GIACOMETTI ET LES ETRUSQUES

Article publié dans la Lettre n° 329
du 19 septembre 2011


GIACOMETTI ET LES ETRUSQUES. Les étrusques formaient un peuple encore mal connu qui occupait le centre de l’Italie (Toscane et Ombrie actuelles) et qui dominait la Mer Méditerranée. C’est pour cela que les grecs le qualifiait de peuple de pirates. Mais ils n’étaient pas que des hommes de la mer et leur civilisation est l’une des plus brillantes avant Rome. En effet elle remonte au IXe siècle avant notre ère et nous a légué de nombreux témoignages classés en quatre périodes.
La plus ancienne, dite villanovienne, se situe aux IXe et VIIIe siècles. Elle nous a laissé des tombes avec des urnes cinéraires et un mobilier de plus en plus riche et abondant, grâce aux influences grecques dont les importations, en échange des richesses minérales de l’Etrurie, étaient copiées par les artisans étrusques.
La seconde, dite période orientalisante, va de 720 à 580 avant notre ère. Les étrusques adoptent alors l’alphabet grec. Sur le plan funéraire apparaissent d’énormes tumulus, ayant jusqu’à 50 mètres de diamètre, contenant un luxueux mobilier avec des objets en or, argent, ivoire, ambre, et surtout des exemplaires de cette fameuse céramique typiquement étrusque, le bucchero, parfaitement noire et très différente des céramiques attiques de la même époque. Vient ensuite la période archaïque et classique (580-340 avant notre ère) qui marque l’apogée de l’Etrurie. Une dynastie étrusque (Tarquin l’Ancien …) s’installe sur le trône de Rome. Les tombes sont plus petites mais certaines sont peintes. Les cités, indépendantes les unes des autres, adoptent, comme à Rome, la république aristocratique au lieu de la royauté. Les importations d’objets d’art sont nombreuses et les artistes locaux s’en inspirent. C’est autour de 400 avant notre ère que sont réalisés plusieurs chefs-d’œuvre en bronze ou en terre cuite.
Vient enfin la période hellénistique (340 - fin du Ier siècle avant notre ère). Rome s’empare peu à peu de toutes les cités étrusques, désunies et en proie à des troubles sociaux. La romanisation de l’Etrurie est en marche mais la langue étrusque est utilisée jusqu’à la fin de cette période et la production artistique et artisanale est encore importante avec, entre autres, de grands bronzes et de belles urnes cinéraires.
L’exposition nous présente un très beau choix de quelque 190 objets de ce peuple encore étrange et mystérieux : urnes cinéraires finement sculptées, céramiques, canopes, bijoux, statues, etc., tout à fait intéressants.
Mais pourquoi associer le peintre et sculpteur suisse Alberto Giacometti (1901 - 1966) aux étrusques ? L’explication nous en est donnée dès la première salle. Celui-ci, visitant l’exposition du Louvre de 1955 sur les étrusques, avait été frappé par des statuettes en bronze à nulles autres semblables, donnant de l’homme une représentation filiforme. De nombreux témoignages et écrits l’attestent.
Giacometti, très influencé par la sculpture cubiste dans les années 1925-1929, se tourna ensuite vers la plastique antique méditerranéenne et européenne. Comment en est-il arrivé à la même façon d’interpréter le monde que cet artiste qui réalisa, il y a 2500 ans, L’Ombre du Soir, le chef-d’œuvre étrusque présenté dans cette exposition ? Ainsi il n’était pas le premier à réaliser des statues longilignes, avec des représentations de corps étirés, immobiles (Femme debout, 1949) ou en mouvement (L’ Homme qui marche, 1960). Une confrontation vraiment passionnante avec près de 60 pièces de Giacometti. Pinacothèque de Paris 8e. Jusqu’au 8 janvier 2012. Pour voir notre sélection de visuels, cliquez ici. Lien : www.pinacotheque.com.


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