PAUL DURAND-RUEL
Le pari de l'impressionnisme

Article publié exclusivement sur le site Internet, avec la Lettre n° 376
du 29 décembre 2014

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PAUL DURAND-RUEL. Le pari de l'impressionnisme. Ce n'est pas la première exposition consacrée à un marchand d'art, il y en a déjà eu pour Theo Van Gogh, Ambroise Vollard ou Henri Kahnweiler, mais celle-ci a une importance particulière en nous montrant le travail accompli par Paul Durand-Ruel, à partir de son exil à Londres en 1870, pour faire connaître ceux qui allait devenir les impressionnistes.
Né en 1831, il rejoint son père en 1855 dans l'une des plus importantes galeries d'art d'Europe, qu'il dirigera à partir de 1865, à la mort de son père. Réfugié à Londres pendant la guerre franco-prussienne, il rencontre Monet et Pissarro dont il achète et expose immédiatement les œuvres. De retour à Paris en 1871 il commence à acheter des tableaux à Manet, Degas, Renoir, Sisley et Morisot. Il noue des relations originales (prêt d'argent contre des prêts de tableaux destinés à être vendus plus tard avec une plus-value) avec des financiers, qui lui permettent d'acquérir un nombre impressionnant de tableaux. C'est ainsi qu'il a acheté mille cinq cents Renoir, plus de mille Monet, huit cents Pissarro, plus de quatre cents Degas, près de quatre cents Sisley, autant de Cassatt, ainsi que deux cents Manet. Comme le montre sa correspondance avec Monet, il met en avant inlassablement ces peintres dont personne ne veut, ni les salons officiels, ni les musées.
En 1883 il organise, c'est nouveau à l'époque, des expositions particulières consacrées à Boudin, Monet, Renoir, Pissarro et Sisley et envoie des tableaux impressionnistes à Londres, Boston et Berlin. En 1886 il organise une exposition à New-York où les deux tiers des 289 œuvres exposées proviennent de son stock. C'est à ce moment-là qu'il commence à récolter les fruits de son travail de promotion de ces artistes modernes. Il ouvrira d'ailleurs une galerie à New York. En 1905 c'est à Londres, aux Grafton Galleries, qu'il présente la plus importante exposition d'œuvres impressionnistes jamais organisées. Il y expose 315 tableaux dont 196 de sa collection privée. A l'époque son immense appartement du 35 rue de Rome à Paris est ouvert au public qui peut y voir une partie de cette collection. En 1913 il se retire de la galerie, qui sera dirigée par ses fils. Il meurt en 1922. La galerie de New York ferme en 1950, celle de Paris cesse le commerce de tableaux en 1974 avec une exposition hommage au marchand.
La présente exposition, dans une magnifique scénographie de l'agence bGc studio, avec des pancartes et des cartels très clairs, se déroule en quatre parties. Elle commence par « Chez Monsieur Paul Durand-Ruel », avec des tableaux de Renoir et Monet et une sculpture de Rodin, Jeune mère à la grotte, 1893. Cela permet d'avoir une idée de ce que à quoi ressemblait l'appartement de ce marchand, sans être aussi impressionnant que la reconstitution de l'appartement de Paul Guillaume à l'Orangerie. Elle se poursuit par « La « belle école » de 1830 ». En effet, Paul Durand-Ruel aimait particulièrement Delacroix, Rousseau, Courbet, Corot, Millet etc., qui constituaient l'essentiel de son activité de marchand au milieu du 19e siècle.
La troisième salle est consacrée à « La découverte des impressionnistes et de Manet ». Celle-ci a lieu à Londres en 1870 où, comme nous l'avons vu, il rencontre Monet et Pissarro. A son retour en France il s'intéresse aux autres peintres du groupe qui, fort du soutien de quelques amateurs, organisent une première exposition chez le photographe Nadar, en 1874.
La dernière partie met en exergue les expositions organisées par Paul Durand-Ruel. En premier lieu celle de 1876, dans sa galerie à Paris, qui réunit 250 œuvres de 19 artistes. Son nom est maintenant associé aux impressionnistes : « Ces gens sont fous, mais il y a encore plus fou qu'eux, c'est un marchand qui les achète ». Ensuite celles de 1883 où il présente chaque artiste individuellement, ce qui va très bien à Monet qui peint de grandes séries, comme Les Meules, dispersées ensuite chez les collectionneurs. Enfin une rétrospective de toutes ses expositions internationales, à New-York, Berlin et surtout Londres où il avait commencé trente ans plus tôt avec la volonté « d'imposer des artistes très originaux ». Mission accomplie.
On note que plus de deux cents tableaux impressionnistes appartenant aux trois musées organisateurs de cette exposition, qui partira pour Londres puis pour Philadelphie, sont passés par la galerie Durand-Ruel. A titre d'exemple, sur les quatre cents tableaux impressionnistes du musée d'Orsay, une centaine sont passés chez Durand-Ruel. C'est le mérite de cette belle exposition de rappeler tout cela. Musée du Luxembourg 6e. Jusqu'au 8 février 2015. Lien : www.museeduluxembourg.fr.


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