FISCHLI & WEISS
Fleurs et questions

Article publié dans la Lettre n° 268


FISCHLI & WEISS. Fleurs et Questions. Par sa diversité, son humour, les sujets abordés, cette exposition devrait réconcilier avec l’Art Moderne tous ceux qui y sont allergiques ! En effet, ces deux artistes suisses nés à Zurich, Peter Fischli en 1952 et David Weiss en 1946 travaillent ensemble depuis 1979 et portent sur le monde qui nous entoure un regard plein d’humour et de simplicité (apparente).
S’il n’y a qu’une vingtaine d’œuvres présentées, cela représente en fait des milliers d’objets, de photos, de diapositives et des dizaines d’heures de projection ! Leurs thèmes, leurs façons de procéder, évoquent Dada. Tous deux avaient d’ailleurs participé à l'organisation de l’exposition sur Francis Picabia en 2002 en ce même lieu (voir Lettre 207), artiste qui avait fait un bout de chemin avec le dadaïsme et qui utilisait lui aussi différentes techniques.
L’exposition commence par une série de sculptures moulées en gomme noire (caoutchouc) à partir d’objets réels comme des racines ou une écuelle pour chien. Viennent ensuite de grandes photos appartenant à deux séries : Airports (1987-2006) et Fleurs, Champignons. Ces dernières sont le fruit du hasard car l’un des artistes réutilise la même pellicule déjà impressionnée par son équipier pour faire ses photos d’où des superpositions étonnantes et poétiques.
Nous entrons maintenant dans la partie la plus amusante de l’exposition avec une œuvre intitulée Soudain cette vue d’ensemble (1981-2006) composée de 250 petites sculptures réalisées à la main dans de l’argile crue. Elles retraçent l’histoire du monde depuis Le premier poisson décidant d’aller sur la terre ferme jusqu’à Développement moderne, en passant par Monsieur et Madame Einstein juste après la conception de leur fils Albert ou Mick Jagger et Brian Jones rentrant chez eux satisfaits après avoir composé « I can’t get no satisfaction » !
L’espace suivant est consacré à deux films dont l’un, Le droit chemin (1982-1983), nous montre les deux artistes déguisés en rat et en ours (les costumes sont d’ailleurs exposés dans des vitrines, pratiquement opaques !) évoluant dans la nature en un duo comique. Arrive ensuite la série Les saucisses où ces aliments représentent toutes sortes d’objets, par exemple des voitures après un accident entourées de passants évoqués, eux, par des mégots. Dans les autres espaces nous avons surtout des projections dont la plus passionnante est une vidéo extraite d’un film en 16 mm intitulé Le cours des choses (1986-1987) où l’on voit un enchaînement de mouvements d’objets quotidiens qui se percutent de façon plus ou moins burlesque avec, en plus, des effets pyrotechniques.
Signalons pour finir, mais il y a bien d’autres « choses » à voir, l’espace consacré à des œuvres étonnantes de réalisme. Dans l’atelier (2004) représente le véritable atelier des deux artistes, réalisé avec les vrais outils et matériaux des artistes, avec un tel réalisme que l’on ne voit pas que tout a été fait en polyuréthane enduit et peint, que ce soit le marteau, la table ou les pelures d’orange ! Surtout n’hésitez pas à aller voir cette extraordinaire rétrospective. Musée d’Art moderne de la Ville de Paris, jusqu’au 13 mai 2007.
Pour voir notre sélection de diapositives, cliquez ici. Lien: www.mam.paris.fr.


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