FRAGONARD AMOUREUX, GALANT ET LIBERTIN

Article publié dans la Lettre n° 388
le 16 novembre 2015


 
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FRAGONARD AMOUREUX, GALANT ET LIBERTIN. Jean-Honoré Fragonard (1732-1806) ou Frago, comme il se nommait lui-même, s’est intéressé avec talent à différents genres : peinture d’histoire, peinture religieuse, peinture de genre, paysages, mais la présente exposition est consacrée à une partie marginale de son œuvre, significative de son époque, la peinture amoureuse, dans tous les sens du terme. Fragonard, contrairement à ce qui a pu être écrit après sa mort, n’était pas libertin mais plutôt un bon père de famille, aimant sa femme, peintre comme lui et célèbre miniaturiste, et ses enfants. On peut imaginer que la vente de tableaux érotiques, destinés à de riches commanditaires pour meubler leurs boudoirs ou « petites maisons » qui abritaient leurs rendez-vous galants, était plus lucrative que celle d’un tableau religieux ! C’est sans doute François Boucher (1703-1770), l’un de ses maîtres, connu pour ses tableaux mêlant thématique amoureuse et galanterie pastorale, qui le fit connaître dans ce genre, qu’il exploita sous toutes ses formes avec un très grand succès.
Le parcours illustre, avec quelque 80 œuvres (tableaux, dessins, gravures, livres) provenant du monde entier, les différents thèmes traités par Fragonard et quelques-uns de ses contemporains. On commence ainsi, avec « Le berger galant », par des tableaux dans la veine de ceux de Boucher, puis on enchaine, avec « Les amours des dieux » sur des tableaux propres à « remplir nos pensées de plaisir par une suite continuelle de divertissements libertins » comme l’affirmait l’abbé Pluche, destinés aux espaces de plaisirs, aux salons d’apparat ou aux chambres à coucher, comme celle de Louis XV.
Les quatre sections suivantes nous présentent des œuvres plus crues, libertines, voire licencieuses. Fragonard suit son ainé et ami Pierre-Antoine Baudouin (1723-1769), dont on voit six gouaches. Il illustre les célèbres contes de la Fontaine, livre pour adultes, et d’autres livres libertins, exposés ici. Les sujets sont explicites : Le Baiser, l’Instant désiré, L’heureux moment ou La Résistance inutile, La Chemise enlevé, Les Curieuses, etc.
A une époque où Rousseau écrivait que « Jamais fille chaste n’a lu de romans », Fragonard et d’autres représentent des femmes en train de lire, leur reconnaissant ainsi le droit à une certaine émancipation.
La section suivante est consacrée au « Renouveau de la fête galante », chère à Watteau (1684-1721) que Fragonard réactualise avec des toiles comme la célèbre L’Île d’amour ou encore Le Colin-Maillard ou La Leçon de musique.
Les trois dernières sections nous présentent un Fragonard « assagi ». Avec «L’amour moralisé», nous voyons Le Verrou, étonnant pendant de L’Adoration des bergers, deux toiles commandées par le marquis de Véri vers 1777, et un sujet divertissant, L’Armoire. Tout à côté, on mesure l’intérêt de Fragonard pour l’Arioste (1474-1533) et son Orlando furioso qu’il illustre presque scène par scène avec quelque 180 dessins, sans aller au bout de son projet. Le parcours se termine sur des « Allégories amoureuses », un genre auquel Fragonard se consacre à la fin de sa carrière, qu’il interrompt vers 1790. Un sujet intéressant et bien traité, dans une magnifique scénographie de Jean-Julien Simonot. Musée du Luxembourg 6e. Jusqu’au 24 janvier 2015.
Lien : www.musee-orsay.fr.


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