DOLCE VITA ?
Du Liberty au design italien
1900-1940

Article publié exclusivement sur le site Internet, avec la Lettre n° 384
du 15 juin 2015

 
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DOLCE VITA ? Du Liberty au design italien. 1900-1940. Le début du XXe siècle est caractérisé par l’affirmation de l’Art Nouveau, connu dans sa version italienne comme « style Liberty » ou « floréal ». Il se manifeste en particulier lors de l’Exposition Internationale des Arts Décoratifs de Turin en 1902 où les objets exposés se rattachent aux œuvres des peintres divisionnistes, également présents dans cette exposition, proches des tendances symbolistes répandues dans toute l’Europe. Plus tard apparaît un rival à la volonté fortement « anti-passéiste », le Futurisme. Créé en 1909, ce mouvement ne commencera à imprégner les arts décoratifs qu’après la première guerre mondiale. A la saison des avant-gardes succèdent dans toute l’Europe les années du « rappel à l’ordre ». Ce retour à la culture classique se décline en Italie sous des formes diverses comme la Métaphysique de De Chirico ou le Réalisme magique de Felice Casorati. Même le « Novecento », le mouvement soutenu par Margherita Sarfatti, critique d’art et aussi maîtresse et conseillère de Mussolini, s’inscrit dans ces expérimentations modernistes. Dans les arts appliqués, le style rationaliste et l’expérimentation de nouveaux matériaux marquent le passage vers la production industrielle et vers le design dans sa conception moderne.
Pour présenter cette période riche et complexe qui finira par connaître l’issue tragique du régime mussolinien, les commissaires ont sélectionné quelque 160 œuvres réparties en cinq sections. Dans la première, « La saison du Liberty », nous voyons des meubles aux formes fantastiques de Carlo Bugatti, des tableaux du peintre divisionniste Giovanni Segantini, des œuvres du maître verrier Vittorio Zecchin qui se consacre également à la peinture, à la création de meubles, de tapisseries etc. jusqu’à la réalisation d’un somptueux cycle décoratif sur le thème des Mille et Une Nuits, pour l’hôtel Terminus en 1914, et des objets d’artistes vivant dans d’autres provinces que celles du Nord.
La seconde section, « Reconstruction futuriste de l’univers », fait référence au Futurisme, mouvement créé par Filippo Tommaso Marinetti en opposition au « passéisme ». Les jeunes artistes proposent une nouvelle esthétique basée sur l’apologie du progrès et de la vitesse. En 1915, Balla et Depero lancent le manifeste Reconstruction futuriste de l’univers en déclarant : « Nous futuristes, Balla et Depero, nous voulons réaliser cette fusion totale afin de reconstruire l’univers en lui infusant la joie, c’est-à-dire en le recréant complètement ». Cette seconde période du futurisme durera jusqu’au début des années 1940 et s’étendra à tous les domaines de l’art et de la vie. Des meubles, des tableaux, des sculptures, des affiches etc. illustrent cette section.
La troisième section, « Métaphysique. Un rêve déguisé à l’antique », met en avant ces peintres, mais aussi des artistes des Arts décoratifs, qui associent dans leurs tableaux des bustes, plâtres et vestiges antiques avec des objets quotidiens, d’où cette définition de « rêve déguisé à l’antique » donnée par le critique Fritz Neugass. Le plus célèbre d’entre eux est le peintre d’origine grecque Giorgio De Chirico dont on voit un grand nombre de tableaux. Mais nous avons aussi des objets de divers artistes comme cette salle à manger de Felice Casoreti.
Avec « Novecento. Un classicisme moderne », la quatrième section nous présente ce « retour à l’ordre » avec un style fondé sur la pureté des formes et l’harmonie de la composition, tout en utilisant des techniques inédites de fabrication. Parallèlement au langage « solide, concret et définitif » du Novecento, se développe le « Réalisme magique » qui propose une interprétation originale du climat de retour au classicisme.
Enfin, sous le titre « Abstraction et rationalisme. Vers le design industriel », la dernière section présente ces jeunes architectes lombards qui fondent le « Gruppo 7 » en 1926, auquel adhèrent des architectes de toute l’Italie. Pour eux les formes des édifices et des objets usuels sont déterminées par leur fonction. Utilisant des matériaux nouveaux, ils réalisent des meubles aux formes épurées, sans ornementation, ouvrant la voie au design industriel. Certains objets, comme la lampe « Bilia » de Gio Ponti conçue en 1931, ne sont mis en production que bien des années plus tard car jugés trop d’avant-garde !
Une exposition très intéressante, avec des objets ravissants présentés dans une scénographie très suggestive. Musée d’Orsay 7e. Jusqu’au 13 septembre 2015. Lien : www.musee-orsay.fr.


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