DE WATTEAU A FRAGONARD.
Les fêtes galantes

Article publié dans la Lettre n° 369
du 26 mai 2014


DE WATTEAU A FRAGONARD. Les fêtes galantes. S’inspirant de la pastorale développée par les peintres vénitiens et flamands aux XVIe et XVIIe siècles, Antoine Watteau (1684-1721) invente un nouveau genre, la fête galante, qui invite à l’expérimentation et à l’innovation. Il remplace les bergers et les bergères par de jeunes parisiens à la mode, se promenant ou conversant dans des scènes poétiques d’une grande délicatesse. Son succès est tel que l’Académie royale de peinture et de sculpture, pourtant conservatrice, l’admet en son sein, mais en qualité de peintre d’histoire !
Watteau eut peu d’élèves. Le plus connu est Jean-Baptiste Pater (1695-1736) qui poursuivit l’expérimentation de son maître en introduisant des baigneuses dans ses scènes. Nicolas Lancret (1690-1743), l’un des successeurs les plus connus de Watteau, fit de même en réinterprétant les thèmes de prédilection de celui-ci. Tout au long du XVIIIe siècle, la fête galante s’est prêtée à de multiples développements. Lancret introduit ainsi dans ses paysages des œuvres célèbres qui permettent de les situer avec précision. Les peintres choisissent aussi des sujets, tels que le Déjeuner de chasse, très à la mode à l’époque, qui font de ces fêtes galantes de véritables tableaux de genre.
Pendant le règne de Louis XV, les commanditaires aiment se faire représenter dans un paysage champêtre de fête galante. Ces paysages peuvent être le Parc de Saint-Cloud, les Tuileries ou même les nouveaux boulevards ouverts à la périphérie de Paris, bordés d’allées et de cafés qui attirent les élégants. Cependant les artistes n’en restent pas là et introduisent également des figures exotiques tels que des motifs orientaux, surtout chinois, très à la mode à l’époque.
Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, la fête galante prend un tour plus décoratif sous l’influence de François Boucher (1703-1770) et d’Honoré Fragonard (1732-1806), qui ajoutent une note d’extravagance. Les élégantes parisiennes sont remplacées par des bergères aux courbes sensuelles, installées dans des paysages pittoresques où les artistes jouent avec l’invraisemblance.
Avec Fragonard, la fête galante atteint son apogée avec de grandes compositions décoratives où la nature tient une place prépondérante comme dans La Fête à Saint-Cloud (vers 1775-1780), exceptionnellement prêtée pour l’occasion par la Banque de France. Ce sujet élégant et raffiné, mis en scène par Hubert le Gall, est illustré par une soixantaine de tableaux et dessins provenant des plus grands musées et de collections privées du monde entier. C’est un enchantement à ne pas manquer. Musée Jacquemart-André 8e. Jusqu’au 21 juillet 2014.
Pour voir notre sélection de visuels, cliquez ici. Lien: www.musee-jacquemart-andre.com.


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