non pas une alliance de sang royal qui attend la jeune femme, mais une union avec le roi lui-même.
En effet, en 1723, la disparition du Régent fait craindre la consécration de la branche cadette d’Orléans : si Louis XV venait à disparaître sans descendance, l’héritier du trône de France deviendrait le fils du défunt Régent. Or, à ce moment-là Louis XV, jeune roi de treize ans, est fiancé à l’infante d’Espagne, seulement âgée de sept ans. L’alliance est rompue au risque d’un incident diplomatique.
Le duc de Bourbon, Premier Ministre du souverain, se met alors en quête d’une princesse catholique, de sang royal et capable de mettre rapidement au monde un dauphin. C’est ainsi que Marie Leszczyńska, fille d’un roi détrôné, s’unit à Louis XV le 5 septembre 1725, dans la chapelle de la Trinité du château de Fontainebleau. Elle a vingt-deux ans, sept de plus que le souverain.

 
Texte du panneau didactique.
 
Jean-Baptiste Van Loo (1684-1745). Marie Leszczyńska (1703-1768), reine de France, vers 1725. Huile sur toile, 81,5 cm x 66 cm. Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon.
 
Jean-Baptiste Van Loo (1684-1745). Catherine Opalińska (1680-1747), 1727. Huile sur toile, 145,5 cm x 113 cm. Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon.
 
Jean-Baptiste Van Loo (1684-1745). Stanislas Ier Leszczinski, roi de Pologne, 1727. Huile sur toile, 146 cm x 113,7 cm. Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon.
 
Alexis-Simon Belle (1674-1734). Marie Leszczyńska (1703-1768),
reine de France, et le dauphin Louis Ferdinand (1729-1765)
, vers 1730. Huile sur toile, 159 cm x 122,8 cm.
Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon. © Château de Versailles, Dist. RMN / Christophe Fouin.
 
Anonyme, XVIIIe siècle. Louis XV (1710-1774), roi de France, vers 1728. Huile sur toile, 304 cm x 180 cm. Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon. © RMN-GP (Château de Versailles) /
Gérard Blot.


Salle 2 - Les partis pris artistique de la Reine



Scénographie
Tout au long de son règne, Marie Leszczyńska exprime son goût personnel, aussi bien en ce qui concerne l'aménagement de ses appartements officiels et privés, que lors des nombreuses commandes qu'elle passe directement aux artistes. La Reine aime s'entourer d'oeuvres d'art et notamment des portraits de sa famille.

Ainsi, les peintres les plus talentueux, tels Alexis-Simon Belle, Jean-Marc Nattier, ou encore Pierre Gobert, sont appelés pour exécuter des portraits des dix enfants royaux, nés entre 1727 et 1737.

En ce qui concerne l'aménagement même du Château, Marie Leszczyńska souhaite, dès 1725, mettre sa chambre au goût du jour : des boiseries, exécutées par Vassé, prennent place au-dessus de la cheminée dont on renouvelle le marbre par le choix d’un sarrancolin. Quant aux virtuoses Verbeckt, Dugoulon et Le Goupil, ils sculptent le décor entre les fenêtres. Les dessus-de-porte, toujours en place aujourd’hui, sont commandés pour la Reine en 1734 : par Jean-François de Troy, La Gloire des princes s’empare des Enfants de France, figurant le Dauphin et ses deux soeurs aînées, et par Charles-Joseph Natoire, La Jeunesse et la Vertu présentent les deux princesses de la France. En 1735, le plafond est repeint : Apollon au milieu des Heures par Gilbert de Sève disparaît au profit d’un décor géométrique orné des chiffres entrelacés du couple royal. Au même moment, la Direction des Bâtiments du Roi, sur ordre de Louis XV, demande à François Boucher d’orner les voussures de quatre grisailles représentant des Vertus : La Prudence, La Piété, La Charité, La Libéralité. Mais Marie Leszczyńska doit attendre près de trente ans pour qu’en 1764 la dorure, si fanée, soit restaurée sous la direction de François Vernet.

Au château de Versailles où elle mène une vie réglée par l’étiquette, Marie Leszczyńska aspire à vivre, ne serait-ce que quelques heures par jour, en simple particulière. Chaque après-midi, elle se retire en son appartement privé pour lire, méditer, y recevoir son cercle le plus intime. Aussi la souveraine joue-t-elle un rôle essentiel dans la distribution des espaces situés à l’arrière de son Grand Appartement. Elle est la première à les occuper et à en revoir la distribution.

 
Extrait du dossier de presse
 
Pierre Gobert (1662-1744). Louise Élisabeth de France (1727-1759), duchesse de Parme, et Anne Henriette de France (1727-1752), vers 1730-1732. Huile sur toile, 106 cm x 89,5 cm. Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon.
Scénographie
 
Jean-Marc Nattier (1685-1766). Sophie Philippine Élisabeth Justine de France (1734-1782), dite Madame Sophie, 1748. Huile sur toile, 81,3 cm x 64,6 cm. Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon.
 
Jean-Marc Nattier (1685-1766). Marie Louise Thérèse Victoire de France (1733-1799), dite Madame Victoire, 1748. Huile sur toile, 81 cm x 64,5 cm. Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon.
 

Jean-Marc Nattier (1685-1766). Louise Marie de France (1737-1787), dite Madame Louise, 1748. Huile sur toile, 82 cm x 66,1 cm. Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon.

 
Chocolatière et son réchaud à esprit de vin. Pièce du nécessaire offert à la reine Marie Leszczyńska à l’occasion de la naissance
du Dauphin. Henri-Nicolas Cousinet (?-vers 1768), Paris, 1729-1730.
Vermeil.
Paris, musée du Louvre. Don de la Société des amis du Louvre avec le concours de Stavros S. Niarchos, 1955.


Salle 3 - L'aménagement des cabinets de la Reine



Scénographie
De 1726 à 1730, Marie Leszczyńska fait aménager ses appartements privés. Plus confortables que l’appartement d’apparat, ils se composent d’un oratoire, d’une Galerie Verte, d’une Chambre des Bains, d’un Cabinet de Retraite et d’un Cabinet des Poètes « extrêmement petit où la reine rassembla beaucoup de poésies […] » (Luynes, Mémoires). Autour de la cour de Monseigneur, on aménage également des terrasses et des balcons garnis de fleurs, de sculptures en plomb et d’une grotte de rocailles.
Une deuxième campagne d’aménagement a lieu en 1747- 1748. À ce moment-là, l’oratoire est transféré au revers du cabinet intérieur (actuelle chambre des bains) donnant sur la cour de Monsieur, et on crée à son emplacement un cabinet à pans (futur cabinet de la Méridienne), lambrissé par Verbeckt. La Galerie Verte devient alors le Laboratoire, ou Cabinet des Chinois, d’abord tendu de panneaux de papier de la Chine, selon la mode du temps, puis, en 1761, orné de peintures. La Reine y passe de longues heures, jouant de quelque instrument, dessinant, peignant, ou faisant usage de son imprimerie.
De nombreux tableaux de dévotion sont disséminés dans l’ensemble de ces pièces, dans l’oratoire, mais aussi dans le « cabinet à niches et à pans », et dans la garderobe.
Tous les genres picturaux sont représentés : dans la chambre des Bains, dont la sculpture est confiée à Rousseau, on place deux oeuvres de Natoire : un Concert champêtre et Une bergère et sa compagne. Dans le Grand Cabinet intérieur, au-dessus des portes à double battant, sont accrochés les portraits de Mme Henriette en Flore et de Mme Adélaïde en Diane.
De cet appartement, seul le Boudoir échappe aux remaniements effectués sous Louis XVI. Les cabinets de Marie Leszczyńska préparent ainsi ceux de Marie-Antoinette tels que nous les connaissons aujourd'hui.

 
Texte du panneau didactique
 
Alexis-Simon Belle (1674-1734). Marie Leszczyńska (1703-1768), reine de France, 1725. Huile sur toile, 206 cm x 137 cm. Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon. © Château de Versailles.
Jean-Baptiste Oudry (1686-1755). Les cinq sens. Une femme trayant une vache (Le toucher). Un berger jouant de la musette (L’ouïe), Une femme regardant dans une lanterne magique (La vue). Un déjeuner de pêcheurs (Le goût). Une jeune bouquetière (L’odorat), 1749. Huile sur toile. Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon. © RMN-GP (Château de Versailles) / Franck Raux.
 
Jean-Baptiste Oudry (1686-1755). Les cinq sens. Un berger jouant de la musette (L’ouïe), 1749. Huile sur toile, 144,2 cm x 78,4 cm. Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon.
 
Jean-Baptiste Oudry (1686-1755). Les cinq sens. Une jeune bouquetière (L’odorat), 1749. Huile sur toile, 144,4 cm x 66 cm. Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon. © Château de Versailles.
 
Attribué à la manufacture de « terre d’Angleterre » de Pont-aux-Choux à Paris, ou à la manufacture Chambrette à Lunéville. Buste de Louis XV, vers 1744-1760. Faïence fine à glaçure plombifère, H. 51,2 cm ; L. 26,5 cm ; P. 25 cm. Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon.
 
Attribué à la manufacture de « terre d’Angleterre » de Pont-aux-Choux à Paris, ou à la manufacture Chambrette à Lunéville.  Buste de Marie Leszczyńska, vers 1744-1760. Faïence fine à glaçure plombifère, H. 51,5 cm ; L. 24,2 cm ; P. 18,5 cm. Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon.
Scénographie
 
Marie Leszczyńska (1703-1768). La Bataille de Fontenoy, le 11 mai 1745. Huile sur toile, 66,5 cm x 106,9 cm. Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon.
 
Marie Leszczyńska (1703-1768). Une Ferme, d’après Jean-Baptiste Oudry, 1753. Huile sur toile. Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon. © RMN-GP (Château de Versailles) / © Gérard Blot.
 
Vase à rocailles à décor de rubans roses et de bouquets de fleurs peints au naturel. Manufacture royale de porcelaine de Sèvres, 1757-1758. Porcelaine tendre. Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon. © Château de Versailles, Dist. RMN / © Christophe Fouin.
 
Marie Leszczyńska (1703-1768). Une Ferme, d’après Jean-Baptiste Oudry, 1753. Huile sur toile (détail).


Salle 4 - Le goût chinois de la Reine



Scénographie
Marie Leszczyńska éprouve une attirance particulière pour la Chine. En 1747, elle installe un Cabinet chinois dans son Laboratoire, au coeur de son appartement intérieur. Elle décide, dès 1761, de le remplacer par un ensemble de toiles dit Cabinet des Chinois. Les tableaux sont exécutés par cinq peintres du Cabinet du roi : Coqueret, Frédou, de La Roche, Prévost et Jeaurat, ainsi que par la Reine elle-même.

Ces toiles montrent une Chine pittoresque, inspirée des recueils de voyageurs au pays de Cathay. On y découvre notamment la préparation du thé, on y évoque l’évangélisation des Chinois par les Jésuites, on y montre une foire à Nankin. Architectures, costumes et paysages y sont décrits avec minutie ; la perspective à vue d’oiseau s’inspire de la peinture chinoise.

La souveraine meurt le 24 juin 1768. Par testament, elle a légué ce Cabinet à sa dame d’honneur, la comtesse de Noailles, la priant de conserver ces peintures « par amour d’elle ». La décoration de cette petite pièce comprend également des porcelaines de Saxe et d’Extrême-Orient ainsi que des objets en laque dont certains proviennent d’achats réalisés à Paris dans la boutique du mercier Lazare Duvaux.

L’acceptation du legs entraîne de fortes dépenses ; c’est pourquoi les Noailles demandent par dédommagement les boiseries et les miroirs de la pièce. Ayant également reçu les meubles qui la garnissent, la dame d’honneur rétablit le Cabinet dans son état originel. Pour l’accueillir, on construit un pavillon dans le jardin de l’hôtel de Noailles-Mouchy, à Paris. Au XIXe siècle, les toiles passent de la capitale au château des Noailles, situé dans l’Oise. Le Cabinet des Chinois demeure chez les descendants de madame de Noailles jusqu’à son acquisition par le château de Versailles en 2018.

 
Texte du panneau didactique
 
Jean-Marc Nattier (1685-1766). Marie Leszczyńska (1703-1768), reine de France, 1748. Huile sur toile, 139 cm x 107,1 cm. Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon.
Scénographie
 
Marie Leszczyńska (1703-1768), Henri-Philippe-Bon Coqueret (1735-1807), Jean-Martial Frédou (1710-1795), Jean-Philippe de La Roche (vers 1710-1767), Jean-Louis Prévost (actif de 1740 à 1762), sous la direction d’Étienne Jeaurat (1699-1789). Tableaux du Cabinet des Chinois, 1761. Huile sur toile. Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon. © Château de Versailles, Dist. RMN / Christophe Fouin.
Le cercle de la reine

Marie Leszczyńska réunit à Versailles un salon composé d’un cercle d’amis fidèles et intimes, parmi lesquels le duc et la duchesse de Luynes. C’est auprès d’eux, dans ses cabinets privés, que la Reine puise la force d’affronter le poids de la vie de Cour, échangeant ses idées lors de soupers suivis de parties de jeux. Parmi les beaux esprits familiers de la Reine, figurent des écrivains, des philosophes, ou des ministres, comme Maurepas, mais aussi Paradis de Moncrif, lecteur de la Reine.

Charles Jean-François Hénault occupe auprès de la souveraine un rôle non négligeable. De la génération des parents de Marie Leszczyńska, il appartient à une puissante famille parisienne. Dans sa jeunesse, il embrasse une


 
carrière de magistrat en tant que président de la première chambre du Parlement de Paris. Dès lors, ce correspondant régulier de Voltaire se fait appeler « Président Hénault ». En 1753, on lui confie la charge de surintendant de la Maison de la Reine. Marie Leszczyńska lui porte une amitié particulière ; il est son principal conseiller et son gestionnaire.

Le président Hénault rédige à la fin de sa vie des Mémoires. Publiés après sa mort, ils constituent un rare témoignage sur la vie de Cour sous Louis XV. Il écrit ainsi : « Marie Leszczyńska, fille de Stanislas, roi de Pologne fut […] une des plus grandes reines qui ait régné, depuis la reine Blanche [...] et la force de ses exemples fit, d’une cour très dissipée, une cour tout occupée de pratiques de la religion, sans en diminuer la gaieté ni la majesté. »
Texte du panneau didactique
Pièces du nécessaire offert en 1737 à la reine Marie Leszczyńska par Auguste III (1696-1763), roi de Pologne et Électeur de Saxe. Manufacture de porcelaine de Meissen, Saxe, 1737. Porcelaine dure. Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon.
En décembre 1737, le comte Maurice de Saxe (1696-1750) offre à Marie Leszczyńska un somptueux nécessaire à thé et à chocolat en porcelaine de la part de Frédéric-Auguste II (1696-1763), électeur de Saxe depuis la mort de son père en 1733, devenu roi de Pologne, sous le nom d’Auguste III. Par ce geste, ce dernier souhaite apaiser les tensions diplomatiques suscitées par la guerre de succession de Pologne et, en particulier, par la mise à l’écart définitive du trône de Pologne de Stanislas Leszczyński.

L’ensemble, très important, comprend à l'origine cinquante-six pièces, toutes ornées des armes de France et de Pologne couronnées, d’un abondant décor peint en miniature et de riches rehauts d’or. Depuis 2014, treize pièces de ce présent, dispersé à la Révolution, sont revenues à Versailles. Elles illustrent la qualité et le luxe des pièces de porcelaine, adressées aux différents princes et grands seigneurs européens par la cour de Saxe. Elles permettent aussi d’évoquer les enjeux diplomatiques, politiques et économiques dissimulés derrière la fabrication de l’or blanc saxon et l’envoi de ces cadeaux.

La France doit à son tour suivre l’exemple saxon à partir de 1758, lorsque Louis XV juge que les productions de la Manufacture royale de porcelaine de Sèvres peuvent figurer parmi les cadeaux diplomatiques de la cour de France. Il en fait une arme diplomatique remarquée.

 
Texte du panneau didactique
 
Pièces du nécessaire offert en 1737 à la reine Marie Leszczyńska par Auguste III (1696-1763), roi de Pologne et Électeur de Saxe. Manufacture de porcelaine de Meissen, Saxe, 1737. Porcelaine dure.
Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon.
© Château de Versailles, Dist. RMN / Christophe Fouin.
 
Dessus-de-portes.
 
Dessus-de-portes.


Salle 5 - La dévotion de la Reine



Scénographie
Très pieuse depuis son enfance, Marie Leszczyńska ponctue sa vie d’actes de dévotion.

À Versailles, elle assiste chaque jour à deux messes et se confesse quotidiennement. Elle consacre également un temps à la vénération de relique, et à de pieuses lectures. Le Jeudi Saint, elle prend part à la cérémonie de la Cène. La salle des Gardes de son Grand Appartement est pour l’occasion transformée en chapelle ; après avoir entendu le sermon et reçu la bénédiction, la souveraine lave les pieds de douze jeunes filles. Chacune reçoit ensuite une bourse et un repas.

La pratique religieuse de la Reine se traduit aussi par son attachement à soulager la misère. Elle protège les hospices, les dispensaires, les fondations charitables, visite régulièrement Saint-Cyr, et s’intéresse particulièrement au carmel de Compiègne. Elle aide aussi le curé de Saint-Sulpice à créer la maison de l’Enfant-Jésus, où sont élevées des jeunes filles pauvres et où des femmes trouvent un travail. Elle soutient encore les oeuvres des filles de Saint-Vincent-de-Paul et la dévotion toute nouvelle au Sacré-Coeur de Jésus, par l’établissement d’une de ses confréries à la paroisse Notre-Dame à Versailles.

Enfin, elle crée non loin du Château le couvent de la Reine (actuel lycée Hoche). Une communauté de chanoinesses régulières de Saint-Augustin s’y installe en 1773, quatre ans après la mort de Marie Leszczyńska.

Son attachement au culte des saintes martyres des premiers temps de la Chrétienté et à Saint François-Xavier, à une époque où les jésuites sont expulsés de France, est manifeste. Plusieurs commandes de peintures ainsi que les reliques en sa possession en témoignent. Sa vaste bibliothèque comprend de nombreux livres de dévotion, parmi lesquels des récits édifiants.

 
Texte du panneau didactique
 
Charles-Antoine Coypel (1694-1752). Sainte Piame retirée avec sa mère dans un village de Haute-Égypte, 1747. Huile sur toile, 106 cm x 77,5 cm. Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon.
 
Charles-Antoine Coypel (1694-1752). Sainte Landrade instruisant les jeunes personnes qui s’étaient mises sous sa conduite, 1747. Huile sur toile, 106 cm x 77,5 cm. Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon.
 
Charles-Antoine Coypel (1694-1752). La Mort de Saint François-Xavier, 1749. Huile sur toile. Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon. © Château de Versailles, Dist. RMN /
Christophe Fouin.
 
Jean-Marc Nattier (1685-1766). Marie Josèphe de Saxe en marmotte, 1750-1751. Huile sur toile, 54 cm x 44,5 cm. Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon.
 
Pierre-Claude Fontenai (1683-1742). Histoire de l’Église gallicane. Paris, 1739, chez François Montalent. Versailles, Bibliothèque municipale.


Salle 6 - Marie Leszczyńska et le goût « à la grecque »



Scénographie
Durant les quinze dernières années du règne de Marie Leszczyńska, se développe en France un nouveau courant artistique, connu dès le XVIIIe siècle sous le nom de goût « à la grecque ». Ce courant qui constitue la première phase du mouvement néoclassique se fonde sur le rejet des formes de la rocaille jugées démodées, sur un retour affiché à la simplicité de l’antique et sur l’usage d’un répertoire décoratif et de thèmes puisés dans l’art grec.

La Reine participe à sa manière à ce mouvement. En 1753, elle commande, par exemple, à celui qui doit devenir le chef de file de ce style dans le domaine de la peinture, Joseph Marie Vien (1716-1809), un dessus-de-porte pour son cabinet, représentant Saint François-Xavier qui débarque à la Chine.

Plus tard, en 1766, Marie Leszczyńska fait venirà Versailles le lorrain, Richard Mique (1728-1794) qui a occupé à Nancy les fonctions de Premier architecte pour son père, Stanislas Leszczyński († en 1766). Elle lui confie la réalisation d’un projet qui lui tient particulièrement à coeur : la construction à Versailles du couvent de chanoinesses de Saint-Augustin, dédié à l’éducation des jeunes filles (actuel lycée Hoche). Le plan choisi pour la chapelle du couvent est celui d’une croix grecque, inscrite dans un carré précédé d’un portail d’entrée, orné d’un péristyle à colonnes ioniques, surmonté d’un fronton triangulaire. La chapelle est achevée après la mort de la Reine grâce à la détermination de sa fille, madame Adélaïde.

La manufacture royale de porcelaine de Sèvres adopte également dès le début des années 1760, le nouveau style dans le domaine des pièces de service comme dans celui des vases et de la sculpture. Le sculpteur Étienne-Maurice Falconet (1716-1791), responsable de l’atelier de sculpture de 1757 jusqu’en 1766, donne de très nombreux modèles de biscuits et de vases, d’allure néoclassique.

 
Texte du panneau didactique
 
École de Jean-Marc Nattier (1685-1766), d’après Maurice Quentin de La Tour. Marie Leszczyńska (1703-1768), reine de France, 1747-1748. Huile sur toile, 60 cm x 49,5 cm. Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon.
Un vase avec des cygnes et deux vases « à jet d’eau ». Manufacture royale de porcelaine de Sèvres, 1765-1766. Porcelaine tendre.
Paris, musée du Louvre, département des Objets d’art.
Un vase avec des cygnes et deux vases « à jet d’eau ». Manufacture royale de porcelaine de Sèvres, 1765-1766. Porcelaine tendre.
Paris, musée du Louvre, département des Objets d’art.
Ces trois vases, d’une forme très architecturée, sont créés à la manufacture de Sèvres sous la direction d’Étienne- Maurice Falconet. Les vases « à jet d’eau » et le vase « avec des cygnes », façonnés autour d’une colonne tronquée, un poncif du goût « à la grecque », participent pleinement à ce recours à un répertoire qui se voulait résolument antique. Les vases reposent sur des pieds moulurés enrichis de divers ornements. Une colonne cannelée tronquée, d’inspiration néoclassique, simule la vasque d’une fontaine. Les deux cygnes aux ailes déployées du vase central, comme les dauphins sur les vases latéraux jouent des multiples effets des oppositions de couleurs : le « bleu nouveau », le blanc de la porcelaine et les riches rehauts d’or. L’iconographie singulière des dauphins placés sur les vases « à jet d’eau » fut créée pendant l’année 1765, et ces pièces pourraient être un hommage au nouveau Dauphin, le duc de Berry (futur Louis XVI), qui prit le titre à la mort de son père en décembre 1765.

Cette exceptionnelle garniture semble correspondre à un achat de Louis XV pendant l’année 1766.

Ces vases sont présentés en conclusion de l'exposition. Ils démontrent l'évolution du goût de la Reine, avec les temps et les modes artistiques.

 
Texte du panneau didactique
 
Vase avec des cygnes. Manufacture royale de porcelaine de Sèvres,
1765-1766. Porcelaine tendre.
Paris, musée du Louvre, département des Objets d’art.