Parcours en images et en vidéos de l'exposition

CHÉRI SAMBA
dans la collection Jean Pigozzi

avec des visuels mis à la disposition de la presse
et nos propres prises de vue

Parcours accompagnant l'article publié dans la Lettre n°588 du 28 février 2024



Les peintures de Chéri Samba présentent la caractéristique d'inclure le plus souvent des textes
en langue française, anglaise ou lingala. Des liens permettent de voir des agrandissements des
visuels ou simplement des textes afin de pouvoir les lire.

Entrée du Musée Maillol
 
Après plusieurs expositions de l'œuvre de Chéri Samba en France et dans le monde, cette première rétrospective se penche sur cinquante années de création de l'artiste contemporain africain sans doute le plus célèbre. Elle se fonde sur le corpus de la collection Jean Pigozzi, première collection d'art contemporain africain au monde, qui réunit plus de cent vingt œuvres de l'artiste. Figure majeure du mouvement informel de la peinture populaire qui a émergé à Kinshasa dans les années 1970, Samba wa Mbimba, talentueux dessinateur autodidacte, travaille d'abord pour la publicité et la bande dessinée, avant d'entamer son œuvre peint qu'il expose dans la rue sur la façade de son atelier. Ses tableaux ou «peintures à bulles» - chroniques décapantes de la vie locale dans lesquelles il insère des textes – font le succès de Samba qui se qualifie de «peintre journaliste». Signant d'abord : «Dessinateur Samba», il prend en 1979 le nom d'artiste «Chéri» Samba, cherchant à devenir un peintre aimé et reconnu de tous. Révélé en Occident en 1989 dans l'exposition Magiciens de la terre, organisée par le Centre Pompidou, Samba élargit très vite le champ de ses questionnements à des sujets internationaux. «Je suis devenu universel» aime-t-il déclarer. Nous proposons de découvrir son œuvre autour de cinq thématiques : l'autoportrait comme usage du monde; la femme multiple; Kinshasa, le Congo et l'Afrique; géopolitique; l'histoire de l'art revue et corrigée. L'exposition esquisse enfin un dialogue inédit entre Samba et Maillol autour du corps féminin et ravive, pour mieux le dépasser, le débat sur la place de l'art africain dans les musées occidentaux. Chéri Samba définit le concept de «peinture populaire» comme un art qui ambitionne de «s'adresser au peuple». N'a-t-il pas voulu définir par là un art capable de s'adresser à toutes les populations, d'Afrique comme d'Occident ?
Jérôme Neutres et Elisabeth Whitelaw, commissaires
Marco Palmieri, scénographe
Une exposition conçue et réalisée par Tempora et la Collection Jean Pigozz
i

Chéri Samba le jour de l'inauguration. Photo Nicolas Lobet - PRYZM.
 
Texte du panneau didactique.


1 - L'AUTOPORTRAIT COMME USAGE DU MONDE

Scénographie. Photo Nicolas Lobet - PRYZM.

Dès le début de son œuvre, dans les années 1970, l'art du portrait constitue pour Chéri Samba un défi technique qu'il ne cessera de perfectionner. Performeur et sapeur dans l'âme et dans l'imagination, il se met en scène dans ses tableaux tel un prédicateur qui interpelle son public autour de sujets familiers afin de provoquer réflexions et questionnements, le plus souvent avec humour. Une grande partie de son œuvre constitue un autoportrait permanent. Se représenter lui-même permet aussi à Samba d'esquiver toute ressemblance fâcheuse. Dans Je suis un rebelle, il dénonce la violence de certains groupes armés, mais n'est-il pas aussi un rebelle de l'art ? Samba se singularise très vite en introduisant des textes dans ses tableaux en lingala, kikongo et en français, procédé qu'il nomme la «griffe sambaïenne». Dans J'aime la couleur, chef-d'œuvre emblématique, l'artiste revendique à la fois l'importance de la couleur dans sa peinture et celle de l'homme noir. Dans Le secret d’un petit poisson devenu grand, il évoque la manière avec laquelle il a su écouter le monde pour devenir un artiste reconnu, tandis que dans Un bilan précieux, il se met en scène entouré des attributs de la réussite: femme, enfants, argent, accès au monde... Il lui arrive aussi de dialoguer avec lui-même en composant des autoportraits doubles, dispositif qui accentue le jeu de rôles au sein des situations qu'il dénonce.

 
Texte du panneau didactique.
 
Chéri Samba. Le Peintre Chéri Samba en 1975, 1983. Huile sur toile, 84,2 x 43,5 cm.

Traduction du lingala: «Le 10 octobre 1975, jour de l'ouverture de mon atelier de travail sur la grande avenue qui porte le nom du Premier Président Kasa- Vubu, au n°89 à Kinshasa/Ngiri-Ngiri.»
 
Chéri Samba. Je suis un rebelle, 1999. Acrylique, paillettes et sequins sur toile, 146 x 204 cm.

Cliquer ici ou sur le visuel pour voir un agrandissement

 
Chéri Samba. L'Homme qui mange de la peinture, 2008. Acrylique sur toile.
Scénographie
 
Chéri Samba. J'n'suis pas malhonnête, 2000. Acrylique et paillettes sur toile.

Cliquer ici ou sur le visuel pour voir un agrandissement

 
Chéri Samba. Remerciements à la griffe sambaïenne, 2000. Acrylique et sequins sur toile.

«Mon travail est fait pour être vu et lu», affirme Chéri Samba. Pour retenir le public devant ses œuvres, Samba décide d'y introduire des textes. Ce procédé qu'il nomme «la griffe sambaïenne» lui permet d'enrichir ses messages et de provoquer des débats. Sa maîtrise du dessin et de la calligraphie a également orienté ce choix formel. Maniant humour et jeux de mots, Samba remercie ici son public et recadre les critiques qui voient dans ce procédé une faiblesse de l'artiste. Sur la bassine, figurent les noms des collectionneurs qui l'ont «soutenu», et des soutiens-gorge, autre variante du soutien...

Cliquer ici ou sur le visuel pour voir un agrandissement

 

 
Chéri Samba. Le Secret d'un petit poisson devenu grand, 2002. Acrylique et paillettes sur toile, 200 x 350 cm.
 
Chéri Samba. L'employeur et l'employé, 2013. Acrylique et paillettes sur toile, 139 x 204,5 cm.
Scénographie. Photo Nicolas Lobet - PRYZM.
 
Chéri Samba. J'aime la couleur, 2003. Acrylique et paillettes sur toile, 206 x 296,7 cm.

Dans ce tableau devenu iconique dont il existe plusieurs versions, Chéri Samba exprime son attachement à la couleur qui prédomine dans sa peinture, et particulièrement aux couleurs vives de l'Afrique qu'il a toujours préférées. «J'aime la couleur pour ne pas dire j'aime la peinture». Samba s'est inspiré d’une lithographie du célèbre dessinateur-graveur hollandais M.C. Escher (1898-1972) pour créer cet autoportrait en spirale, rehaussé de paillettes, qui permet à l'artiste de faire le tour de lui-même pour mieux examiner le monde.
 
Chéri Samba. Un bilan précieux (diptyque 2), 2001. Acrylique, paillettes, sequins et technique mixte sur toile.
 
Chéri Samba. Chéri Samba corrige l'historien Bogumil Jewsiewicki, 1997. Acrylique, sequins et paillettes sur toile.

L'historien Bogumil Jewsiewicki (n. 1942) a consacré de nombreux textes à la culture populaire urbaine congolaise, notamment la peinture, dont il a déchiffré le répertoire iconique. Principal biographe de Chéri Samba, il questionne - dans l'ouvrage figurant au centre du tableau - la capacité de l'artiste à réaliser des autoportraits ressemblants. Piqué au vif, Samba riposte par un tableau où il se représente deux fois, tout en rectifiant par écrit les erreurs de Jewsiewicki sur sa vie et son œuvre. Une manière de prendre le dessus sur l'historien et d'affirmer sa maîtrise sur l'interprétation de sa peinture en faisant taire la critique.

Cliquer ici ou sur le visuel pour voir un agrandissement

 

 
Chéri Samba. Voici le temple ou l'église Chéri Samba, 2004. Acrylique sur toile.

Il n'est pas question dans ce tableau d'un temple à la gloire de l'artiste. Chéri Samba dénonce la prolifération d'églises en tout genre au Congo-Kinshasa. «Je ne suis ni religieux ni chrétien, je peins un temple pour réprouver les gens qui s'en remettent aux croyances qui n'ont ni réalité ni source. Ils pensent que fréquenter ces lieux entièrement artificiels leur donne l'opportunité d'être heureux dans le monde, alors qu'il n'en est rien. Pour moi, Chéri Samba, le véritable temple, c'est l'être humain.»

 

Cliquer ici ou sur le visuel pour voir un agrandissement

Scénographie. Photo Nicolas Lobet - PRYZM.
 
Chéri Samba. The Draughtsman, Chéri Samba, 1981.Acrylique sur toile, 139 x 97,7 cm. Don promis au MoMA de New York.

Traduction du lingala. «Je sais comment créer un tableau amusant ou reproduire fidèlement en dessin le portrait de quiconque. C'est pour montrer l'exemple, par opposition aux gens sans conscience qui s'aventurent dans ce métier. Moi, je suis autodidacte. Je ne suis l'école de personne. Mon savoir-faire est un don inné.»

 

Cliquer ici ou sur le visuel pour voir un agrandissement

 

 
Chéri Samba. G.T.M., 2005. Acrylique sur toile, 200 x 289 cm.

 

Cliquer ici ou sur le visuel pour voir un agrandissement du texte



2 - LA FEMME MULTIPLE

Scénographie. Photo Nicolas Lobet - PRYZM.

La femme dans l'œuvre de Samba n'est quasiment jamais représentée seule, pour elle-même. Elle occupe néanmoins une place centrale en tant que mère, épouse, maîtresse, femme au foyer ou femme active, soulevant de multiples questions orales aux réponses parfois contradictoires, procédé récurrent chez l'artiste. Samba, «adorateur» de la mère qu'il célèbre sans équivoque, ridiculise par ailleurs l'homme non sevré au lait maternel. «Quelle solution pour les hommes ?», se demande-t-il face au surnombre de femmes dans le monde, tout en préconisant l'attachement à une femme unique. Prendre un «deuxième bureau» - manière courante de désigner une maîtresse en Afrique francophone - est une façon d'y remédier... Par ailleurs, Samba n'hésite pas à représenter une mère recevant un lavement en position forcément scabreuse, afin d'inciter avec humour les enfants à se faire soigner. D'une manière générale, Samba ne se place pas dans un rapport intime ou amoureux avec la femme représentée, le message véhiculé dans le tableau, essentiel à l'œuvre, implique une certaine distance. Comme nombre de ses contemporains, l'artiste a également beaucoup peint à ses débuts la célèbre icône d'Afrique de l'Ouest et d'Afrique centrale, «Mami Wata», représentée  sous les traits d'une sirène blanche, dangereuse séductrice et objet de culte pour qui veut s'enrichir  et s'emparer des attributs de la modernité.

 
Texte du panneau didactique.
 
Chéri Samba. L'Adorateur, 1992. Acrylique, paillettes et sequins sur toile.

Traduction du lingala: «Je suis un adorateur de ma mère.
Car ma mère a beaucoup souffert pour moi.
Elle m'a dorloté 9 mois durant dans son ventre et m'a ensuite mis au monde.»
 
Chéri Samba. Lait maternel, 1998. Acrylique sur toile.
 
Chéri Samba. Le Monde contradictoire. Acrylique sur toile.
Scénographie. Photo Nicolas Lobet - PRYZM.
 
Chéri Samba. Quelle solution pour les hommes ? Les femmes étant beaucoup plus nombreuses sur la terre, 2001. Acrylique et sequins sur toile, 200 x 285 cm.
 
Chéri Samba. Le Bien et le Mal, 1999. Acrylique sur toile.

Célèbre divinité aquatique et icône omniprésente en Afrique de l'Ouest et centrale, la sirène Mami Wata (Mère des Eaux), a été une figure dominante de l'art populaire congolais sous le règne de Mobutu, au point de donner lieu un temps à l'appellation «Art Wata». Arrivée sans doute sur la proue des navires portugais, médiatrice entre la modernité occidentale et le monde congolais, cette sirène promet richesse et réussite sociale aux hommes qu'elle rencontre. A ces promesses illusoires, Samba oppose la sagesse du savoir et de la pensée. «On ne peut compter que sur soi-même, son propre travail et sa propre sagesse.».
 
Chéri Samba. Maki evimbi te (l'omelette est raplapla), 1989.

Traduction du lingala: «La faute à la bonne femme qui a oublié d'y ajouter quelques verres de farine de manioc.» Acrylique sur toile.

Cliquer ici ou sur le visuel pour voir un agrandissement du texte

 

 
Chéri Samba. Le Feu de femmes. Acrylique sur toile.

Cliquer ici ou sur le visuel pour voir un agrandissement


Scénographie
 
Chéri Samba. Le Lavement, 1987. Acrylique sur toile.

Traduction du lingala: « Il ne faut rien cacher à son père ou à sa mère, même une maladie soi-disant honteuse: tout enfant, petit ou grand, reste à jamais le bébé de ses parents. En cas de force majeure, le père ou la mère finit toujours par soigner son enfant.»
 
Chéri Samba. Sirène, 1978. Huile sur toile.
Chéri Samba. Mama Mbangala au repos, 2007. Acrylique et paillettes sur toile.

Dans la cosmogonie Kongo, Mbangala, «la femme-aux-neuf-mamelles», est l'ancêtre mythique du peuple Yombe. Elle donna naissance aux neuf ancêtres des clans Kongo qui se dispersèrent et peuplèrent le pays. Selon la tradition orale et les témoignages archéologiques, le royaume du Kongo fut fondé dans les années 1300. Situé au sud du fleuve Congo, il recouvrait la partie occidentale de l'actuelle République démocratique du Congo ainsi que le nord de l'Angola.
 
 
Chéri Samba. Toutes les nanas sont pareilles, 1996. Acrylique, paillettes, sequins et technique mixte sur toile.



Cliquer ici ou sur le visuel pour voir un agrandissement


Chronologie
 
 
 
 
 
 
Scénographie avec Les Trois Grâces d'Aristide Maillol. Photo Nicolas Lobet - PRYZM.


3 - KINSHASA, LE CONGO ET L'AFRIQUE

Scénographie

Kinshasa, creuset de la culture populaire et urbaine au Congo, a inspiré à Chéri Samba de nombreuses chroniques du quotidien, cocasses, drôles et parfois crues, qui ont fait le succès de l'artiste à ses débuts, cherchant avant tout à déclencher le rire. Samba célèbre également la ville d'ambiance et sa vie nocturne trépidante dans une scène de bar joyeuse et bon enfant. Lorsqu'il aborde des thématiques plus vastes, liées au Congo et à l'Afrique, le ton de ses messages change. Il dénonce l'incompétence des politiques et les fléaux qui minent le développement de son pays et du continent tout en cherchant à responsabiliser la population. L'artiste engagé veut éveiller les consciences sur des points clés du récit politique, social et économique: le nom et la géographie malmenée du Congo et les conséquences sur le destin du pays;  l'agriculteur floué, pris au piège d'un contrat qu'il n'a pas compris; les Africains qui sollicitent leur part sur les revenus de leurs proches ayant réussi dans la vie, au lieu de compter sur leurs propres forces. Sans oublier la lutte contre le VIH et le virus Ebola. Samba évoque également les milliers d'enfants soldats enrôlés par le président Kabila, nommés les «kadogos», auxquels il rend un hommage lumineux.


 
Texte du panneau didactique.
 
Chéri Samba. Ultimatum, 1999. Acrylique sur toile.

Ce tableau a été commencé par le peintre populaire Cheik Ledy (1962-1997) - jeune frère et assistant de Chéri Samba, mort prématurément du Sida. Cheik Ledy, représenté en haut à droite, a traité de façon plus directe que Samba la contestation du pouvoir autoritaire exercé par le maréchal Mobutu pendant 33 ans. Réalisé en 1997, peu de temps avant la chute de Mobutu, le tableau a été achevé par Samba qui précise: «Je voulais que ce tableau soit vu. C'est pour cela que je l'ai signé. (...) Tout le monde voulait le changement au pays qui tardait à venir.»
 
Chéri Samba. Chéri Samba et Moke, 1984. Acrylique et paillettes sur toile.

Chéri Samba rend ici hommage à son aîné le peintre Moke (1950-2001), une des principales figures du mouvement des peintres populaires, connu pour ses représentations exubérantes et joyeuses de la vie urbaine à Kinshasa. Samba cite par ailleurs Célestin Badibanga, le père de la critique d'art au Congo et grand défenseur de ce mouvement. Il organisa en 1978 la première exposition de peinture populaire à l'Académie des Beaux-Arts de Kinshasa, en collaboration avec Jean-Pierre Jacquemin. Au centre du tableau, le pot de peinture et le crayon évoquent le «peintre-dessinateur» Chéri Samba, tel qu'il se définissait à ses débuts.

Cliquer ici ou sur l'image pour voir un agrandissement

 

 
Chéri Samba. Politesse impolitesse, 1983/1984. Acrylique sur  toile.

Traduction du lingala:
En haut à gauche: Chéri Samba: «Bref, je me retourne tout de même par respect.»
Femmes à droite: «Ça alors ! Qui aurait cru que Chéri Samba soit aussi respectueux ? Si seulement tous les hommes se comportaient comme lui! La plupart se serait rincé l'œil!».

Cliquer ici ou sur l'image pour voir un agrandissement

 
Chéri Samba. Kinshasa ville d'ambiance, 1994. Acrylique sur toile, 122 x 147 cm.
 
Chéri Samba. Peuple du calvaire, 1993. Acrylique sur toile.
Scénographie
 
Chéri Samba. Little Kadogo - I am for peace, that is why I like weapons, 2004. Acrylique sur toile, 204,5 x 245,5 cm.

Les kadogos ou «enfants-soldats» (du mot «petit» en swahili) ont été enrôlés par milliers par Laurent-Désiré Kabila au cours de sa longue marche depuis la province du Nord-Kivu à l'est du pays, qui aboutira au renversement du régime de Mobutu. En mai 1997, les kadogos entrent en libérateurs à Kinshasa, acclamés par la foule. Samba s'est inspiré de son fils pour ce portrait d'enfant-soldat qui lève les bras en signe de paix, tandis qu'une main d'adulte tient l'arme à sa place. «Je suis pour la paix, c'est pourquoi j'aime les armes»: inscrit en anglais pour une plus large diffusion, le sous-titre souligne l'ambiguïté de la question de l'armement.
 
Chéri Samba. Zaïre mémorial, 1992. Acrylique et paillettes sur toile.

 

Cliquer ici ou sur l'image pour voir un agrandissement

 
Chéri Samba. Pourquoi bien d'africains ne progressent-ils pas?, 1994. Acrylique sur toile.

Cliquer ici ou sur l'image pour voir un agrandissement

 

 
Chéri Samba. Les virus jumeaux, 2014. Acrylique sur toile, 135 x 200 cm.

Cliquer ici ou sur l'image pour voir un agrandissement

Scénographie
 
Chéri Samba. Falsifier un nom c'est dénaturer son porteur, 1997/1998. Acrylique et paillettes sur toile.

Cliquer ici pour voir un agrandissement du texte de gauche

Cliquer ici pour voir un agrandissement du texte de droite

 

 
Chéri Samba. Une peinture à défendre, 1993. Acrylique et paillettes sur toile, 129 x 193 cm.

Cliquer ici ou sur l'image pour voir un agrandissement

 
Chéri Samba. L'Agriculteur sans cerveau, 1990. Acrylique sur toile, 144 x 193 cm.

 

Cliquer ici ou sur l'image pour voir un agrandissement

 
Chéri Samba. Le copiste, 1990. Acrylique et technique mixte sur toile.

Dans les années 1970/1980, les peintres populaires déclinent les mêmes sujets dans leurs tableaux, à la demande des clients ou pour suivre les thèmes vendeurs. Mais il ne s'agissait pas de copies au sens strict. Ces tableaux bon marché n'avaient pas le statut d'œuvre d'art unique. Accrochés dans les salons des Congolais aisés ou des expatriés, ils devenaient souvent des conversation pieces et déclenchaient des débats autour de la scène représentée. Si l'entrée de la peinture populaire sur le marché de l'art a freiné cette tendance, Samba dénonce ici les «véritables» copieurs qui ont reproduit ses tableaux à son insu.

Cliquer ici ou sur l'image pour voir un agrandissement

 

Chéri Samba. Enfin !... Après tant d'années, 2002.
Traduction du lingala: «L'objectif est atteint. Moke est satisfait.» Acrylique et paillettes sur toile.


4 - GÉOPOLITIQUE

Scénographie

Chéri Samba, «artiste universel» que l'actualité interpelle et inspire sans relâche, élargit progressivement le champ de ses dénonciations et de ses questionnements à des thématiques mondiales, tandis que son œuvre est de plus en plus exposée à l'étranger: les responsabilités en jeu dans la traite négrière, l'arbitraire et le déchirement des frontières, l'action néfaste de l'homme sur le climat et l'environnement, les agressions et les conflits armés. Dans Le Monde vomissant, plusieurs pays recrachent l'arsenal et les mensonges de l'Amérique à propos des armes de destruction massive lors de l'invasion de l'Irak. Les attentats du 11 septembre inspirent à Samba un impressionnant tableau crépusculaire, tandis que l'artiste africain célèbre par ailleurs l'élection du président Barack Obama aux États-Unis. Samba évoque aussi le pouvoir de domination des langues dans le monde, porté par trois visages de profil: l'Afrique au premier plan, puis l'Occident, ont perdu les leurs au profit de la Chine qui tient le globe terrestre au bout de sa langue. L'artiste transmet également des leçons de sagesse dans une composition méditative et allégorique, dont le message est: «Réfléchir avant d'agir».

 

 

 

Texte du panneau didactique.
 
Chéri Samba. À qui la traite négrière a-t-elle réellement profité?, 2001. Acrylique et sequins sur toile (détail des textes ci-dessous).
 
Chéri Samba. À qui la traite négrière a-t-elle réellement profité? Texte de gauche.
 
Chéri Samba. À qui la traite négrière a-t-elle réellement profité? Texte de droite.
Chéri Samba. Après le 11 Sep 2001, 2002. Acrylique et paillettes sur toile, 200 x 350 cm (détails des textes ci-dessous).
 
Chéri Samba. Après le 11 Sep 2001. Textes de gauche.
 
Chéri Samba. Après le 11 Sep 2001. Textes de droite.
Scénographie avec Chéri Samba, au centre. Photo Nicolas Lobet - PRYZM.
 
Chéri Samba. Barack Obama, 44e Président des États-Unis d’Amérique. Acrylique sur toile.
 
Chéri Samba. Le monde avant les continents, 2011. Acrylique et paillettes sur toile, 135,5 x 200 cm.

Traduction du lingala: «Veuillez prendre le temps d'observer un ballon de football. Alors vous comprendrez pourquoi je suis pessimiste.»

Cliquer ici ou sur l'image pour voir un agrandissement

 

 
Chéri Samba. Réfléchir avant d'agir, 1990. Acrylique sur toile.
 
Chéri Samba. Collège de la sagesse, 2004. Acrylique et sequins sur toile.

Traduction du kikongo: «L'école de la sagesse marque le comportement, les traditions et la langue maternelle... Mais toi, quelle langue parles-tu à l'étranger?»
 
Chéri Samba. Le monde vomissant, 2004. Acrylique sur toile (voir détail à droite).

L'artiste illustre ici les mensonges des États-Unis sur la prétendue présence d'armes de destruction massive en Irak, ayant motivée la seconde guerre du Golfe menée par le président George Bush en 2003. Le monde furieux recrache les armes des États-Unis sur la carte nord-américaine. Samba liste par ailleurs une grande partie des pays de la coalition impliquée dans l'opération.
 
Chéri Samba. Le monde vomissant. Détail: texte à gauche du Monde.
Scénographie
 
Chéri Samba. Merci, merci je suis dans la zone verte, 2020. Acrylique et paillettes sur toile, 135 x 200 cm.

Ce tableau a été réalisé en 2020, alors que Chéri Samba séjournait dans la région parisienne pendant le premier confinement lié à la pandémie de Covid-19.
 
Chéri Samba. Lutte contre l’insalubrité. Acrylique et technique mixte sur toile (voir détails ci-dessous).
 
Chéri Samba. Lutte contre l’insalubrité (détail).
 
Chéri Samba. Lutte contre l’insalubrité (détail).


5 - HISTOIRE DE L'ART REVUE ET CORRIGÉE

Scénographie

Dans les années 1990, Chéri Samba est parmi les premiers artistes africains contemporains reconnus en Occident. Avec humour et conviction, il aborde les problématiques auxquelles est confronté le monde muséal au sujet de la place de l'art africain et de ses enjeux. Dans Enfin !... Après tant d'années, il célèbre l'entrée tardive des œuvres africaines contemporaines dans les musées. Tandis que dans Hommage aux anciens créateurs, Samba défend les artistes traditionnels, peu visibles en Afrique en raison du faible nombre de musées, mais très présents dans les collections occidentales. L'artiste souligne également le rôle central des collectionneurs privés dans sa carrière: dans le tableau Déjà, il apparaît aux côtés de Jean Pigozzi grâce à qui il a exposé dans de nombreux pays et a pu même faire son entrée dans le dictionnaire Hachette... Dans le célèbre triptyque Quel avenir pour notre art ?, Samba représente Picasso en homme noir, sachant que ce dernier s'est inspiré de l'art africain dans sa période cubiste. Picasso serait-il un artiste africain comme les autres ? À travers la voix de Chéri samba, l'artiste africain revendique en tout cas une reconnaissance comparable à celle dont bénéficient les grands noms de l'art occidental.


 
Texte du panneau didactique.
 
Chéri Samba. La Femme noire peintre. Acrylique sur toile.
 
Chéri Samba. Hommage aux anciens créateurs, 1999. Acrylique et paillettes sur toile, 153 x 203,2 cm.


Cliquer ici ou sur l'image pour voir un agrandissement

 

 
Chéri Samba. Les tours de Babel dans le monde, 1998. Acrylique et paillettes sur toile, 130 x 203 cm.


Cliquer ici ou sur l'image pour voir un agrandissement

Scénographie. Photo Nicolas Lobet - PRYZM.
 
Chéri Samba. Le Marché de l'art, 2006. Acrylique et paillettes sur toile.
 
Chéri Samba. Le Marché de l'art (détail).

Cliquer ici ou sur l'image pour voir un agrandissement


 
Chéri Samba. Quel avenir pour notre art ?, 1997 (Triptyque 1). Acrylique et paillettes sur toile, 133 x 196,5 cm (voir détail ci-contre).

Dans ce triptyque «manifeste», Chéri Samba s'interroge sur la faible représentation des artistes africains vivants dans les musées occidentaux. Sur un mode provocateur, il se demande si cette indifférence ne relèverait pas d'une forme de racisme. Samba se met en scène aux côtés de l'artiste le plus célébré au monde, Picasso, fasciné par l'art africain traditionnel, et un des premiers à y déceler une dimension universelle. C'est cette même dimension que revendique Chéri Samba en se représentant au centre du triptyque avec l'artiste. Les deux hommes avancent côte à côte, tableau sous le bras, tels deux compagnons de route aux destins comparables, bien décidés à entrer au musée d'art moderne...

 
Chéri Samba. Quel avenir pour notre art ?, 1997 (Triptyque 1) (détail).
 
Chéri Samba. Quel avenir pour notre art ?, 1997 (Triptyque 2). Acrylique et paillettes sur toile, 132 x 196,6 cm.
 
Chéri Samba. Quel avenir pour notre art ?, 1997 (Triptyque 3). Acrylique et paillettes sur toile, 132 x 203 cm (voir détail ci-dessous).


Cliquer ici ou sur l'image pour voir un agrandissement du texte de gauche

 

 
Chéri Samba. Quel avenir pour notre art ?, 1997 (Triptyque 3) (détail).
 
Chéri Samba. Déjà, 2007. Acrylique et paillettes sur toile.

L'artiste célèbre ici son entrée dans le dictionnaire Hachette et l'encyclopédie Larousse, en rendant hommage à Jean Pigozzi. Samba l'imagine annonçant la nouvelle au téléphone à André Magnin, directeur artistique de sa collection jusqu'en 2009. Jean Pigozzi a largement contribué à faire reconnaître le travail de Samba et l'art africain contemporain sur la scène internationale. Chéri Samba savoure sa célébrité et son entrée dans l'histoire de l'art. Les deux figures et les livres sont fixés sur un ciel bleu, le titre «DÉJÀ» se répétant à l'infini tel un écho. «Pigozzi et moi-même sommes au firmament», déclare Samba avec humour.


6 - DIALOGUE AVEC MAILLOL

Scénographie
Scénographie. Photo Nicolas Lobet - PRYZM.
Chéri Samba. Dans la chambre, 1998. Acrylique et paillettes sur toile, 130 x 203 cm.

Chéri Samba ne s'intéresse pas en soi à la peinture de nus, qui pour lui ne véhicule pas de messages, éléments constitutifs de son œuvre. Les femmes dénudées font ainsi toujours partie d'une mise en scène au service d'un événement ou d'une idée. L'artiste s'est inspiré pour ce tableau d'une sculpture hyperréaliste découverte dans un musée et qui l'avait stupéfait, tant le matériau utilisé donnait un aspect vivant au corps de la femme. Samba cherche ici à reproduire cette prouesse en tant qu'artiste, tout en endossant le personnage d'un peintre décorateur qui découvrirait, troublé, une femme nue endormie dans la chambre qu'il doit peindre... Comme souvent, les lectures s'enchevêtrent, Chéri Samba maniant l'ambiguïté avec malice dans cette peinture de nu, parmi les plus abouties de son œuvre.


7 - Chéri Samba et la Collection Jean Pigozzi

Scénographie
Jean Pigozzi, entrepreneur et collectionneur franco-italien, découvre la création africaine contemporaine en visitant l'exposition Magiciens de la terre à la Grande Halle de la Villette à Paris en 1989. La vitalité qui se dégage des œuvres et le traitement inédit des sujets abordés l'enchantent. Dans les jours qui suivent, il rencontre le co-commissaire de l'exposition André Magnin, à qui il propose de collaborer à la constitution d'une collection d'art africain contemporain. C'est le début de l'aventure de la CAAC (Contemporary African Art Collection), dont André Magnin sera le directeur artistique pendant vingt ans. En quelques années, les nombreux voyages effectués par ce dernier en Afrique subsaharienne et l'œil passionné de Jean Pigozzi forment l'une des plus importantes collections d'art africain contemporain.
 
La collection de Jean Pigozzi en quelques chiffres

- Créée en 1989
- 140 artistes originaires de 22 pays d'Afrique subsaharienne
- Plus de 11 000 œuvres: peinture, sculpture, dessin, photographie, installation et vidéo
- La collection a participé à plus de 120 expositions dans le monde, organisées dans une soixantaine de musées, centres d'art et manifestations internationales
- En 2019, Jean Pigozzi a fait don de 45 œuvres au MoMA de New York
- Un projet de musée est en cours d'étude avec la Ville de Canne
s
Texte du panneau didactique
Citations de Chéri Semba
Scénographie. Salle de projection de la vidéo Kinshasa, année 1980. Le foyer de la peinture populaire.


Cliquer ici ou sur l'image pour visionner cette vidéo.

Dans les années 1980, les rues de Kinshasa - que ses habitants surnomment Kin kiesse («Kin la joie» en kikongo) - bouillonnent. Nonobstant le régime autoritaire instauré par Joseph-Désiré Mobutu, l'optimisme et la fierté nationale règnent dans la capitale du Zaïre. un vaste marché aux étals bien achalandés, une kyrielle d'échoppes et de salons de coiffure, des pousse-pousseurs qui se frayent un chemin dans un trafic dense, des sessions de danse improvisées... De cette effervescence urbaine émane une douceur de vivre célébrée jour et nuit par les Kinois.
Dans ce contexte animé, «un art qui vient du peuple et qui s'adresse au peuple» germe et s'épanouit dans les œuvres de peintres et de dessinateurs, une production que Chéri Samba qualifie alors de «peinture populaire». L'exposition collective Art Partout organisée à l'Académie des beaux-Arts de Kinshasa en 1978 consacre ces peintres, parmi lesquels Chéri Samba, Moke, Pierre Bodo et Chéri Chérin. Les thèmes de leur art sont empruntés aux scènes de la vie quotidienne, aux mythes, à la nature et à l'actualité. En fins observateurs, ils rendent compte, non sans humour, du dynamisme de la vie kinoise. Simultanément sève de leur inspiration et lieu d'exposition de leurs œuvres, la rue est le théâtre des artistes populaires à Kinshasa.
 
Texte du panneau didactique.
 
Jean Pigozzi, Chéri Semba et André Magnin devant Quelle solution pour les hommes ? Les femmes étant beaucoup plus nombreuses sur la terre.