FURUSIYYA. Chevaliers en pays d'Islam

Article publié dans la Lettre n° 273


FURUSIYYA. Chevaliers en pays d’Islam. L’Institut du Monde Arabe présente les plus beaux fleurons de la collection de la Furûsiyya Art Foundation dont l’ambition est de réunir les plus belles pièces consacrées aux arts équestres dans l’Islam. A l’origine, elle s’attachait à acquérir des pièces antérieures au XVIe siècle, quasiment introuvables sur le marché de l’art. Aujourd’hui elle s’est ouverte à des objets plus récents et couvre dix siècles, du VIIIe au XVIIIe, de production dans son domaine.
La principale caractéristique des objets exposés, en dehors de leur usage apparent, la guerre et la chasse, est leur beauté. Les connaisseurs apprécieront des objets rarissimes et la majorité des visiteurs pourra s’émerveiller à la vision d’objets réalisés à partir de matériaux précieux (or, argent, ivoire, gemmes, etc.) par des artistes maîtres de leur art. Cette exposition montre ainsi la place occupée par les armes, les armures et l’équipage du chevalier dans la production générale des arts de l’Islam et cela bien après l’apparition des armes à feu. La présentation est avant tout thématique; par exemple les armes blanches à lame longue, les atours du chevalier, le recours à la protection divine, les poignards comme joyaux masculins, etc.
L’épée est en pays d’Islam, comme en occident, l’attribut du chevalier. Cette arme a une valeur bien plus que défensive. C’est un symbole à qui l’on donne un nom. Le prophète Muhammad possédait plusieurs épées, chacune avec un nom. La plus importante était Dhu’l-faqâr, qu’il avait reçue dans sa part de butin à la bataille de Badr en 624 et qui devint une relique sacrée entre le VIIIe et le XIe siècle. Cette tradition est à mettre en parallèle avec le roi Arthur et Excalibur ou Roland et Durandal. La tradition rapporte que Muhammad puis Ali, qui aurait reçu Dhu’l-faqâr du premier, attachaient à cette épée un document où étaient précisés les textes régissant la communauté musulmane. L’épée était donc aussi symbole de loi. On ne s’étonnera donc pas de voir autant d’épées, souvent richement décorées, dans la première partie de l’exposition. D’autres attributs du chevalier avaient pour but d’impressionner l’adversaire ou le visiteur, voire de l’effrayer. C’est le cas de ce masque métallique fixé au casque, tel qu’il en existait déjà à la période hellénistique, qui orne les affiches de l’exposition. Le soleil est aussi un symbole assimilant le souverain à l’astre du jour, d’où ce désir d’aveugler l’ennemi par l’éclat de l’armure ! A cela s’ajoute des inscriptions portées sur les armes pour invoquer la protection divine, car il n’est pas de victoire sans volonté divine. L’exposition nous montre ainsi plusieurs pièces qui portent des versets coraniques.
La partie la plus spectaculaire est celle des poignards dont beaucoup sont de véritables bijoux en jade, ivoire, cristal de roche, émail, pierres précieuses, jade, etc. Ceux de l’Inde moghole sont les plus représentatifs de cet art. Une autre section est consacrée à la monture - cheval ou dromadaire - avec des caparaçons décorés et des chanfreins inscrits damasquinés d’or qui devaient servir lors des parades. L’archerie, comme discipline d’adresse occupe aussi une place de choix. C’est donc une exposition très intéressante et rare, dont les pièces sont particulièrement bien mises en valeur, avec des explications claires et intéressantes, qu’il nous est donné de voir ici. Institut du Monde Arabe 5e (01.40.51.38.38) jusqu’au 21 octobre 2007.
Pour voir notre sélection de visuels, cliquez ici. Lien : www.imarabe.org/temp/expo.


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