CIMA DA CONEGLIANO.
Maître de la Renaissance vénitienne

Article publié dans la Lettre n° 341
du 21 mai 2012


CIMA DA CONEGLIANO. Maître de la Renaissance vénitienne. Les dimensions du Musée du Luxembourg se prêtent fort bien à la présentation de près de trente œuvres d’un des plus célèbres peintres de la renaissance vénitienne avec Bellini et Carpaccio. Rien ne prédisposait le jeune Giovanni Battista Cima (1459-1460/1517-1518) à un tel destin. On sait peu de chose de sa biographie sinon qu’il est né dans une famille aisée, travaillant dans le textile, dans la petite ville de Conegliano, dans l’arrière pays, au pied du massif des Dolomites. On ne sait pas avec certitude comment il a appris son art ni comment il a pu avoir son propre atelier et devenir l’un des artistes préférés de Venise, surtout pour les sujets religieux, alors qu’il y avait tant de concurrents.
On explique sa réussite par la perfection de son art, fondée sur la minutie du dessin et la maîtrise de la peinture à l’huile, une technique nouvelle venue de Flandre. Ces toiles fourmillent de petits détails minutieux comme les représentations de bijoux ou de vêtements colorés et les paysages qui habillent les arrières plans de ses compositions de toutes tailles. Mais c’est surtout sa description des visages, la variété des attitudes, par exemple pour les enfants de ses multiples Vierges à l’Enfant, la profonde humanité de ses portraits qu’il atteint une telle renommée. Manifestement influencé par Antonello de Messine et Bellini il sera à son tour l’inspirateur des maîtres de la génération suivante comme Lorenzo Lotto et Titien. Ceux-ci seront sensibles à ses compositions mêlant nature et architecture, avec des collines et des montagnes comme dans sa ville natale, de vastes espaces et des éclairages lumineux, véritable peinture de paysage à l’intérieur d’un cadre à sujet religieux ou mythologique.
Parmi les œuvres exposées, les tableaux les plus importants sont mis en exergue au milieu des salles tandis que les œuvres plus petites sont le long des murs. Ce parcours, chronologique, permet ainsi de mieux comprendre l’évolution stylistique de Cima da Conegliano. Certains tableaux comme la Vierge à l’Enfant entre saint Jean-Baptiste, saint Nicolas, sainte Catherine, sainte Apolline, saint François et saint Pierre, qu’il réalisa vers 1493 pour le Duomo de sa ville natale, ont souffert de multiples ajouts et rénovations au cours des siècles. D’autres comme la Vierge à l’Enfant entre saint Michel archange et saint André l’apôtre, vers 1498, sont dans un état éblouissant. Parmi les tableaux de petites dimensions, Le Sommeil d’Endymion, vers 1501, est l’un des plus minutieux avec la représentation d’un paysage complexe et d’animaux endormis. Il en est de même du Saint Jérôme dans le désert, vers 1494, où l’artiste a esquissé le texte sur un livre de deux ou trois centimètres de hauteur tandis qu’il représentait des petits personnages grimpant le long d’un sentier conduisant à une chapelle au sommet d’une colline à l’arrière plan. Un travail époustouflant même si le lion n’est guère plus gros qu’un chat !
L’exposition commence par la présentation d’un des douze exemplaires de la gravure gigantesque (139 x 282 cm, en six feuilles) de Jacopo de’ Barbari représentant en détail une Vue perspective de la ville de Venise en 1500, où l’on peut distinguer toutes les maisons, y compris l’atelier de Cima da Conegliano. Elle se termine par la toile monumentale (207 x 510 cm) représentant Le Lion de Saint Marc entre saint Jean-Baptiste, saint Jean l’Evangéliste, sainte Marie-Madeleine et saint Jérôme, 1506-1508, commande publique destinée à orner un tribunal. Ajoutons que la scénographie, aérée, est excellente et met bien en valeur les œuvres exposées. Une très belle exposition. Musée du Luxembourg 6e. Jusqu’au 15 juillet 2012. Pour voir notre sélection de visuels, cliquez ici. Lien : www.museeduluxembourg.fr.


Retour à l'index des expositions

Page d'accueil de « Spectacles Sélection »