Parcours en images de l'exposition

FABLES & BIBLIOPHILIE

avec des visuels mis à la disposition de la presse,
et nos propres prises de vue

Parcours accompagnant l'article publié dans la Lettre n°499 du 18 mars 2020

 



Entrée de l'exposition
Vue de l'exposition dans le Cabinet des livres du duc d'Aumale
Vue du Cabinet des livres du duc d'Aumale
 
Panneau didactique


1 - LES FABLES DE L'ANTIQUITÉ


1. Les fables de l’Antiquité

Dans l’Antiquité, l’apologue n’a longtemps pas d’existence autonome. Ce type de court récit narratif et fictif, à visée argumentative et dont on tire une morale pratique, s’intègre dans des discours ou des textes divers. La première fable connue, celle de l’Épervier et du Rossignol, est insérée par Hésiode dans Les travaux et les jours, huit siècles avant notre ère. À Rome, le poète Horace glisse quelques fables parmi ses Satires, notamment celle du Rat des villes et du Rat des champs.

Dans les écoles de rhétorique grecque, un des exercices consiste à mettre en prose une fable en vers, ou inversement. Ce sont ces exercices scolaires qui ont permis de constituer des recueils et de perpétuer le canevas des fables dites « ésopiques ». Ésope est un auteur mentionné par de nombreux écrivains grecs et dont l’histoire quasi légendaire est mise définitivement en forme par un érudit byzantin au XIIIe siècle. Son nom a servi à regrouper de brefs récits ou bons mots circulant de manière orale et mettant en scène des animaux, mais aussi des hommes connus, des allégories ou des personnages mythologiques.

Esclave affranchi qui aurait vécu au VIe siècle avant notre ère, Ésope est devenu une figure tutélaire dont se réclament les fabulistes, y compris La Fontaine. Au Ier siècle, un autre esclave affranchi, Phèdre, s’inspire à son tour d’Ésope. Phèdre est le premier fabuliste à souligner son apport personnel au genre ancien et à s’affirmer comme un créateur littéraire avec une visée satirique et politique particulière.

Le brahmane hindou Bidpaï qui aurait vécu au IIIe siècle avant notre ère est le double oriental d’Ésope. Ses fables écrites en sanskrit ont été traduites en persan, puis en arabe au VIIIe siècle. Alors qu’Ésope produit des fables courtes sans lien entre elles, la tradition indienne et arabo-persane enchâsse les fables dans un récit continu mettant en scène deux chacals Kalila et Dimna. Les fables de Bidpaï sont, avec celles d’Esope et Phèdre, les principales sources d’inspiration de La Fontaine au XVIIe siècle.



 
Texte du panneau didactique.
 
Maxime Planude (1260 ? - 1310). Fabulae. Esopo con la viat sua historiale vulgare et latino... Milan. Ulrich Scinzenzeler, 1497.


2 - LES FABLES AU MOYEN ÂGE



Scénographie
2. Les fables au Moyen Âge

Le nom des premiers recueils médiévaux de fables — « Ysopets », ou propos d’Ésope — souligne leur dette envers les collections gréco-latines dont ils sont tirés. Ces recueils anonymes, globalement inspirés par le fabuliste phrygien, contiennent des pièces indépendantes les unes des autres, composées d’un récit et de l’interprétation qu’il convient de donner à celui-ci.

Au Moyen Âge, le genre de la fable est très répandu. Les ysopets se multiplient et les fables se glissent dans d’autres formes écrites, recueils encyclopédiques, bestiaires (traités ayant trait aux animaux), livres d’instruction ou de morale chrétienne. Le Roman de Renart dont le récit déroulé de manière continue contient des apologues, peut être considéré comme une variante médiévale de la fable.

Parfois infidèles à la tradition antique, les ysopets médiévaux témoignent d’un autre choix littéraire que celui de la simple compilation de sources. Il s’agit d’une littérature vivante, qui privilégie les animaux. Liée à la cour d’Henri II Plantagenêt et d’Aliénor d’Aquitaine, Marie de France est, au XIIe siècle, la première fabuliste à produire des textes originaux en langue française : son style simple, vif et fluide inspire La Fontaine.

La sécheresse et le didactisme des fables médiévales ordinaires sont compensés par la force comique des animaux anthropomorphisés et par l’illustration. Celle-ci est d’autant plus expressive que le décor est réduit. Les fables bénéficiant d’enluminures sont celles qui sont les plus populaires et qui le resteront. Les miniatures et les gravures sur bois établissent une tradition iconographique dont sont tributaires tous les illustrateurs de fables jusqu’à La Fontaine.


 
- Fable de l'aigle et de l'escargot qui préfère garder sa coquille plutôt que de voler (chapitre 186 du Ci nous dit).
- Fable du paon et de la grue (chapitre 187 du Ci nous dit).

Texte du panneau didactique
 
 
 


3 - LES FABLES DE LA RENAISSANCE



Scénographie
3. Les fables de la Renaissance

Dès la fin du XVe siècle, la fable ésopique connaît une grande diffusion imprimée et un profond renouvellement. Les grandes compilations humanistes rompent avec la tradition « naïve » des ysopets pour établir de luxueuses éditions érudites dont le texte se veut le plus fidèle possible à l’« original » antique. La découverte de sources grecques et de textes oubliés au Moyen Âge permet d’augmenter le corpus avec notamment l’édition des fables de Phèdre en 1596.

Si les humanistes se consacrent surtout à l’édition des textes anciens, divers auteurs innovent. Bonaventure des Périers publie en 1558, dans ses Nouvelles récréations et joyeux devis, l’histoire de « la bonne femme qui portoit une potee de laict au marché », ancêtre de La Laitière et le pot au lait. L’usage que font Érasme ou Rabelais de la fable dans leurs oeuvres traduit par ailleurs une vive réflexion théorique sur l'apologue.

Les nouvelles pratiques d’édition et de structuration des recueils font apparaître des modèles inédits de présentation enrichie de commentaires. En France, le poète et libraire Gilles Corrozet innove en adaptant son recueil de fables à la forme du livre d’emblèmes. L’emblème avec devise, figure gravée ou peinte et épigramme fait face à la fable ésopique en vers, composée du récit et de la morale.

L’univers longtemps pauvre et méconnu de la fable acquiert une dimension esthétique qui lui permet d’affirmer ses visées morales et didactiques. Si les premiers recueils incunables insistent sur la laideur d’Ésope et les facéties qu’on lui attribue, ces représentations disparaissent peu à peu des fabliers dont les Cento favole bellissime de Giovanni Maria Verdizotti fournissent un élégant modèle à La Fontaine.


 
Texte du panneau didactique
 
Fable de la Tortue et les deux Canards (Version de l'Anvâr-i Souhili qui a inspiré La Fontaine).
 

 

 

 

 

 



4 - LA FONTAINE ET LA FABLE CLASSIQUE


Scénographie
4. La Fontaine et la fable classique

Au XVIIe siècle, la fable est à la mode grâce aux nouvelles pédagogies mises en place dans les collèges, à de nouvelles éditions d’Esope et Phèdre mais surtout au génie de La Fontaine. Sans conteste le plus connu des fabulistes, Jean de La Fontaine est né à Château-Thierry, en 1621. Il commence sa carrière dans l’entourage du Surintendant des Finances, Nicolas Fouquet, qui tient une cour brillante dans son château de Vaux-le-Vicomte. Après la disgrâce du surintendant en 1661, il entre dans la clientèle de riches familles autrefois proches de Fouquet.

La Fontaine connaît le succès littéraire avec la publication des Contes puis des Fables, dont les six premiers livres sobrement illustrés par François Chauveau paraissent en 1668, les cinq suivants dix ans plus tard. Le succès est immédiat et l’écrivain procède à des rééditions avant de publier son dernier livre en 1694. La première édition est dédiée au Dauphin, fils de Louis XIV, la dernière, publiée du vivant de l’auteur, au duc de Bourgogne, fils du premier dédicataire. Malgré cette visée pédagogique initiale, les œuvres de la Fontaine connaissent surtout le succès dans les salons, en parallèle de l’intense activité mondaine de leur auteur dans les années 1680.

« J’ai considéré que, ces fables étant sues de tout le monde, je ne ferais rien si je ne les rendais nouvelles par quelques traits qui en relevassent le goût ». La Fontaine joue sur la diversité, variant le ton, les sujets, la structure même de l’apologue. La Fontaine se livre aussi à un véritable travail sur le récit, dramatisant les scènes et les situations, dotant les animaux d’une personnalité plus complexe. Sa douce ironie touche souvent à la satire et parfois à la philosophie. Ses morales sont parfois paradoxales et étonnent encore les lecteurs. C’est ainsi que La Fontaine fonde une nouvelle esthétique de la fable.


 
Texte du panneau didactique
 
Le Meunier, son fils et l'âne.
 

 



LES FABLES ET LE LIVRE ILLUSTRÉ



Scénographie
 

 



5 - LA FABLE MODERNE ET CONTEMPORAINE



5. La fable moderne et contemporaine

Les Fables de La Fontaine connaissent un renouveau de succès au XVIIIe siècle. Le goût pour la nature et la posture de la retraite philosophique permettent aux hommes du temps de s’identifier à la figure du poète qui traverse les Fables. C’est l’époque de prestigieuses rééditions illustrées dont les dessins et gravures sont réutilisés dans l’ensemble du champ décoratif. Les animaux de La Fontaine s'ébattent sur les lambris des singeries de Chantilly ou hantent les jardins des princes de Condé. Les illustrateurs et les peintres des siècles suivants ne cessent de réinterpréter à leur tour le texte pour les nouveaux lecteurs et les bibliophiles.

La fortune des fables suscite encore l’émulation des écrivains au XVIIIe siècle. L’ombre de La Fontaine s’étend cependant si démesurément sur le genre qu’elle occulte tous ceux qui tentent de suivre le maître ou renouveler sa voie. Seuls émergent quelques noms comme ceux d’Houdar de la Motte ou de Florian, servis par de grands illustrateurs. Au XIXe siècle, la désaffection des auteurs à l’égard de la fable grandit, rendant d’autant plus remarquables les fables écrites à des fins satiriques contre Louis-Philippe ou Napoléon III conservées par le duc d'Aumale.

Les maîtres se sont emparés des fables comme outil d’enseignement. Le Cabinet des livres conserve les exercices de latin, les leçons de morale ou les livres de prix de plusieurs générations de princes de Condé ou d’Orléans. Seule une vingtaine de fables sont étudiées par les jeunes princes au XVIIIe siècle comme par les écoliers d’aujourd’hui. Le potentiel d’expression de ce corpus restreint demeure bien vivant dans la littérature pour la jeunesse du XXIe siècle.


 
Texte du panneau didactique
 
Jean-Pierre Claris de Florian. Fables. Paris, J-J. Dubochet, 1842.


LES FABLIERS DU DUC D'AUMALE



Scénographie