
Parcours en images de l'exposition
GABRIELE MÜNTER
Peindre sans détours
avec des visuels
mis à la disposition de la presse
et nos propres prises de vue
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Entrée de l'exposition |
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Scénographie |
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«Ce qui est expressif dans la réalité, je l'extrais, je le représente, simplement, sans détours, sans fioritures. Ainsi, [...] les formes se rassemblent en contours, les couleurs en surfaces, il en résulte des esquisses du monde, des images.»
Gabriele Münter
Gabriele Munter (1877-1962) compte parmi les femmes artistes les plus éminentes de l’expressionnisme allemand. Artiste voyageuse, indépendante, habitée par la passion de la création, elle a suivi une vocation nourrie par la pratique du dessin dès son plus jeune âge. Afin de se libérer des contraintes des académies d’art traditionnelles, elle s’inscrivit en 1902 à l’école de la Phalanx à Munich. Elle y rencontra Vassily Kandinsky (1866-1944), dont elle fut la compagne jusqu’en 1916, participant à la fondation des cercles munichois d’avant-garde: la Nouvelle Association des artistes de Munich en 1909, puis Le Cavalier bleu en 1911
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Vassily Kandinsky (1866-1944). Gabriele Münter, 1905. Huile sur toile. Munich, Lenbachhaus; donation Gabriele Münter, 1957. |
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Texte du panneau didactique. |
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Voyages et lieux de vie de Gabriele Münter
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Le parcours chronologique commence par les photographies, prémices de sa carrière artistique. Témoignant de ses premiers voyages, aux États-Unis (1898-1900) et en Tunisie (1905), celles-ci sont d’une surprenante qualité visuelle et novatrice. Puis on découvre ses gravures, lors de son premier séjour parisien (1906-1907), marqué par la rencontre des avant-gardes, en particulier du fauvisme. Suivent les chefs d’œuvres de sa période expressionniste (1908-1914), correspondant à son activité au sein des avant-gardes munichoises. La section suivante évoque les intérêts de Münter pour les expressions vernaculaires et l'art des enfants. Un ensemble inédit de ses dessins ouvre sur son second séjour parisien (1929-1930), qui révèle son évolution stylistique, en lien avec les nouvelles tendances de la figuration. Le parcours se clôt avec quelques œuvres phares du milieu des années 1930 à la fin des années 1950, qui donnent un aperçu de la permanence et de l'intensité de l’engagement artistique de Gabriele Münter, le projet d’une vie, elle qui déclarait vouloir simplement peindre «sans détours» |
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Note sur les techniques picturales de Gabriele Münter
Les recherches actuelles concernant les techniques picturales des artistes modernes montrent que celles-ci sont complexes: d’une part, certaines techniques ressemblent à de la peinture à l’huile alors qu’elles ne contiennent presque pas d’huile; d’autre part, des liants aqueux contenant de fortes concentrations d’huile ont été utilisés. Ainsi, l’expression «huile sur toile», employée de façon générique et simplifiée, recouvre en réalité une gamme variée de techniques de peintures. Concernant les œuvres de Gabriele Münter, l’huile a souvent été détectée dans les analyses récentes des liants auxquels elle a eu recours. Toutefois, une analyse détaillée n’étant pas disponible pour l’ensemble de ses peintures, les expressions «huile sur toile» et «huile sur carton» n'ont délibérément pas été retenues dans les notices techniques des œuvres provenant de la Gabriele Münter und Johannes Eichner Stiftung et de la Städtische Galerie im Lenbachhaus und Kunstbau München; seul le support (carton ou toile) est ainsi indiqué.
Lenbachhaus = Städtische Galerie im Lenbachhaus und Kunstbau München.
Toutes les citations sont de Gabriele Münter. |
Texte du panneau didactique sur le parcours de l'exposition. |
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Note sur les techniques picturales de Gabriele Münter et autres notes. |
1 - KODAK GIRL
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Scénographie |
États-Unis
Profitant d'un long séjour (1898-1900) auprès de sa lointaine famille émigrée aux États-Unis, Münter réalise des centaines de prises de vue après avoir acheté un appareil photo dans une ville du Texas. Elle exploite avec virtuosité les diverses possibilités qu'offre ce médium encore récent. Alors peu influencée par un enseignement artistique précis, Münter suit ses propres goûts et intérêts, aiguisant ainsi sa vision. Ses futurs thèmes de prédilection émergent presque tous: le paysage, l'enfance, le travail et le portrait. Ces photographies, qui peuvent être considérées comme les premières œuvres de Münter, marquent le début de sa longue carrière. |
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Texte du panneau didactique. |
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Gabriele Münter. Famille réunie devant une barrière en bois (assise en haut à droite, Emmy Münter; debout à droite, Willie Scheuber). Marshall, Texas, mai-juillet 1900. Tirage d'exposition. Munich, Gabriele Münter und Johannes Eichner Stiftung.
L'ombre portée de Münter est visible sur ce portrait de famille ainsi que sur celui de la Petite fille dans une rue, à Saint-Louis. On voit qu'au lieu de placer l'appareil au niveau du ventre comme il était préconisé avec ce modèle, elle le tenait plus haut. L'image visible dans le viseur ne correspondant pas au cadrage sur le négatif, il était recommandé de garder l'appareil à hauteur de la poitrine pour éviter que le premier plan n'occupe une trop grande partie de la composition. Les clichés de Münter ne présentent pas de déformation optique, contrairement à ceux des photographes amateurs; cela montre que l'artiste a maîtrisé cette nouvelle technique rapidement et sans difficulté. |
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Gabriele Münter. De haut en bas et de gauche à droite:
- Deux femmes sur une voiture tirée par des chevaux traversant un ruisseau, Moorefield, Arkansas, juillet 1900.
- Mrs. Bessie Allen avec une vache et un veau, Marshall, Texas, mai-juillet 1900.
- Mrs. Allen dans son séjour. Marshall, Texas, mai-juillet 1900.
- Moromountain. Mr. Crow, Jane Lee, Miss Crow, Beulah, Mrs. E. Crow, Willie (Scheuber). Emmy (Münter), Texas. 22 avril 1900.
- Susie et Sullivan, Marshall, Texas, mai-juillet 1900.
- Train à vapeur sur un remblai, Arkansas ou Texas, 1899-1900.
Tirages d'exposition. Munich, Gabriele Münter und Johannes Eichner Stiftung. |
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Gabriele Münter. Trois femmes en habit du dimanche, Marshall, Texas, 19 juin 1900. Tirage moderne, 46 x 34,5 cm. Munich, Gabriele Münter - und Johannes Eichner – Stiftung. Crédit: The Gabriele Münter and Johannes Eichner Foundation, Munich. © Adagp, Paris, 2025. |
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Gabriele Münter. Garçons jouant entre Abilene et le lac d’Abilene le jour de notre départ, Texas, 17 mai 1900. Tirage d'exposition. Munich, Gabriele Münter und Johannes Eichner Stiftung. |
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Scénographie |
Tunisie
Au cours d'un voyage en Tunisie (fin 1904-1905), Münter et Kandinksy parcourent des lieux éloignés des circuits touristiques de l'époque. Ils travaillent beaucoup, côte à côte, sur le motif. Si Münter se plaît à broder des textiles d'après des esquisses de Kandinsky, elle réalise surtout près de 150 peintures et dessins, et prend environ 180 photographies. Il s’agit moins d’une expérience artistique que d’une confrontation à une culture autre dont elle fixe le quotidien, les gens dans la rue, des éléments d'architecture et de calligraphie. Ses peintures et photographies témoignent d’une vision originale qui échappe aux poncifs orientalistes.
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Texte du panneau didactique. |
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Vassily Kandinsky. Gabriele Münter dessinant sur un rocher à proximité du fort Sidi Bel-Hassen, Tunis, 1905. © Gabriele Münter - und Johannes Eichner - Stiftung, Munich. |
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Gabriele Münter. De haut en bas et de gauche à droite :
- Rue du Pacha, près de la rue de la Hafsia, Tunis, 1905.
- Café arabe, rue Sidi el-Bechir, Tunis, 1905.
- Fête foraine pour l'Aïd, promeneurs, Tunis, 1905.
- Zaouia de Sidi Kaddar, rue du Pacha, Tunis, 1905.
- Marabout de Sidi Yahia, vu de l'angle sud-est, Sousse, mars 1905.
- Porte du Ksar er-ribat, Sousse, mars 1905.
- Reflets dans l’eau du lac de Tunis, au loin le Boukornine, 1905.
- Entrée de la zaouia de Sidi Bou Jaffar, Sousse, mars 1905.
- Enfants dans une cour, Tunisie, 1905.
Tirages d'exposition. Munich, Gabriele Münter und Johannes Eichner Stiftung. |
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CHRONOLOGIE 1
1877 Naissance à Berlin. Son père décède en 1886.
1897 Münter suit des cours dans une école d'art privée pour dames à Düsseldorf.
Décès de sa mère.
1898-1899 Münter et sa sœur Emmy séjournent chez des parents de leur mère à différents endroits des États-Unis.
1901 Installation à Munich. Formation à l'Académie de l'Association des Artistes Femmes, à l'École Wolff Neumann et à l'École Phalanx, fondée par Kandinsky.
1904 Voyage avec Kandinsky en Hollande.
En décembre, ils rejoignent la Tunisie en passant par Strasbourg, Bâle, Lyon et Marseille.
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Gabriele Münter. Rue de la Verdure à Bab el-Khadra, Tunis, 1905. Tempera et crayon sur papier gris. Munich, Lenbachhaus; donation Gabriele Münter, 1957.
Münter a exécuté cette tempera (technique de peinture à base d’eau) d’après une esquisse dessinée sur le motif, sans doute après son retour en Allemagne. Cette pièce fait partie des tout premiers dessins qu’elle réalise lors de son séjour de trois mois en Tunisie. Depuis l'Hôtel Saint-Georges, où elle loge avec Kandinsky, Bab el-Khadra est la porte la plus proche pour se rendre dans la médina (vieille ville). Münter photographia également cette porte dont le nom, Bab el-Khadra, qui signifie «porte verte», désigne aussi tout le quartier, ainsi qu’une rue menant à la médina. |
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Texte du premier tableau chronologique. |
2 - PREMIERS PAS SUR LA SCÈNE PARISIENNE
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Scénographie |
Au début du XXe siècle, Paris est l'épicentre de l'art moderne européen, où les artistes du monde entier se pressent. Münter y séjourne près d’une année, occasion pour elle de poursuivre sa formation et d'exposer pour la première fois de sa carrière. Elle dessine et peint d'après modèle vivant à l'Académie de la Grande-Chaumière, à Montparnasse. Elle approfondit sa pratique de la gravure, réalisant de nombreuses estampes inspirées par son environnement quotidien. Elle visite les galeries d'art et des collections privées, en particulier celle de la famille Stein, des collectionneurs américains chez qui elle peut voir des œuvres de Gauguin, Bonnard, Cézanne, Picasso et surtout Matisse. Ce séjour parisien aura une influence décisive sur sa manière de peindre, libérant sa touche et son usage de la couleur.
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Texte du panneau didactique. |
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Gabriele Münter. Kandinsky, 1906. Linogravure couleur sur papier japonais. Munich, Lenbachhaus; donation Gabriele Münter, 1957. |
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Gabriele Münter. Aurélie, 1906. Linogravures couleur sur papier japonais et papier machine. Munich, Lenbachhaus; donation Gabriele Münter, 1957.
À Paris, Münter pratique assidûment la linogravure. Cette technique très novatrice, dérivée de la gravure sur bois, est alors surtout employée dans les écoles d’art. Le linoléum permet un travail d’incision plus aisé et spontané, ce qui convient à une pratique expérimentale. À partir d’un sujet précisément dessiné, phase préparatoire lui permettant de simplifier ses motifs, d’en isoler les ombres et les contours qui vont alors ressortir encrés en noir, Münter compose parfois plusieurs tirages de différents coloris. Les quatre portraits d’Aurélie (la domestique de sa pension, rue Madame) forment ainsi une série dans laquelle chaque couleur vient faire varier le dynamisme expressif impulsé par le sourire du modèle. |
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Gabriele Münter. Aurélie, 1906. Linogravure couleur sur papier japonais. Munich, Lenbachhaus; donation Gabriele Münter, 1957. Crédit: Städtische Galerie im Lenbachhaus und Kunstbau München, Gabriele Münter Stiftung 1957. © Adagp, Paris, 2025. |
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Gabriele Münter. Kandinsky à l’harmonium, 1907. Linogravure couleur sur papier japonais. Munich, Lenbachhaus; donation Gabriele Münter, 1957. |
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Gabriele Münter. Mme Vernot avec Aurélie, 1906. Linogravure couleur sur papier japonais. Munich, Lenbachhaus; donation Gabriele Münter, 1957.
Pendant l’année qu’elle passa à Paris en 1906-1907, Münter réalisa de nombreuses gravures. Elle portraiture ici la logeuse de la chambre qu’elle loua quelques mois au 58, rue Madame, dans le quartier de Montparnasse. Sarah et Michael Stein - le frère cadet de la poétesse Gertrude Stein -, également collectionneurs, vivaient dans le même immeuble. Le goût de l’expérimentation de l'artiste se révèle notamment dans les arrière-plans des portraits, traités à chaque fois différemment. Dans cette gravure, on aperçoit Aurélie, la domestique de Mme Vernot, affairée dans la cuisine. |
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Scénographie |
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CHRONOLOGIE 2
1906 Arrivés en mai, Münter et Kandinsky logent d'abord dans le Quartier latin, puis à Sèvres. À partir du 17 novembre 1906 et jusqu'au mois de mars 1907, Münter loue une chambre seule au 58, rue Madame, à Paris. Les collectionneurs Sarah et Michael Stein, mécènes de Matisse, habitent dans le même immeuble.
1907 Münter expose six peintures réalisées à Paris, au Salon des indépendants, et six gravures de sujets parisiens au Salon d'automne.
1908 Münter se fixe à Munich. Première exposition personnelle au Kunstsalon Lenobel, une galerie de Cologne.
1915 Exposition personnelle de Münter à la Galerie Der Sturm, à Berlin. L'exposition circule pendant un an à Munich, Francfort, Dresde, Stuttgart, Fürth et Wiesbaden.
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Gabriele Münter. Tête d'homme, Paris, 1906. Huile sur toile contrecollée sur carton. Kunstsammlungen Chemnitz - Museum Gunzenhauser; propriété de la Fondation Gunzenhauser. |
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Texte du deuxième tableau chronologique. |
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Gabriele Münter. St. Cloud (Étude n° 5), 1906. Carton entoilé. Munich, Gabriele Münter und Johannes Eichner Stiftung; prêt permanent d’une collection particulière. |
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Gabriele Münter. Neige à Sèvres, vers 1906-1907. Huile sur carton entoilé. Collection Würth. |
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Gabriele Münter. Vue par la fenêtre à Sèvres, 1906. Toile. Munich, Lenbachhaus.
Dans cette peinture, l’une des plus importantes réalisées lors de son séjour parisien, Münter donne au spectateur la sensation d’embrasser le paysage urbain qui remonte jusqu’à la colline de Saint-Cloud, à peine contrariée par la silhouette d’un arbre que l’hiver a dépouillé de son feuillage et qui se détache au premier plan. Cet élément, qui agit comme un léger obstacle à la vision tout en faisant office de point de repère, revient régulièrement dans ses compositions, en particulier dans ses photographies. Cette œuvre figure au Salon des indépendants de 1907, où Münter expose sous son nom pour la première fois de sa carrière. |
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Gabriele Münter. Parc en automne, 1906. Carton entoilé. Munich, Gabriele Münter und Johannes Eichner Stiftung. |
3 - PORTRAITS MUNICHOIS
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Scénographie |
À partir de l'été 1908, Münter vit et travaille dans le quartier bohème de Schwabing, à Munich. Elle peint alors de nombreux portraits de personnes de son entourage, et les habitants de son immeuble. Celui du propriétaire, Monsieur Miller, est un portrait très personnel, voire intimiste, dont la force d'expression se voit accentuée par les ombres bleues et vertes qui parsèment son visage. Elle portraiture également Mademoiselle Mathilde, qui travaillait comme domestique chez sa sœur, ainsi que les enfants de ses voisins, dont le petit Wilhelm Blob, surnommé Will.
Dans cette série de portraits, Münter recourt à des moyens stylistiques nouveaux qu'elle expérimente depuis son séjour à Paris. Elle utilise une palette de couleurs très vives, qui ne correspondent pas aux teintes naturelles de la peau. On y décèle l'influence des peintres «fauves» français, ainsi que sont qualifiés Matisse, Delaunay, Derain et d'autres pour leur emploi de couleurs criardes, contre nature, qui font scandale. Cette audace picturale résonne étroitement avec les aspirations des artistes expressionnistes allemands, qui cherchent à traduire un état d'esprit intérieur, ou un sentiment, par le jeu des tonalités colorées et un trait acerbe. En mêlant formes simplifiées et couleurs chatoyantes, Münter entend dépasser la réalité pour privilégier ce qu'elle perçoit et n'est pas nécessairement visible.
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Texte du panneau didactique. |
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Gabriele Münter. Tête de femme, Munich, 1908. Carton. Munich, Gabriele Münter und Johannes Eichner Stiftung. |
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Gabriele Münter. Portrait de garçonnet [Willi Blab], vers 1908-1909. Carton. Munich, Gabriele Münter und Johannes Eichner Stiftung. |
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Gabriele Münter. Mlle Mathilde, vers 1908-1909. Carton. Munich, Gabriele Münter und Johannes Eichner Stiftung. |
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Gabriele Münter. La Petite Dietrich, 1908. Carton. Munich, Gabriele Münter und Johannes Eichner Stiftung. |
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Gabriele Münter. M. Miller, propriétaire du 19 Adalbertstraẞe, Munich, 1908. Carton. Munich, Gabriele Münter und Johannes Eichner Stiftung. |
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Citation |
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Gabriele Münter. Tenture : Navires sur la Volga (d’après un dessin de Kandinsky), 1905. Tissu de laine mauve et beige, gris-vert, noir et gris-bleu, broderie appliquée rehaussée de perles de verre, fils de coton, galon métallique. Munich, Gabriele Münter und Johannes Eichner Stiftung.
Au Salon d'automne de 1906 a lieu l’une des premières expositions publiques d'œuvres de Münter. Y figurent six sacs brodés de fines perles de couleur, et le panneau de textile brodé en appliqué et rehaussé de perles représentant un Navire sur la Volga, qu’elle a réalisé d’après une maquette de Kandinsky lors de leur voyage en Tunisie, en 1905. Ces œuvres témoignent de sa maîtrise de différentes techniques de broderie. L'artiste partage alors avec Kandinsky un intérêt pour les travaux décoratifs et manuels, et les motifs folkloriques. |
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Gabriele Münter. Nature morte aux vases, bouteilles et branches de sorbier, vers 1908-1909. Huile sur carton. Kunstsammlungen Chemnitz - Museum Gunzenhauser; propriété de la Fondation Gunzenhauser. |
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Gabriele Münter. Vase rouge, 1909. Toile. Munich, Gabriele Münter und Johannes Eichner Stiftung. |
4 - MUNICH, MURNAU ET LE BLAUE REITER
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Scénographie |
En 1909, Münter acquiert une maison à Murnau, village situé à une heure de train de Munich, au pied des Préalpes bavaroises et au bord du lac Staffel. Ce site l'enthousiasme, par sa diversité de motifs - les maisons aux façades colorées, le lac, les marais, les montagnes - qui l'inspirent continuellement. Au même moment, elle participe activement ou renouveau de l'art à Munich: elle est membre fondatrice de la Nouvelle Association des artistes de Munich et, en 1911, du Cavalier bleu, aux côtés de Kandinsky, Franz Marc, August Macke et Paul Klee, entre autres. Cette période est marquée par le travail collaboratif au sein de ce cercle d'artistes que réunit une même fascination spirituelle pour le paysage et la nature. Münter participe aux expositions du groupe et à l'édition du célèbre Almanach, ouvrage théorique et programmatique qui pose les bases d’une nouvelle avant-garde internationale et pluridisciplinaire.
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Texte du panneau didactique. |
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Gabriele Münter. Mme Olga von Hartmann, vers 1910. Toile, 60,8 x 45,2 cm. Munich, Gabriele Münter - und Johannes Eichner - Stiftung Crédit: The Gabriele Münter and Johannes Eichner Foundation, Munich. © Adagp, Paris, 2024.
Le couple russe Olga et Thomas von Hartmann vécut à Munich de 1908 à 1912. Le musicien Thomas von Hartmann était un ami proche de Kandinsky. Il écrivit la musique pour la composition scénique de ce dernier, intitulée La Sonorité jaune et parue dans l’Almanach du Cavalier bleu. Chanteuse d'opéra de formation, Olga von Hartmann semble s'être vouée à la carrière de son mari plus qu’à la sienne. Elle fut un modèle privilégié pour Münter, qui la peignit et la photographia à plusieurs reprises. Ce portrait sans fioritures présente une grande simplicité de formes. |
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Gabriele Münter. Habitante de Murnau [Rosalie Leiss], 1909. Huile sur carton, 92 × 64.8 cm. Murnau Schloßmuseum; prêt permanent de la Ernst von Siemens Kunststiftung (Munich), du cercle des mécènes du Schloßmuseum (Murnau), de la Fondation du land de Bavière (Munich), de la Fondation privée du Schloßmuseum (Murnau) et de l’office du land des musées non-étatiques de Bavière (Munich). Crédit: Wolfgang Pulfer, Munich / Schloßmuseum Murnau, Bildarchiv. © Adagp, Paris, 2025. |
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Gabriele Münter. Nature morte au fauteuil, 1909. Carton. Munich, Gabriele Münter und Johannes Eichner Stiftung. |
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Scénographie |
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Gabriele Münter. Portrait de Marianne von Werefkin, 1909. Carton, 81,2 x 55,2 cm. Munich, Lenbachhaus; donation Gabriele Münter, 1957. Crédit: Städtische Galerie im Lenbachhausund Kunstbau München, Gabriele Münter Stiftung 1957. © Adagp, Paris, 2025.
Münter fait poser l'artiste Marianne von Werefkin devant le soubassement jaune de la maison qu'elle vient alors d'acquérir, en août 1909, à Murnau. Elle la représente coiffée d’un grand chapeau à fleurs lui projetant des ombres colorées sur le visage, le buste réduit à un imposant triangle blanc cerné d’une écharpe rose. Les couleurs audacieuses de ce portrait rappellent les portraits peints par Matisse à la même époque, notamment Femme au chapeau (1905), que Münter a pu voir chez Gertrude Stein. Son langage pictural est cependant plus radical, par l'emploi d’une stylisation des formes plus accentuée.
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Gabriele Münter. Nature morte dans le tramway, vers 1909-1912. Carton, 50,2 x 34,3 cm. Munich, Gabriele Münter - und Johannes Eichner – Stiftung. Crédit: The Gabriele Münter and Johannes Eichner Foundation, Munich. © Adagp, Paris, 2025.
Cette peinture a été inspirée à Münter par une femme assise avec ses achats devant elle dans un tramway. L'artiste choisit de ne peindre que le tronc de la femme, fixant l'attention sur les emplettes de cette dernière, et transforme ainsi la scène en une nature morte. Münter fait preuve de créativité avec cette composition d’une grande modernité, au sein de laquelle elle prend la liberté de ne pas représenter la tête du sujet peint. Son goût pour le fragment plutôt que pour une vue d'ensemble prend sa source dans la technique de la photographie. |
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CHRONOLOGIE 3
Juin 1908 Münter découvre Murnau avec Kandinsky. Ils y passent la fin de l'été avec les artistes Alexej von Jawlensky (1864-1941) et Marianne von Werefkin (1860-1938).
1909 Création de la Nouvelle Association des Artistes de Munich par Münter, Kandinsky, Jawlensky et Werekfin, et première exposition du groupe à la Galerie Thannhauser à Munich.
1911 Création du Cavalier bleu et première exposition du groupe à la Galerie Thannhauser à Munich. Münter photographie l'accrochage.
1912 Publication de l'Almanach du Cavalier bleu.
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Gabriele Münter. Allée devant la montagne, vers 1909. Huile sur carton. Collection privée. |
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Texte du troisième tableau chronologique. |
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Scénographie |
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Gabriele Münter. À l’écoute [Portrait de Jawlensky], 1909. Carton, 49,8 x 66,4 cm. Munich, Lenbachhaus; donation Gabriele Münter, 1957. Crédit: Städtische Galerie im Lenbachhaus und Kunstbau München, Gabriele Münter Stiftung 1957. © Adagp, Paris, 2025. |
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Gabriele Münter. Au salon, 1911. Carton. Munich, Gabriele Münter und Johannes Eichner Stiftung.
Deux femmes discutent devant un papier peint ou une tapisserie, dont les couleurs et les motifs chatoyants viennent animer le fond de la scène d’ondulations obliques. Une petite fille coiffée d’un nœud rouge est représentée de dos. Le spectateur ne voit que l'arrière de sa tête, comme s’il était derrière elle. Cette perspective donne l’étonnante sensation d’assister à la conversation. La fusion de la scène et du décor rappelle les peintures intimistes de Bonnard ou Vuillard, mais aussi les intérieurs et ateliers de Matisse peints la même année. |
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Gabriele Münter. Combat du dragon, 1913. Huile sur toile, 78 x 100 cm. Paris, Centre Pompidou, Musée national d’Art moderne / Centre de création industrielle. Don de la Société Kandinsky, 2015. Centre Pompidou, MNAM-CCI. Dist. © GrandPalaisRmn / Georges Meguerditchian. © Adagp, Paris, 2025.
Cette peinture s’inspire d’une sculpture populaire russe, dont la reproduction figurait dans l’Almanach du Cavalier bleu, et représentant le combat de saint Georges à cheval contre le dragon, sous la forme d’une hydre (monstre à plusieurs têtes). Münter transpose cette lutte légendaire du Bien contre le Mal en la vision d’une scène sanglante, ancrée dans un arrière-plan paysager. Elle l'anime au moyen d’une touche mouvementée, très expressive, et de coloris contrastés. Peut-être illustre-t-elle ainsi symboliquement la lutte des artistes du Cavalier bleu pour la défense de leur art novateur dans l’environnement hostile et incompréhensif de l’époque, ou bien la philosophie qui les anime dans la défense du spirituel contre le matériel. |
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Gabriele Münter. Nature morte aux œufs de Pâques, 1914. Carton. Munich, Lenbachhaus; donation Gabriele Münter, 1957.
Dans cette composition, Münter fait un usage étonnant de la vue en plongée (un emprunt au cadrage photographique d’une très grande originalité pour l'époque), en représentant une nature morte vue du dessus. Les objets sont disposés sur une nappe ou un plateau de couleur blanche qui se détache sur un fond sombre (le sol ou bien une table de bois). Ils semblent ainsi dans une position instable. Münter exposa fréquemment cette nature morte, notamment à la Biennale de Venise de 1950, où elle présenta également un paysage et une scène d'intérieur avec Paul Klee. |
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Scénographie |
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Gabriele Münter. Paysage avec cabane au couchant, 1908. Huile sur papier contrecollée sur carton, 33 x 40,8 cm. Kunstsammlungen Chemnitz – Museum Gunzenhauser; propriété de la Fondation Gunzenhauser. Crédit: Kunstsammlungen Chemnitz / PUNCTUM / Bertram Kober. © Adagp, Paris, 2025.
Ce paysage est caractéristique du langage pictural que Münter met au point durant son premier séjour à Murnau, à l'été 1908: l’utilisation de couleurs s’éloignant de la réalité, et une grande simplification des formes. Les collines bleues se détachent devant un ciel rose de crépuscule, les derniers rayons du soleil font rougeoyer les petites meules de foin qui parsèment les champs. Par ces moyens stylistiques, l'artiste cherche à augmenter la force d’expression d’une scène et à rendre ce qu'elle en appelle «l'essence». |
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Gabriele Münter. Rue de village en hiver, 1911. Carton sur bois, 52,4 x 69 cm. Munich, Lenbachhaus. Donation Gabriele Münter, 1957. Crédit: Städtische Galerie im Lenbachhaus und Kunstbau München, Gabriele Münter Stiftung 1957. © Adagp, Paris, 2025. |
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Gabriele Münter. Étude abstraite avec une maison, vers 1910-1912. Carton. Munich, Gabriele Münter und Johannes Eichner Stiftung. |
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Gabriele Münter. Rue de village bleue, 1911. Huile sur carton. Collection privée. |
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Scénographie |
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Gabriele Münter. Nuages du soir, vers 1909-1910. Huile sur carton. Collection privée. |
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Gabriele Münter. Intérieur à Murnau, vers 1910. Carton. Munich, Gabriele Münter und Johannes Eichner Stiftung.
La vie privée de Münter est le sujet de cette peinture qui n'est pas sans rappeler la célèbre chambre de Van Gogh. Comme si elle prenait une photographie, l'artiste montre une pièce décorée de meubles peints par elle et Kandinsky. Parmi les nombreux objets que l’on peut distinguer, on remarque particulièrement des sandales et des chaussures à talon posées sur le sol. Le tapis au centre de la composition guide le regard du spectateur vers une autre pièce située à gauche, où l’on peut voir Kandinsky en train de lire, allongé sur un lit. |
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Gabriele Münter. La Maison jaune, 1911. Peinture sur carton. Munich, Bayerische Staatsgemäldesammlungen, München Pinakothek der Moderne. |
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Gabriele Münter. Nature morte au miroir, 1915. Toile. Munich, Gabriele Münter und Johannes Eichner Stiftung. |
5 - RETOUR AUX SOURCES
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Scénographie |
Intérêt pour l'enfance et l'art vernaculaire
Les artistes du Cavalier bleu considèrent l'art populaire et les dessins d'enfants comme des expressions originales et authentiques à même de ressourcer l'art moderne. Münter collectionne les objets traditionnels et vernaculaires tels que les fixés sous verre du sud de la Bavière, dont elle apprend la technique pour la réinterpréter avec ses propres motifs, et les statuettes de dévotion. Plusieurs de ces artefacts deviennent les sujets de natures mortes originales. Au fil des ans, Münter constitue par ailleurs avec Kandinsky une collection de plus de 250 dessins d'enfants. Certains d'entre eux sont reproduits dans l'Almanach du Cavalier Bleu. Münter copie et réinterprète quelques-unes de ces créations enfantines, selon un processus de désapprentissage et de renouvellement de sa pratique artistique.
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Texte du panneau didactique. |
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Gabriele Münter. Portrait d’enfant [lwan], 1916. Toile. Munich, Lenbachhaus; donation Gabriele Münter, 1957.
lwan était le fils du couple d'artistes suédois Sigrid Hjertén et Isaac Grünewald, dont Münter avait fait la connaissance à Stockholm en 1915, sans doute par l’intermédiaire du galeriste berlinois Herwarth Walden. Grâce à eux, elle intégra rapidement la scène artistique de l'avant-garde suédoise. Tous deux avaient été élèves de l'académie fondée par Matisse à Paris. Pendant ses années scandinaves, l'intérêt de Münter se porte davantage sur la figure humaine, qu’elle représente sous forme de portraits ou dans des scènes d'intérieur. |
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Dessin d'enfant (Robert), non daté. Mine graphite et craies de couleur sur Bristol. Munich, Gabriele Münter und Johannes Eichner Stiftung. |
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Gabriele Münter. Maison (d’après un dessin d'enfant), 1914. Carton. Munich, Gabriele Münter und Johannes Eichner Stiftung.
L'intérêt de Münter pour l’art des enfants est ancien, mais en 1914, elle franchit une étape en copiant des dessins d'enfants de sa collection. C'est le cas avec cette peinture qui reproduit la maison et le paysage dessinés par un garçon dénommé Robert, accroché juste à côté. Par ce processus de copie, l'artiste, âgée de 37 ans, tente de s'approprier le langage pictural des enfants, ou du moins de s’en rapprocher, «à la recherche des racines de la créativité». Animée par le besoin constant de nourrir et de renouveler sa pratique artistique, elle puise ainsi à toutes les sources de l’art moderne. |
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Gabriele Münter. Autoportrait, vers 1909-1910. Huile sur carton, 49 x 33,7 cm. Madrid, Museo Nacional Thyssen-Bornemisza. © Adagp, Paris, 2025. |
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Gabriele Münter. Fillette aux tresses, 1909. Carton. Munich, Gabriele Münter und Johannes Eichner Stiftung. |
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Scénographie |
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CHRONOLOGIE 4
1908-1909 Münter apprend la technique de la peinture sous verre auprès de Heinrich Rambold (1872-1955), l'un des derniers spécialistes de cet art, établi à Murnau.
1914 Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, Kandinsky doit quitter précipitamment l'Allemagne. Münter et lui se rendent en Suisse.
En septembre, décès d'August Macke.
En novembre, Kandinsky retourne en Russie.
1915 Münter est à Berlin. Exposition personnelle à la Galerie der Sturm. En juillet, elle part en Suède. Münter et Kandinsky se retrouvent à Stockholm de décembre 1915 à mars 1916. Ils ne se reverront plus ensuite.
1916 Mort de Franz Marc sur le front.
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Gabriele Münter. Enfant endormi (vert sur noir), 1934. Carton, 33 x 40,8 cm. Munich, Gabriele Münter - und Johannes Eichner – Stiftung. Crédit: The Gabriele Münter and Johannes Eichner Foundation, Munich. © Adagp, Paris, 2025.
Cette œuvre illustre la constance du travail en série dans la production de Münter. Le sujet est inspiré par l’observation d’une fillette endormie sur la banquette d’un compartiment de train, dont le motif apparaît dans plusieurs pages d’un carnet, en 1930. Il resurgit dans cette peinture quelques années plus tard, et fait écho à d’autres œuvres représentant des enfants endormis dans les bras de leur mère. L’épais cerne noir séparant des plages de couleur aux tonalités douces caractérise de nombreuses œuvres réalisées par l'artiste à partir de cette époque. |
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Texte du quatrième tableau chronologique. |
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Gabriele Münter. Nature morte au saint Georges, 1911. Carton, 51,1 x 68 cm. Munich, Lenbachhaus. Donation Gabriele Münter, 1957. Crédit: Städtische Galerie im Lenbachhaus und Kunstbau München, Gabriele Münter Stiftung 1957. © Adagp, Paris, 2025.
Münter ne se limite pas à un style mais adapte son langage pictural à chaque sujet. Dans les natures mortes inspirées par sa collection d'art populaire, elle renonce aux larges aplats de couleurs vives qui caractérisent ses œuvres peintes à Murnau, en faveur de peintures aux fonds plus sombres, d’où les fixés sous verre colorés se détachent. Il est souvent difficile d'identifier les objets, qui semblent autant de personnages au sein d’un univers mystérieux créé par l'artiste. Ici, la peinture sur verre inversé, représentant le saint patron à cheval, semble flotter et s’animer dans un espace indéfini, seul point lumineux, en haut à gauche de la composition. |
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Gabriele Münter. Nature morte avec figure I [Mme Simonovich], 1910. Toile. Munich, Gabriele Münter und Johannes Eichner Stiftung.
Münter fait poser la peintre russe Nina Simonovich-Efimova à côté de sa «table aux madones». Elle installait les statuettes de sa collection d'art populaire sur cette table, que surplombait un mur auquel étaient accrochés des fixés sous verre (ou peinture sur verre inversé) traditionnels, dont on distingue ici des fragments. Une tension semble régner entre le portrait, à droite, et la nature morte, à gauche, dont on dirait qu’elle repousse la figure vers l'extérieur de la composition. Quelques mois plus tard, Münter réalisa une seconde version plus stylisée de cette scène. Le travail en série est une particularité récurrente de l’ensemble de son œuvre. |
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Gabriele Münter. Au salon, 1915. Toile. Munich, Lenbachhaus; acquisition grâce au soutien de la Ernst von Siemens Kunststiftung. |
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Gabriele Münter. Nature morte Pentecôte II, 1934. Carton. Munich, Gabriele Münter und Johannes Eichner Stiftung. |
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Gabriele Münter. Vue de Herford, vers 1911. Fixé sous verre, cadre peint par Kandinsky. Kochel am See, Franz Marc Museum; prêt permanent de la collection ahlers. |
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Gabriele Münter. Chanson, vers 1912-1915. Fixé sous verre. Kunstsammlungen Chemnitz - Museum Gunzenhauser; propriété de la Fondation Gunzenhauser. |
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Colombe du Saint-Esprit, sud de l'Allemagne, milieu du XIXe siècle. Bois tendre coloré. Collection Gabriele Münter et Vassily Kandinsky. |
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Statuette votive de la Vierge de Mariazell, non datée. Bois coloré. Collection Gabriele Münter et Vassily Kandinsky. |
6 - BERLIN, PARIS, LES ANNÉES 20
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Scénographie |
Une nouvelle figuration
Entre 1915 et 1920, Gabriele Münter réside en Scandinavie, où elle a été accueille comme une représentante importante de l'avant-garde internationale. À son retour en Allemagne, après cet exil, elle doit pourtant repartir de zéro. Elle adopte un langage visuel inspiré d'une nouvelle tendance de la figuration, désignée sous le nom de «Nouvelle Objectivité»: dans sa peinture aux tonalités plus retenues, la figure humaine tient un rôle essentiel. Parallèlement, le dessin qui, dès ses débuts, fut pour Münter une technique de prédilection, devient son principal moyen d'expression, en cette période où l'artiste dispose rarement d’un atelier. Ses dessins se caractérisent par une grande économie de moyens: une physionomie, une posture est fixée en quelques lignes. Münter s'attache tout particulièrement à faire le portrait des femmes libres et émancipées qu'elle fréquente à Berlin et à Paris, où elle revient plusieurs mois en 1929 et 1930.
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Texte du panneau didactique. |
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Gabriele Münter. Villa les Fleurettes (Paris), vers 1929-1930. Toile. Munich, Gabriele Münter und Johannes Eichner Stiftung. |
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Gabriele Münter. Échafaudage, 1930. Toile, 61,2 x 46,6 cm. Munich, Gabriele Münter - und Johannes Eichner – Stiftung. Crédit: The Gabriele Münter and Johannes Eichner Foundation, Munich. © Adagp, Paris, 2025. |
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Gabriele Münter. Nocturne par la fenêtre. Auteuil de nuit, 1929. Carton. Munich, Gabriele Münter und Johannes Eichner Stiftung. |
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Gabriele Münter. Sténographie. Suissesse en pyjama, 1929. Toile, 61,5 x 46,2 cm. Munich, Gabriele Münter - und Johannes Eichner – Stiftung. Crédit: The Gabriele Münter and Johannes Eichner Foundation, Munich. © Adagp, Paris, 2025.
Comme l'indique le titre qu’elle a donné à cette œuvre phare de son second séjour parisien, Münter figure une sténographe, vêtue de pantalons légers à la mode, en train de travailler à la prise de notes. La composition évacue tout élément de contextualisation, sans aucun effet de perspective, le point focal du tableau étant situé sur le geste d'écriture. L'accent mis sur la profession et l’activité du modèle, et la grande frontalité de cette œuvre, en font davantage un emblème qu’un portrait. Münter témoigne, à sa manière, des mutations culturelles de l’époque reflétant l'émancipation des femmes par le travail, autour de la construction de l’archétype de la «femme nouvelle» (Neue Frau), en Allemagne, ou de la garçonne, en France. |
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Gabriele Münter. Auditrices, vers 1925-1950. Toile. Munich, Gabriele Münter und Johannes Eichner Stiftung. |
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Gabriele Münter. Autoportrait, vers 1921. Toile montée sur un autre support textile. Munich, Gabriele Münter und Johannes Eichner Stiftung. |
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Gabriele Münter. Nature morte à la bouteille, 1930. Carton. Munich, Gabriele Münter und Johannes Eichner Stiftung. |
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Scénographie |
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CHRONOLOGIE 5
1915-1920 Exil en Scandinavie. Münter vit successivement en Suède et au Danemark.
1918 Importante exposition personnelle à Copenhague, avec plus de 130 œuvres.
1926 Münter commence à fréquenter l'école de peinture d'Arthur Segal (1875-1944) à Berlin.
1927 Münter rencontre le philosophe et historien de l’art Johannes Eichner (1886-1958), qui devient son compagnon.
1929-1930 Second séjour à Paris. Elle se réinscrit à l'Académie de la Grande-Chaumière.
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Gabriele Münter. Joueurs de dés, 1950. Carton. Munich, Gabriele Münter und Johannes Eichner Stiftung. |
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Texte du cinquième tableau chronologique. |
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Gabriele Münter. Penseuse, 1917. Toile, 66 x 99,5 cm. Munich, Lenbachhaus; donation Gabriele Münter, 1957. Crédit: Städtische Galerie im Lenbachhaus und Kunstbau München, Gabriele Münter Stiftung 1957. © Adagp, Paris, 2025.
Münter a réalisé plusieurs portraits de cette femme, nommée Gertrud Holz, à Stockholm. Son style a évolué, il est plus graphique, avec des couleurs adoucies. Les objets (fleurs dont on ne voit pas le vase, assiette de fruits, lampe) disposés sur la table à l’arrière-plan semblent se mouvoir en écho à la divagation des pensées du modèle. Certaines zones encore traitées de manière indéfinie et les tons sourds baignent la peinture dans une atmosphère empreinte de nostalgie. Chef-d’œuvre de la période scandinave de Münter, cette œuvre sera exposée en 1918 à Copenhague, lors de la plus grande exposition personnelle organisée de son vivant. |
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Gabriele Münter. La Lettre, 1950. Toile. Munich, Gabriele Münter und Johannes Eichner Stiftung. |
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Gabriele Münter. Nature morte aux couverts rouges, 1930. Carton. Munich, Gabriele Münter und Johannes Eichner Stiftung.
Münter peint cette nature morte lors de son second séjour à Paris. Elle en explique la genèse dans une lettre adressée à son conjoint Johannes Eichner: «Hier soir, je voulais écrire des cartes et des lettres, comme j'avais prévu de le faire depuis longtemps - me mettre à la couture aurait été tout aussi bien - mais j'ai peint à la place une nature morte que j'ai vue en débarrassant la table. Des couverts à salade rouge dans le bol blanc (et un citron) avec des ombres portées.» La vue rapprochée sur ce coin de table, avec le saladier et le fragment d’un dossier de chaise à l'arrière-plan, rappelle un zoom photographique. |
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Gabriele Münter. Loulou Albert, 1929. Toile. Munich, Gabriele Münter und Johannes Eichner Stiftung.
Lou Albert-Lasard (1885-1969) est une peintre franco-allemande formée à Munich au début du XXe siècle et proche des milieux artistiques et littéraires, en particulier du poète Rainer Maria Rilke. Münter l’a sans doute fréquentée successivement à Munich, entre 1904 et 1910, et à Berlin, au milieu des années 1920, avant l'installation d’Albert-Lasard à Paris, en 1928. L'artiste l’a peinte à plusieurs reprises lors de son séjour parisien, puisque c'est également Lou Albert-Lasard qui apparaît alitée dans La Lettre, accroché à côté de ce portrait. |
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Scénographie
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Gabriele Münter. La Poétesse E. K. [Eleonora Kalkowska], vers 1926-1927. Encre de Chine et gouache blanche. Gabriela Münter und Johannes Eichner Stiftung, Munich. |
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Gabriele Münter. La Poétesse E. K. [Eleonora Kalkowska] lisant, vers 1926-1927. Encre de Chine et gouache blanche, 28,8 x 22,3 cm. Munich, Gabriele Münter - und Johannes Eichner – Stiftung. Crédit: The Gabriele Münter and Johannes Eichner Foundation, Munich. © Adagp, Paris, 2025. |
7 - UNE NOUVELLE VIE À MURNAU
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Scénographie |
En 1931, Münter s'installe définitivement à Murnau. C'est le début d'une période d'intense création. Les rues de ce village pittoresque et les paysages alentour constituent les motifs principaux d'œuvres dans lesquelles elle renoue avec sa propre tradition expressionniste. Sous le IIIe Reich, elle réduit ses apparitions publiques sans pour autant cesser de travailler, même si son compagnon, l'historien de l'art Johannes Eichner, lui enjoint d'assagir sa touche et de veiller au choix de ses sujets. Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, l'art de Münter est progressivement redécouvert et son importance réaffirmée. Un épais cerne noir séparant des aplats de couleur aux tonalités douces caractérise nombre de ses peintures à partir du milieu des années 1930. On y distingue moins les traces de pinceau, et le principe de la reprise en série évacue le contexte du sujet représenté. La radicalité formelle de ces images autonomes, très synthétiques, met à distance les catégories traditionnelles du portrait, du paysage et de la nature morte.
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Texte du panneau didactique. |
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Gabriele Münter. Autoportrait, 1935. Carton. Munich, Gabriele Münter und Johannes Eichner Stiftung. |
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Gabriele Münter. La Maison de Münter à Murnau, 1931. Toile. Munich, Lenbachhaus; donation Gabriele Münter, 1957. |
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Gabriele Münter. Nature morte devant «La maison jaune», 1953. Toile. Munich, Gabriele Münter und Johannes Eichner Stiftung.
Münter superpose ici différentes réalités et temporalités. Au premier plan, elle a peint une nature morte (fleurs et fruits sur une table ronde) dans le style récurrent de ses peintures depuis les années 1930: une très grande simplification des formes, un cerne noir délimitant des zones de couleurs primaires avec peu de touches de pinceau apparentes. L'arrière-plan reproduit l’une de ses peintures de 1911, La Maison jaune, accrochée dans la section dédiée au Blaue Reiter. Le cadrage rapproché donne l'étrange sensation que cette peinture devient un vrai paysage hivernal, fusionné en une nature morte printanière. |
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CHRONOLOGIE 6
1938 Mai: promulgation de la loi sur la «confiscation des produits de l'art dégénéré».
Münter cache dans la cave de sa maison, à Murnau, ses propres peintures ainsi que sa collection d'œuvres de Kandinsky et d'autres artistes du Cavalier bleu.
1950 Participe à la 25e Biennale de Venise.
1955 Participe à la première documenta de Cassel.
1957 Reçoit la médaille d'or d'honneur de la ville de Munich et devient commandeure de l'ordre du Mérite de la République fédérale d'Allemagne.
À l'occasion de son 80e anniversaire, Münter fait don de très nombreuses œuvres des artistes du Cavalier bleu et de son entourage au Lenbachhaus (Munich).
1962 Münter s'éteint, le 19 mai, dans sa maison de Murnau.
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Gabriele Münter. Rue principale de Murnau avec attelage, 1933. Huile sur bois. Collection privée. |
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Texte du sixième et dernier tableau chronologique. |
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Gabriele Münter. Petit-déjeuner des oiseaux, 10 mars 1934 ; retouches minimes en janvier 1938. Huile sur carton, 45,5 x 55 cm. Washington, D.C., National Museum of Women in the Arts. Don de Wallace et Wilhelmina Holladay. © 2023 Artists Rights Society (ARS), New York / VG Bild-Kunst, Bonn. © Adagp, Paris, 2025.
Cette œuvre nous fait pénétrer dans l’intériorité de l'artiste, dont elle constitue une sorte d’autoportrait symbolique à l’aube de la soixantaine. Le spectateur peut en effet s'identifier à la figure de dos qui occupe le premier plan de la composition, comme s'il était lui-même assis à la table de Münter et observait, avec elle, les oiseaux dans les arbres du jardin à travers la fenêtre de sa maison, à Murnau. Les deux rideaux rouges semblent encadrer la peinture plus que la fenêtre, ce qui donne un aspect solennel à ce souvenir d’un jour d'hiver. |
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Gabriele Münter. L’Excavatrice bleue (étude), 1935. Carton. Munich, Gabriele Münter und Johannes Eichner Stiftung.
Münter a toujours représenté le monde du travail, depuis ses photographies américaines. De 1935 à 1937, elle peint, dessine et photographie à de nombreuses reprises les travaux de construction de la route et de la ligne de chemin de fer mis en œuvre pour les Jeux olympiques de 1936 à Garmisch-Partenkirchen. À la demande d’une marchande d'art, elle enverra les deux études ci-contre à une exposition intitulée «Les routes d’Adolf Hitler dans l'art», sujet hautement compatible avec la propagande officielle. Cependant, les petits personnages de La Pelle mécanique sont loin de la représentation «surhumaine» des travailleurs allemands prônée par les nazis. Münter associe d’ailleurs symboliquement le motif de l'excavatrice, autour duquel elle articule une série de douze peintures, à un «monstre qui dévore et abandonne». |
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Gabriele Münter. Le Lac bleu, 1954. Huile sur toile, 50 x 65 cm. Neue Galerie der Stadt Linz - Lentos Kunstmuseum Linz photo. © Adagp, Paris, 2025. |
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Gabriele Münter. Route menant aux montagnes, 1936. Huile sur toile. Murnau, Schlossmuseum; prêt permanent de la Sparkasse Oberland. |
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Gabriele Münter. Le Lac gris, 1932. Toile. Munich, Lenbachhaus; donation Gabriele Münter, 1957. |
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Gabriele Münter. Vue sur les montagnes, 1934. Toile, 47,1 x 56,1 cm. Munich, Lenbachhaus. Crédit: Städtische Galerie im Lenbachhaus und Kunstbau München. © Adagp, Paris, 2025. |
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Gabriele Münter. Pelle mécanique, 1935. Carton. Munich, Gabriele Münter und Johannes Eichner Stiftung. |
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Gabriele Münter. Dr. Hanna Stirnemann, 1934. Carton. Munich, Gabriele Münter und Johannes Eichner Stiftung; prêt permanent au Landesmuseum Kunst & Kultur, Oldenburg.
Münter réalisa ce portrait de Hanna Stirnemann lors d’une visite de celle-ci à Murnau, ou peu après. Les montagnes bleues en arrière-plan sont une évocation du paysage typique des environs de ce village du sud de la Bavière. Hanna Stirnemann était devenue la première femme directrice de musée en Allemagne, après avoir pris la direction du musée municipal de léna, en 1950. Celui-ci fut l’une des sept étapes de l’exposition itinérante «Gabriele Münter. 50 peintures des 25 dernières années (1908-1933)», en 1934. |
8 - DIFFUSION DE L'ŒUVRE DE GABRIELE MÜNTER
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