DYNAMO
Un siècle de lumière et de mouvement dans l’art, 1913-2013

Article publié dans la Lettre n° 356
du 17 juin 2013


DYNAMO. Un siècle de lumière et de mouvement dans l’art, 1913-2013. Une sorte d’épaisse fumée blanche s’échappe du bassin situé au milieu du square Jean-Perrin. Ce n’est pas l’eau qui s’est mise à bouillir, comme dans certains sites islandais, mais une installation de Fujiko Nakaya, réalisée spécialement pour nous accueillir dans cette exposition qui ne ressemble à aucune autre et où tout est démesuré. Démesure dans la surface d’exposition, 3700 m2, soit la totalité des galeries d’exposition du Grand Palais (le parcours est tellement long qu’il existe un raccourci pour les visiteurs pressés ou fatigués !). Démesure dans le nombre d’artistes présentés, 143, presque tous contemporains. Démesure dans le nombre d’œuvres exposées, 205, dont certaines occupent une salle à elles toutes seules. Tout cela pour nous présenter cent ans d’un art qui a plusieurs noms : art optique, art cinétique, art perceptuel, art luminocinétique, etc. et qui a pour caractéristique de travailler sur l’espace, la vision, le mouvement et la lumière.
Le parcours commence par des œuvres contemporaines spectaculaires : les miroirs concaves Untitled d’Anish Kapoor (2008) ; le Rotating Labyrinth de Jeppe Hein (2007) ; la peinture murale Mirrors de Philippe Decrauzat (2013) ; la Bluette d’Ann Veronica Janssens (2006) à base de brouillard artificiel et de filtres colorés ; le Triple X Neonly de François Morellet (2012) et Light Corner, panneaux aveuglants et bruyants de Carsten Höller (2001), déconseillé à ceux qui souffrent d’épilepsie ! Ce n’est pas la seule œuvre qui présente un « danger » et nous conseillons de ne pas s’aventurer dans certains espaces, plongés dans l’obscurité, sans casque ou lampe de poche !
Après cette mise en bouche, la première partie du parcours, sous le titre « Vision », nous présente des œuvres regroupées selon leur appartenance à tel ou tel procédé. Nous avons ainsi successivement la Claire-voie, la Permutation, le Concentrique / Excentrique, l’Interférence, l’Immersion, la Distorsion, le Tactile, la Trame et le Battement.
Nous descendons d’un étage pour aborder la deuxième partie, « Espace », elle aussi divisée en plusieurs groupes : Abîme, Nuée, Champs de force, Halo, Espace incertain, Maëlstrom et Céleste. Chaque artiste nous montre une approche différente de la notion d’espace dont il cherche à faire disparaître les limites par des jeux de lumière ou de miroirs, par des labyrinthes, etc. Pour une fois le visiteur a le droit de toucher certaines œuvres, de les mettre en mouvement, de se « perdre » dans le Labyrinthe de GRAV (Groupe de recherche d’Art Visuel) (1963) ou de se frotter aux fils de Pénétrable BBL Bleu de Soto (1999).
Toutes ces œuvres témoignent de la volonté des artistes de faire participer le spectateur en stimulant ses sens. L’abstraction permet d’innover. Les avancées technologiques permettent des représentations insoupçonnables jusque-là et expriment bien la notion de progrès. Comme l’écrit Serge Lemoine, commissaire général de l’exposition, « [l’abstraction] est à l’opposé du renoncement et de la mélancolie ». Et c’est vrai qu’il y a quelque chose de jouissif et de ludique dans la contemplation de ces œuvres, très colorées, souvent en mouvement, aux lumières changeantes, qui se jouent de votre vision et de votre perception. Le plaisir que l’on éprouve est semblable à celui d’un passage dans un « Palais des glaces » ou à la contemplation des écrans géants, la nuit, à Shanghai. On peut trouver artificiel - et c’est bien le cas - ces réalisations, mais on ne peut pas être indifférent, voire admiratif devant tant de brio pour faire tourbillonner, sans attache, une bande magnétique dans l’air, avec deux simples ventilateurs (Beyond the fans, Zilvinas Kempinas, 2013) ou vous renvoyer votre image retournée à 90° (360° Illusion II, Jeppe Hein, 2007). Le parcours avait commencé par les contemporains, il se termine par les pionniers tels que Giacomo Balla, Robert Delaunay, Marcel Duchamp dont on voit Rotative, plaques-verre (1920) ou encore, parmi une vingtaine d’artistes, Alexander Calder, dont tout le monde connaît les « Mobiles ». Une exposition en tous points remarquable que l’on a peu de chance de revoir prochainement. Grand Palais 8e. Jusqu’au 22 juillet 2013.
Pour voir notre sélection de visuels, cliquez ici. Lien : www.rmn.fr.


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