DESIGN EN AFRIQUE.
S’asseoir, se coucher et rêver

Article publié dans la Lettre n° 351
du 4 mars 2013


DESIGN EN AFRIQUE. S’asseoir, se coucher et rêver. La présente exposition nous montre comment des designers africains s’inspirent des objets traditionnels de leurs pays pour concevoir des objets contemporains, le plus souvent destinés au marché occidental. Les créations d’une douzaine d’entre eux, souvent primées dans des concours internationaux, sont présentées à côté de quelques-unes des plus belles pièces des collections du musée Dapper et d’autres institutions internationales.
Le mobilier en Afrique est essentiellement constitué par les sièges et les appuis-tête et accessoirement par les lits funéraires. Ce sont donc ces objets traditionnels qui sont exposés. Le siège, selon son ornementation, était un des emblèmes de pouvoir et suivait le chef durant ses déplacements. Au Ghana, chez les Asante, où l’on dit qu’« il n’est pas de secret entre un homme et son siège », cet objet hébergerait l’une des composantes de « l’âme » de la personne qui s’y assied pour travailler ou se reposer. Dans ce contexte, rien d’étonnant à ce que dans l’art baule, en Côte d’Ivoire, les statuettes asie usu, destinées à héberger cet être dangereux pour se le concilier, représentent un personnage assis. Ces sièges peuvent être constitués d’une sculpture plus ou moins complexe, éventuellement anthropomorphe, parfois réduite à un seul pied comme cette crosse-siège dogon (Mali), supportant l’assise. C’est en les observant qu’Ousmane Mbaye a conçu Patrimoine (2006), un élégant tabouret en tubes galvanisés et fûts de pétrole. Les matériaux utilisés traduisent cette volonté de récupération, courante en Afrique, que l’on retrouve dans maintes réalisations d’autres designers. Plus original encore, voici le fauteuil Sie (1996) de Vincent Niamien, en bois, avec une assise très basse, comme les sièges traditionnels, mais un très haut dossier composé de deux parties élancées. S’inspirant cette fois de la célèbre mosquée Djingareyber (XIVe siècle), dont les murs en terre argileuse sont décorés de bouts de bois en saillie permettant de grimper le long de ceux-ci pour les réparer, Jules-Bertrand Wokam réalise le Tabouret Tombouctou (2005) dont les deux pieds sont incrustés de tenons.
A côté de ces sièges, nous pouvons également voir des créations qui tournent en dérision aussi bien les excès de certains dictateurs, comme ce Fauteuil Mobutu (2005) d’Iviart Izamba, sorte de brouette recouverte d’une peau de léopard, que la société de consommation avec cette Chaise enfant (1998) réalisée par Nicolas Sawalo Cissé avec des boîtes métalliques de récupération.
Parmi les autres objets de design, en dehors du Slim bed (2009) en tôle et bois de Kossi Assous, lit au confort incertain, les objets les plus remarquables sont la Bibliothèque ngil avec tabouret (1991) de Christian Ndong Menzamet et Antonio Pépin inspirée d’un masque gabonais et la complexe commode Cadre d’union (2005) d’Alassane Drabo, épousant la forme du continent africain avec un grand nombre de tiroirs.
Dans le hall d’entrée on peut également voir les portraits aussi étonnants qu’extravagants de souverains africains, réalisés dans les années 1990 par Daniel Lainé, photographe, journaliste, réalisateur et grand reporter français. Le plus symbolique étant sans conteste celui de l’Asafoatse Gorkelu IV sur son palanquin « Mercedes » (Ghana) évoquant un petit pharaon des temps modernes. Musée Dapper 16e. Jusqu’au 14 juillet 2013.
Pour voir notre sélection de visuels de « Design en Afrique », cliquez ici. Pour voir notre sélection de visuels de « Des rois et leurs sièges », cliquez ici. Lien : www.dapper.fr.


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