COSTUMES D'ENFANTS, MIROIR DES GRANDS
Hommage à Krishna Riboud

Article publié dans la Lettre n° 320
du 27 décembre 2010


COSTUMES D’ENFANTS, MIROIR DES GRANDS. Hommage à Krishna Riboud. Le musée Guimet rend hommage à cette collectionneuse émérite, appartenant à une grande famille indienne, ayant le prix Nobel Rabindranath Tagore comme arrière-grand-oncle, épouse de l’industriel Jean Riboud, spécialiste des textiles d’Asie, collaboratrice fidèle du musée, donatrice à ce dernier de son immense collection et morte il y a dix ans. Après une présentation de son jardin grâce aux photos inédites de son beau-frère, le photographe Marc Riboud, l’exposition est tout entière consacrée aux costumes d’enfants à travers trois sections, les costumes d’apparat, les costumes religieux et les costumes populaires, provenant principalement d’Inde, de Chine, du Japon et de la Corée.
Le costume, de l’italien costume qui signifie « coutume », n’est donc pas seulement un vêtement, c’est-à-dire une simple façon de se couvrir. Il exprime la manière de s’habiller particulière d’un pays, d’une époque, d’une condition. Il implique un ensemble complexe de signes afférents à la région, à l’ethnie, au statut social, au sexe et à l’âge.
Le costume d’apparat est un moyen de paraître, un instrument pour montrer sa puissance ou celle que l’on va avoir. En Inde les héritiers des souverains étaient présentés en leur compagnie, costumés en petits adultes. En Chine, les futurs empereurs arboraient dès leur plus jeune âge la robe dragon. Il en était de même dans les autres familles où, revêtir une robe quasiment officielle était censé pousser l’enfant à atteindre la même respectabilité que son père, devenant par là même le prolongement de l’existence de ce dernier sur terre.
A la fois symbolique et protecteur le costume est pour l’enfant le moyen d’attirer la bonne fortune, tout en repoussant les mauvais esprits. Il est indissolublement lié à la pratique religieuse, comme dans toutes les civilisations. En Inde, cette protection est donnée par la couleur du vêtement, par les bijoux, tels les bracelets portés par les petites filles aux bras et aux chevilles, voire par des chapeaux brodés de motifs identiques à ceux des vêtements de leur mère pour leur transférer la protection accordée à cette dernière. Les pays de l’Asie du Sud-Est, attribuant des vertus magiques aux étoffes indiennes, les importaient pour les utiliser lors de rites religieux. En Chine, l’enfant est protégé par des bijoux talismaniques, des chapeaux et des chaussures en forme d’animaux protecteurs tels le tigre et le chien.
Les vêtements populaires, quant à eux, privilégient souvent simplicité et robustesse et sont tissés dans des matériaux locaux (coton, lin, voire la soie en Chine). Ils sont utilisés aussi bien pour les activités journalières que pour les fêtes traditionnelles et leurs motifs, parfois empreints d’une symbolique auspicieuse, comme en Chine, offrent plus de fantaisie que ceux des adultes.
Les objets qui illustrent ces thèmes sont absolument magnifiques, tels cette armure d’enfant indienne, cette coiffe de jeune prince incrustée de pierres précieuses ou encore, plus modestement, ce tablier de bébé chinois orné d’animaux protecteurs.
L’exposition se termine par des créations textiles du japonais Issey Miyake, des photos du coréen Jeong Mee Yoon montrant des enfants au milieu d’une accumulation d’objets traduisant l’univers de l’enfant-roi et l’installation de 83 photos de fillettes de l’artiste indienne Surekha, qui pose la question d’une libération de la condition féminine. Une exposition originale et passionnante. Musée Guimet 16e. Jusqu’au 24 janvier 2011. Pour voir notre sélection de visuels, cliquez ici. Lien : www.museeguimet.fr.


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