Parcours en images de l'exposition

LA COLLECTION ALANA
Chefs-d'œuvre de la peinture italienne

avec des visuels mis à la disposition de la presse
et nos propres prises de vue

Parcours accompagnant l'article publié dans la Lettre n°485 du 18 septembre 2019




1 - Le choix éblouissant d'un collectionneur

 

Fidèle à la sensibilité originelle de ses fondateurs et en écho à leur exceptionnelle collection de peintures et de sculptures italiennes, le musée Jacquemart-André présente une sélection de plus de soixante-quinze chefs-d'oeuvres issus de la collection Alana. Reconnue par les spécialistes comme l'un des plus grands ensembles d'art italien ancien en mains privées, cette collection a été conçue par un couple d'amateurs éclairés et passionnés. Comme Nélie Jacquemart et Edouard André en leur temps, Alvaro Saieh et Ana Guzman, dont la contraction des prénoms forme le nom Alana, partagent un profond amour de l'art.

Fascinés par les grands maîtres italiens du gothique et de la Renaissance, ils ont constitué un ensemble unique, offrant un panorama exhaustif de l'art du XIIIe au XVe siècle. Leur collection s'est récemment ouverte à la peinture des XVIe et XVIIe siècles, prenant ainsi une ampleur nouvelle. Exposés pour la première fois ensemble, les tableaux de Lorenzo Monaco, Fra Angelico, Uccello, Bellini, Carpaccio, Tintoret, Véronèse, Bronzino ou Gentileschi présentent un saisissant résumé des grandes heures de l'art italien, des ors des primitifs au clair-obscur des caravagesques.

Affiche de l'exposition.
 
Texte du panneau didactique.
Une vue d'une partie de la collection Alana dans la résidence d'Álvaro Saieh et d'Ana Guzmán.
Scénographie

La collection Alana se distingue par la qualité des oeuvres qui la composent et également par leur présentation, conçue par M. Saieh lui-même.

Dans les espaces où les oeuvres sont conservées, la collection – qui ne se visite pas – développe un accrochage très dense, dans la tradition des grandes collections classiques et des Salons des XVIIIe et XIXe siècles. Les tableaux y forment des groupes alignés, dans un jeu de lignes droites perpendiculaires d’une surprenante rigueur géométrique. Fidèle à cet esprit, qui n’est pas sans rappeler le goût de Nélie Jacquemart dans les salles italiennes du musée, l’agencement de la première salle évoque l’extraordinaire scénographie de la collection Alana. Aux antipodes du goût actuel pour un certain dépouillement, l’accrochage, d’une profusion vertigineuse, reflète la passion des collectionneurs pour l’art italien.

Sur les deux premiers murs sont présentées des oeuvres du XIVe siècle et XVe siècle, qui sont autant d’exemples de l’effervescence artistique que connait l’Italie à la Renaissance. Sur les panneaux à fond d’or, dans la continuité du style gothique, s’expriment déjà les innovations stylistiques propres au Trecento et au Quattrocento : le travail subtil de l’or, le raffinement des détails et surtout l’attention nouvelle portée aux figures, tant dans leur physionomie que leurs postures. Des éléments architecturaux font leur apparition et gagnent en complexité, les artistes cherchant à expérimenter de nouvelles représentations de l’espace. Le troisième mur réunit essentiellement des oeuvres du XVIe siècle, période qui constitue un centre d’intérêt plus récent pour les collectionneurs. Tout en témoignant de la variété stylistique des différentes écoles picturales italiennes, ces oeuvres attestent d’un même goût pour la finesse d’exécution et le traitement virtuose des formes et des couleurs. Elles révèlent ainsi, en filigrane, le dénominateur commun présidant au développement de la collection.

 



Texte du panneau didactique.
 
Guido Reni (Bologne, 1575 – 1642). Le Martyre de sainte Apolline, vers 1614. Huile sur cuivre, 44,1 x 33,6 cm. Collection Alana, Newark, DE, États-Unis. Photo : © Allison Chipak.
Scénographie
 
Guariento, (Padoue, 1338 – 1370). Triptyque avec la Crucifixion et saint Jean-Baptiste, saint Barthélémy, saint André et sainte Catherine, vers 1360. Tempera et or sur bois, 71 x 58,5 cm. Collection Alana, Newark, DE, États-Unis. Photo : © Allison Chipak.
 
Giovanni di Paolo (Sienne, 1398 – 1482). Vierge et Ange de l’Annonciation, vers 1455-1460. Tempera et or sur bois. Collection Alana, Newark, DE, États-Unis.
 
Nardo di Cione, (Florence, actif de 1343 à 1365 environ). L’Annonciation, vers 1350-1355.  Tempera et or sur panneau, 35 x 23 cm chaque panneau. Collection Alana, Newark, DE, États-Unis. Photo : © Allison Chipak.
 
Gherardo di Jacopo di Neri, dit Starnina (Florence, documenté de 1387 à 1409/1413). La Présentation de Jésus-Christ au Temple, vers 1404-1405 ou vers 1408. Tempera et or sur bois. Collection Alana, Newark, DE, États-Unis.
Scénographie
 

Lorenzo Veneziano (Venise, documenté de 1353 à 1379). Sainte Catherine d’Alexandrie, vers 1368. Tempera et or sur bois. Collection Alana, Newark, DE, États-Unis.
Lorenzo Veneziano (Venise, documenté de 1353 à 1379). Saint Sigismond de Bourgogne, vers 1368. Tempera et or sur bois. Collection Alana, Newark, DE, États-Unis.

 
Giovanni Bellini (Documenté à partir de 1459 – mort en 1516). Les larrons Disma et Gesta, vers 1475. Tempera sur bois transposé sur toile appliquée sur bois, 79,4 x 29,3 cm; 79,1 x 29,4 cm. Collection Alana, Newark, DE, États-Unis. Photo : © Allison Chipak.
 
Antonio Vivarini, (Venise, actif de 1440 à 1476-1484). Saint Pierre Martyr exorcisant un démon ayant pris les traits d’une Vierge à l’Enfant. Vers 1450. Tempera et or sur panneau, 53,4 x 36 cm. Collection Alana, Newark, DE, États-Unis. Photo : © Allison Chipak.
 
Antonio Vivarini (Venise, actif de 1440 à 1476-1484). Saint Pierre Martyr dialoguant avec le crucifix, vers 1450. Tempera et or sur bois. Collection Alana, Newark, DE, États-Unis.
Maître de Pratovecchio, (Florence, actif vers 1440–1460). Vierge à l’Enfant sur un trône avec deux anges, sainte Brigitte de Suède
et saint Michel archange
, années 1450. Tempera sur bois, 200,7 x 215,9 cm, le cadre n’est pas d’origine.
Collection Alana, Newark, DE, États-Unis. Photo : © Allison Chipak.
 
Carlo Crivelli (Venise, vers 1465 – 1525/1526). Un saint apôtre, vers 1472-1476. Tempera et or sur bois. Collection Alana, Newark, DE, États-Unis.
 
Luca della Robbia, (Florence, 1399/1400 – 1482). Vierge à l’Enfant, vers 1440. Terre cuite et bois peints et dorés, 37,2 cm de diamètre. Collection Alana, Newark, DE, États-Unis. Photo : © Allison Chipak.
 
Bartolomeo di Giovanni (Florence, vers 1452 – 1501). Scène de la vie de saint Benoît : la Correction du moine possédé, vers 1485. Tempera sur bois. Collection Alana, Newark, DE, États-Unis.
 
Filippino Lippi, (Prato, 1457 – Florence, 1504). Saint Ubald et saint Frediano, 1496. Tempera sur bois, 32,8 x 45,6 cm. Collection Alana, Newark, DE, États-Unis. Photo : © Allison Chipak.
Scénographie
 
Francesco Ubertini, dit Bachiacca, (Borgo San Lorenzo, 1494 – Florence, 1557). Déposition de croix, vers 1495. Huile sur bois, 98,6 x 84,5 cm. Collection Alana, Newark, DE, États-Unis. Photo : © Allison Chipak.
 
Girolamo di Romano dit Romanino (Brescia, vers 1484-1487 – 1562). Le Christ portant sa croix, vers 1542-1543. Huile sur toile. Collection Alana, Newark, DE, États-Unis.
Francesco Granacci (Villamagna 1469 – Florence 1543). Lamentation sur le Christ mort avec saint Jean-Baptiste et des fidèles.
Huile sur panneau, 70,5 x 109,8 cm.  
Collection Alana, Newark, DE, États-Unis. Photo : © Allison Chipak.
 
Polidoro Caldara da Caravaggio, (Caravaggio, vers 1500 – Messine, 1543). Vierge à l’Enfant, vers 1525. Huile sur bois, 53,3 x 41,5 cm.  Collection Alana, Newark, DE, États-Unis. Photo : © Allison Chipak.
 
Jacopo di Arcangelo, dit Jacopo del Sellaio, (Florence, 1441/1442 – 1493). Vierge d’humilité avec l’Enfant Jésus, saint Jean-Baptiste et deux anges, vers 1490. Tempera et or sur panneau, 109 cm de diamètre. Collection Alana, Newark, DE, États-Unis. Photo : © Allison Chipak.
 
Vittore Carpaccio, (Venise, 1465 – 1525/1526). Engelpietà, vers 1490. Technique mixte sur panneau, 32,2 x 53 cm. Collection Alana, Newark, DE, États-Unis.Photo : © Allison Chipak.
 
Francesco Raiboldini, dit Francia (Bologne, vers 1447 - 1517). Saint François d’Assise recevant les stigmates, 1490 ou 1494. Tempera et huile sur bois. Collection Alana, Newark, DE, États-Unis.


2 - Les ors des primitifs italiens, avant la Renaissance



Scénographie
Si l’accrochage de la première salle imite celui des collectionneurs, l’exposition suit ensuite un parcours chronologique plus classique qui rend compte des lignes de force de la collection Alana. La deuxième salle, qui réunit des oeuvres majeures des XIIIe et XIVe siècles, évoque les prémices d’un renouveau de la peinture sur fond d’or
.
Au XIIIe siècle, les influences culturelles s’entremêlent : les peintres s’inspirent de l’art byzantin stylisé (Huit scènes de la vie du Christ, peintre romain du XIIIe siècle), tout en se montrant attentifs aux innovations artistiques (Vierge à l’Enfant, Maître de la Madeleine). Leurs oeuvres traduisent un même désir, celui de retrouver une relation plus directe avec Dieu et de raconter l’histoire des hommes, la foi qui les anime et l’amour de la nature qui les entoure.

Les peintures et sculptures du XIVe siècle de la collection Alana rendent compte de la variété des langages figuratifs de la péninsule. Les plus grands centres artistiques toscans sont représentés, et en premier lieu Florence à travers le raffinement de Bernardo Daddi et la somptuosité de Niccolò di Pietro Gerini. Sont également documentés l’art de Pise, avec la splendide Sainte Catherine d’Alexandrie peinte par Francesco Traini, et celui de Sienne, avec les oeuvres délicates de Pietro Lorenzetti et Luca di Tommè. La mise en regard de ces chefs-d’oeuvre offre un aperçu magistral de l’art toscan à l’aube de la Renaissance.

 
Texte du panneau didactique.
 
Maître de la Madeleine (Filippo di Jacopo ?), (Florence, actif vers 1265 – 1290). Vierge à l’Enfant en majesté avec deux figures auréolées ; l’Annonciation ; deux saintes couronnées (deux vierges martyres de sainte Ursule ?) ; le Baptême du Christ ; saint Dominique ou Fra Gherardo ?. Vers 1285-1290. Tempera et or sur panneau, 36,8 x 31,8 cm. Collection Alana, Newark, DE, États-Unis. Photo : © Allison Chipak.
 
Niccolò di Pietro Gerini, (Florence, documenté de 1368 à 1415/1416). La Trinité avec la Vierge et quatre anges, vers 1380-1385. Tempera et or sur bois, 98 x 55 cm. Collection Alana, Newark, DE, États-Unis. Photo : © Allison Chipak.
 
Peintre bolonais du XIIIe siècle. Crucifixion avec la Vierge, saint Jean l’Évangéliste et deux anges, vers 1280. Tempera et or sur bois. Collection Alana, Newark, DE, États-Unis.
Scénographie
 
Giovanni di Balduccio (Pise, vers 1300 – après 1349). Archange Gabriel, 1333-1334. Marbre de Carrare, polychromie et or, 75 x 22,5 x 20 cm. Collection Alana, Newark, DE, États-Unis. Photo : © Allison Chipak.
 
Giovanni di Balduccio (Pise, vers 1300 – après 1349). Vierge de l’Annonciation, 1333-1334. Marbre de Carrare, polychromie et or, 78,5 x 24 x 19 cm. Collection Alana, Newark, DE, États-Unis. Photo : © Allison Chipak.
Peintre romain du XIIIe siècle, (Troisième quart du XIIIe siècle). Huit scènes de la vie du Christ: l’Annonciation, la Nativité et l’Adoration des Mages; la Présentation au Temple; le Baptême du Christ; la Cène; la Prière au Jardin des oliviers; l’Arrestation; la Flagellation. Troisième quart du XIIIe siècle. Tempera et or sur bois, 56 x 79 cm. Collection Alana, Newark, DE, États-Unis. Photo : © Allison Chipak.
 
Francesco Traini, (Pise, documenté de 1321 à 1345).  Sainte Catherine d’Alexandrie, vers 1330. Tempera et or sur bois, 143 x 57, 5 cm. Collection Alana, Newark, DE, États-Unis. Photo : © Allison Chipak.
 
Luca di Tommè (Sienne, documenté de 1356 à 1389). L’Archange Saint Michel, 1906. Tempera et or sur panneau, 114,4 x 47,8 cm.  Collection Alana, Newark, DE, États-Unis. Photo : © Allison Chipak.


3 - La première Renaissance florentine, une nouvelle conception de l'art



Scénographie
Le rayonnement économique de Florence s’affirme dès le début du XVe siècle, en s’appuyant sur une oligarchie de puissantes familles marchandes qui, comme les congrégations religieuses, deviennent de grands commanditaires pour les artistes. Dans ce climat d’effervescence également marqué par la redécouverte de la pensée et de l’art antiques, les maîtres de la Première Renaissance créent des oeuvres d’envergure dont la collection Alana propose un florilège exceptionnel.

À l’aube du XVe siècle, Lorenzo Monaco est le plus grand peintre de Florence. Formé dans la tradition giottesque, il abandonne celle-ci au profit du style sinueux et élégant du gothique international. Son Annonciation en donne une extraordinaire interprétation, tant par la richesse des couleurs que par la douceur des gestes.

Parallèlement à ces déclinaisons modernes et imaginatives du style gothique, émerge une nouvelle tendance picturale, reflétant les innovations des sculpteurs florentins. Les peintres développent un intérêt croissant pour la plasticité des formes, comme le montrent la Viergeà l’Enfant de Paolo Uccello et le Saint Jean l’Évangéliste du jeune Filippo Lippi, figure quasisculpturale marquée par une poignante expression de souffrance. Sa silhouette, modelée par la lumière, témoigne d’une maîtrise spatiale également à l’oeuvre dans le Saint Sixte de Fra Angelico.

Ces recherches s’accompagnent d’une appropriation progressive des principes de la perspective, traduction picturale des avancées esthétiques et culturelles contemporaines. De nouveaux sujets, inspirés non plus de l’histoire religieuse mais des textes antiques, font leur apparition. Le panneau du Scheggia représente un épisode de l’Histoire de Coriolan, figure légendaire de la République romaine, dans une scène narrative qui évoque le goût de la bourgeoisie florentine pour l’histoire antique.

 
Texte du panneau didactique.
 
Lorenzo Monaco, (Florence, vers 1370 – 1425). L’Annonciation, vers 1420-1424. Tempera et or sur panneau, 136 x 98 cm. Collection Alana, Newark, DE, États-Unis. Photo : © Allison Chipak.
Giovanni di ser Giovanni Guidi, dit Lo Scheggia, (Florence 1406 – 1486). L’Histoire de Coriolan (devant de cassone), vers 1460-1465.
Tempera et or sur bois, 43 x 155 cm.
Collection Alana, Newark, DE, États-Unis. Photo : © Allison Chipak.
 
Paolo Uccello, (Florence, vers 1397 – 1475). Vierge à l’Enfant, vers 1433-1434. Tempera et or sur panneau, 45,1 x 30,8 cm. Collection Alana, Newark, DE, États-Unis. Photo : © Allison Chipak.
 
Fra Filippo Lippi, (Florence, vers 1406 – Spolète, 1469). Saint Jean l’Évangéliste, vers 1432-1434. Tempera et or sur panneau, 42,8 x 32 cm. Collection Alana, Newark, DE, États-Unis. Photo : © Allison Chipak.


4 - La spiritualité florentine à la fin du XVe siècle



Scénographie
La redécouverte de l’héritage antique permet à la peinture florentine de s’affranchir de la vision médiévale qui prévalait jusqu’alors pour laisser place à une nouvelle expression de ferveur religieuse. Dans les années 1470, l’iconographie de la Vierge à l’Enfant debout sur un élément architectural est très appréciée à Florence, aussi bien en sculpture qu’en peinture. L’atelier et l’entourage d’Andrea del Verrocchio, sculpteur de premier plan mais également peintre, en ont donné des versions très élaborées. Le panneau présenté dans cette salle permet d’évoquer cette pratique d’atelier et les variations proposées par de jeunes artistes à partir de compositions particulièrement appréciées à l’époque.

La spiritualité florentine de la fin du siècle est dominée par la figure de Savonarole, un frère dominicain, prédicateur et réformateur, qui instaure une forme de dictature théocratique entre 1494 et 1498. En écho à ces bouleversements politiques se développe une nouvelle sensibilité artistique, qui reflète le climat de fervente dévotion pénitentielle qui règne alors à Florence. Le Christ en croix du Maître des monuments gothiques, collaborateur de Botticelli, propose une interprétation du nouvel idéal esthétique prêché par Savonarole, qui trouve sa pleine expression dans le Christ en homme de douleurs de Cosimo Rosselli. Son exécution minutieuse et son réalisme favorisent une méditation compatissante sur les souffrances de Jésus. Ces images, sans doute destinées à la dévotion privée, donnent à voir toutes les facettes de l’art florentin au long du XVe siècle, et confirment que la collection Alana allie le plaisir du collectionneur à celui de l’historien.


 
Texte du panneau didactique.
 
Cosimo Rosselli (Florence, 1439 – 1507). Le Christ en homme de douleur, vers 1490. Tempera et or sur bois, avec moulures dorées d’origine, 39,5 x 30,4 cm. Collection Alana, Newark, DE, États-Unis. Photo : © Allison Chipak.
 
Entourage d’Andrea del Verrochio (Florence, 1435 – Venise, 1488). Vierge à l’Enfant, années 1470. Tempera sur bois. Collection Alana, Newark, DE, États-Unis.
 
Collaborateur de Botticelli (Maître des monuments gothiques), (Florence, actif de la fin du XVe au début du XVIe siècle).  Le Christ en croix adoré par des saints, début des années 1490. Huile sur panneau, 76,2 x 91,4 cm. Collection Alana, Newark, DE, États-Unis. Photo : © Allison Chipak.


5 - La grande peinture vénitienne



Scénographie
La collection Alana a récemment élargi ses limites chronologiques et géographiques en accueillant des oeuvres du XVIe siècle. Au sein de ce nouveau corpus, les tableaux du nord de l’Italie, et en particulier de la Vénétie, constituent le groupe le plus important après celui de la peinture florentine, dans l’intention de documenter
la variété des langages figuratifs italiens.

Vers la fin du XVe siècle, les peintres abandonnent progressivement la tempera (peinture à l’oeuf) pour la peinture à l’huile et changent également de support, les panneaux de bois faisant place à des toiles. Ces évolutions techniques ont un impact majeur sur la pratique picturale à Venise, qui se distingue au XVIe siècle par une approche centrée sur la couleur plutôt que sur le dessin. Au début du siècle, un certain luminisme, typiquement vénitien, se dégage déjà de la Crucifixion de Savoldo, quoique très marquée par une influence nordique.

C’est au cours de la deuxième moitié du XVIe siècle que la peinture vénitienne connaît un véritable âge d’or. Dans la lignée de Titien, Tintoret, Véronèse ou Jacopo Bassano multiplient sur leurs toiles les effets de pinceau, avec une grande liberté de facture. Il règne une intense émulation entre ces artistes qui rivalisent d’inventivité et grâce auxquels l’école vénitienne connaît son apogée. Ces trois artistes se passionnent pour le rendu de la lumière, mais confèrent chacun une atmosphère particulière aux compositions : Bassano s’approprie le genre pastoral et introduit le quotidien dans ses scènes religieuses (Adoration des bergers), Tintoret affectionne quant à lui les effets dramatiques (Épisodes d’une bataille), tandis que Véronèse joue sur les contrastes entre ombre et lumière (Saint Pierre et Saint Paul).


 
Texte du panneau didactique.
 
Giovanni Gerolamo Savoldo (Brescia, vers 1480 – après 1548). La Crucifixion, vers 1510-1515. Huile sur bois, 94 x 71,8 cm. Collection Alana, Newark, DE, États-Unis.
Jacopo Robusti, dit Tintoret (Venise, 1518 – 1594). Épisodes d’une bataille, vers 1575-1580.
Huile sur toile, 146 x 230,7 cm.  
Collection Alana, Newark, DE, États-Unis.
 
Jacopo da Ponte dit Jacopo Bassano (Bassano del Grappa, vers 1510 – 1592). L’Adoration des bergers, vers 1562-1563. Huile sur toile. Collection Alana, Newark, DE, États-Unis.
 
Paolo Caliari, dit Véronèse, (Vérone, 1528 – Venise 1588), Les Symboles des quatre évangélistes, vers 1575. Huile sur toile, 88 x 171,5 cm. Collection Alana, Newark, DE, États-Unis. Photo : © Allison Chipak.


6 et 7 - Splendeurs à la cour des Médicis, la « Belle manière » moderne



Scénographie
Après la mort de Savonarole en 1498, la cité de Florence est en pleine mutation politique et culturelle. Les valeurs morales défendues pendant son gouvernement théocratique
gardent de l’importance dans les décennies qui suivent, comme en témoigne l’autel portatif de dévotion personnelle réalisé par Franciabigio.

Ce n’est qu’en 1512 que les Médicis, qui avaient fui en 1494, sont autorisés à revenir à Florence. Leur reconquête politique se fait en plusieurs temps, mais leur dynastie s’impose finalement en 1530. En cette période troublée, les arts conservent une place capitale à Florence. Le genre du portrait est particulièrement mis à l’honneur et permet à certains peintres de donner la pleine mesure de leur talent. Celui de Pontormo éclate ainsi dans le Portrait d’un joueur de luth, tant dans le traitement virtuose de son habit que dans l’expressivité de son visage.

De retour au pouvoir, les Médicis assoient leur autorité en concevant une habile politique de légitimation par l’image qui connaît son apogée avec Cosme Ier. C’est à Bronzino qu’est confié le soin de concevoir le nouveau langage pictural du duché. Il le développe dans ses peintures religieuses comme le Saint Côme, dont le profil évoque celui de Cosme Ier, mais aussi dans les effigies officielles du duc, d’une grande majesté.

Le faste médicéen est également mis en scène par Giorgio Vasari, qui entre au service de Cosme Ier en 1554 et tient une place centrale dans la production artistique florentine. Il est connu pour ses Vies, ouvrage fondateur de l’histoire de l’art de la Renaissance, dans lequel il exalte une peinture de cour, élégante et précieuse, supérieure à la nature et aux modèles antiques. Artiste accompli, il est, avec Pontormo et Bronzino, l’un des plus grands représentants de cette « maniera moderna », à l’oeuvre dans son Salvator Mundi et son Allégorie des fruits d’automne.



 
Texte du panneau didactique.
 
Francesco di Cristofano Giuducci, dit Franciabigio, (Florence, 1484 – 1525). Autel portable avec reliques, peint sur les deux faces, avec l’Annonciation, la Nativité et des Scènes de la Passion, 1510. Huile sur parchemin marouflé sur bois, 21 x 29 cm (ensemble ouvert - détail ci-dessous). Collection Alana, Newark, DE, États-Unis.
 
Francesco di Cristofano Giuducci, dit Franciabigio, (Florence, 1484 – 1525). Autel portable avec reliques, peint sur les deux faces, avec l’Annonciation, la Nativité et des Scènes de la Passion, 1510. Huile sur parchemin marouflé sur bois, 21 x 29 cm (ensemble ouvert). Collection Alana, Newark, DE, États-Unis. Photo : © Allison Chipak.
 
Baccio della Porta, dit Fra Bartolomeo, (Sofignano (Prato), 1473 – Florence, 1517). Saint Jérôme pénitent, vers 1495. Huile sur panneau, 45,1 x 27,9 cm. Collection Alana, Newark, DE, États-Unis. Photo : © Allison Chipak.
 
Jacopo Carucci dit Pontormo (Pontormo, 1494 – Florence, 1556). Portrait d’un joueur de luth, vers 1529-1530. Huile sur bois. Collection Alana, Newark, DE, États-Unis.
Scénographie
 
Orazio Gentileschi, (Pise, 1563 – Londres, 1639). L’Annonciation, vers 1600-1605. Huile sur albâtre monté sur ardoise, 49,5 x 38,5 cm.  Collection Alana, Newark, DE, États-Unis.Photo : © Allison Chipak.
 
Agnolo di Cosimo, dit Bronzino (Florence, 1503 – 1572). Saint Côme, vers 1543-1545. Huile sur panneau, 73,5 x 51,3 cm (81 x 56,2 cm avec les ajouts modernes).  Collection Alana, Newark, DE, États-Unis., Photo : © Allison Chipak.
 
Giorgio Vasari (Arezzo, 1511 – Florence, 1574). Salvator Mundi, vers 1561. Huile sur bois. Collection Alana, Newark, DE, États-Unis.
 
Giorgio Vasari (Arezzo, 1511 – Florence, 1574). Allégorie des fruits d’automne, vers 1570-1574. Huile sur bois. Collection Alana, Newark, DE, États-Unis.


8 - Le Baroque, une révolution picturale



Scénographie
Le maniérisme prôné par Vasari connaît ses derniers feux à la fin du XVIe siècle. Le Concile de Trente (1545-1563), convoqué par le pape Paul III pour répondre aux questions soulevées dans le cadre de la réforme protestante, donne un nouveau rôle à la création artistique. Les oeuvres ne doivent plus seulement être un support de dévotion, mais aussi d’enseignement, ce qui va favoriser l’émergence d’une nouvelle esthétique.

L’un des premiers artistes à mettre en application les principes du Concile de Trente est Annibal Carrache. Avec son frère Agostino et son cousin Lodovico, il formalise les premiers traits d’un mouvement artistique qu’on appellera le baroque.
Fondé sur la recherche d’un réalisme expressif, ce style pictural joue sur les effets dramatiques, l’exagération du mouvement, l’exubérance des formes et des couleurs, caractéristiques à l’oeuvre dans L’Annonciation de Carrache et plus encore dans celle peinte sur albâtre par Orazio Gentileschi.

Au début du XVIIe siècle, le caravagisme offre un autre visage du baroque en peinture. A la suite du Caravage, qui révolutionne l'art par son approche novatrice du réalisme, nombreux sont les artistes qui proposent des déclinaisons de son audacieux clair-obscur. La Vierge et l'Enfant de Gentileschi font écho au naturalisme lumineux des premières oeuvres romaine de Caravage, tandis que Manfredi adopte dans sa Scène de taverne le clair-obscur puissant de la maturité de son prestigieux prédécesseur. Dolci verse quant à lui avec sa Sainte Agathe dans une veine plus sentimentale de la peinture baroque.

Avec cet ensemble, composé d'acquisitions plus récentes, la collection Alana aborde une nouvelle page de l'histoire de l'art italien. Ces oeuvres d'une grande intensité donnent à voir plusieurs facettes d'un des courants majeurs du XVIIe siècle et confirment la richesse d'une collection en perpétuelle évolution.

 

 
Texte du panneau didactique.
 
Annibale Carracci, dit Annibal Carrache (Bologne, 1560 – Rome, 1609). L’Annonciation, vers 1582-1588. Huile sur toile, 134,6 x 98,4 cm. Collection Alana, Newark, DE, États-Unis. Photo : © Allison Chipak.
Bartolomeo Manfredi, (Ostiano, 1582 – Rome, 1622). Scène de taverne, vers 1619-1620. Huile sur toile, 132,5 x 197,2 cm.
Collection Alana, Newark, DE, États-Unis. Photo : © Allison Chipak.
 
Carlo Dolci (Florence, 1616 – 1686). Sainte Agathe, 1664-1665. Huile sur toile marouflée sur bois. Collection Alana, Newark, DE, États-Unis.
 
Orazio Gentileschi, (Pise, 1563 – Londres, 1639).  La Vierge et l’Enfant, vers 1610-1612. Huile sur panneau, 91,4 x 73 cm. Collection Alana, Newark, DE, États-Unis. Photo : © Allison Chipak.