CHÂTEAU DE CHENONCEAU

Article publié dans la Lettre n°487 du 2 octobre 2019



 
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CHÂTEAU DE CHENONCEAU. Avec 850 000 visiteurs par an, dont 40% d’étrangers, c’est le monument privé le plus visité de France. Étant ouvert toute l’année c’est le moment d’aller flâner librement dans ses salles et ses jardins, loin de la foule estivale. A chacune de nos visites, nous découvrons les nouveaux aménagements que Laure Menier, conservatrice et propriétaire du château avec son mari, a effectués. Cette année nous avons admiré le Jardin Russell Page, ouvert en 2018, orné des animaux en bronze du sculpteur François Xavier Lalanne. Mais bien sûr c’est le château lui-même qui attire les foules.
Avec une femme à la tête de ce domaine classé au patrimoine mondial de l’Unesco, c’est la tradition de ce « château des Dames » qui se poursuit jusqu’à nos jours. L’épouse de Thomas Bohier, Katherine Briçonnet, du fait des nombreuses absences de son mari, fut le véritable maître d’ouvrage du château originel, achevé en 1521, sur les vestiges d’un château plus ancien, remontant au XIIIe siècle, le château des Marques. À la mort de Thomas Bohier, suite à des détournements de fonds par ce dernier, le château revient à la Couronne et Henri II en fait don en 1547 à sa favorite Diane de Poitiers. Celle-ci crée des jardins parmi les plus spectaculaires de l’époque et construit le pont qui relie le château à l’autre rive du Cher.
Mais Catherine de Médicis, veuve d’Henri II, contraint son ancienne rivale à rendre le château à la couronne en échange du château de Chaumont-sur-Loire. Elle fait élever la galerie à double étage qui dote Chenonceau de son architecture unique au monde et dirige le royaume, en sa qualité de régente, depuis son cabinet vert.
En 1589, à la mort de son époux Henri III, Louise de Lorraine se retire au château et prend le deuil en blanc, selon l’étiquette de la cour. Son décès en 1601 marque la fin de la présence royale à Chenonceau. Durant les cent ans qui suivent, Chenonceau est l’objet de nombreux procès  intentés par les créanciers de ses ayants-droits successifs et le château n’est plus entretenu. Finalement, en 1733, Louis-Henri de Bourbon-Condé vend Chenonceau au fermier général, Claude Dupin. Son épouse, Louise Dupin (1706-1799) redonne son faste au château, y tient un salon brillant et le sauve  lors de la Révolution. À leur tour, en 1864, ses héritiers sont contraints de céder le château à une riche héritière, Marguerite Wilson, épouse du médecin Eugène Pelouze dont elle se sépare quelques années plus tard. Madame Pelouze entreprend alors des travaux pharaoniques confiés à l’architecte Félix Roguet, un disciple de Viollet-le-Duc, afin de remettre le château dans l’état où il était à l’époque de Diane de Poitiers. Sa fortune n’y suffit pas et le château est vendu en 1889 à son principal créancier, le Crédit Foncier de France. S’ensuit une succession de ventes jusqu’en 1913, année où le château est acheté aux enchères par l’industriel Henri Menier, issu de la famille des chocolatiers Menier. Ses descendants en sont toujours les propriétaires.
Avec une histoire aussi riche et complexe, la visite du château est passionnante. On parcourt les différentes salles en s’aidant du livret remis à l’entrée avec le billet ou avec un audio-guide (Chenonceau a été le premier au monde à utiliser cet outil de visite). À côté des cheminées ou des meubles d’époque on a des reconstitutions faites par les différents propriétaires, comme la chambre de Louise de Lorraine, le tout donnant un aspect harmonieux et cohérent.
Ce qui frappe c’est surtout la profusion d’œuvres d’art. On ne compte plus les tableaux d’Alonso Cano, Murillo, Tintoret, Jordaens, Ribera, Véronèse, Poussin, Van Dyck, Bassano, Le Corrège, Poussin, Le Primatice, Zurbaran, Van Loo, Nattier, Mignard, Rubens, etc. De nombreuses pièces sont ornées de tapisseries, comme la salle des Gardes, la chambre de Diane de Poitiers, la chambre de Catherine de Médicis, la chambre de Gabrielle d’Estrées, ces quatre-là avec des tapisseries des Flandres du XVIe siècle. Au premier étage, dans la galerie Médicis, est exposée une collection de peintures, tapisseries, mobilier et objets d’art, souvent en rapport avec l’histoire du château.
La chapelle est décorée avec des vitraux (1954) du maître-verrier Max Ingrand en remplacement des originaux détruits par un bombardement en 1944.
À l’extérieur du château, on peut aller se perdre dans le labyrinthe, visiter les jardins au bord du Cher, la ferme du XVIe siècle, qui abrite la galerie des attelages, le potager des fleurs avec lesquels les jardiniers préparent chaque jour les décors floraux qui ornent les pièces du château, l’apothicairerie de la Reine, l’évocation de l’hôpital militaire installé dans le château durant la Grande Guerre. Dans la cave des Dômes, on peut goûter et acquérir des vins de la propriété, des Touraine Chenonceaux bien sûr. Enfin, comme on peut passer beaucoup de temps dans ce domaine, tout est prévu pour déjeuner : depuis des aires de pique-nique à l’air libre ou couvertes jusqu’à un restaurant gastronomique, en passant par une crêperie et un self-service. Un tel château mérite bien, seul ou avec d’autres - il y en a tellement dans cette région - un week-end en Touraine. R.P.  37 Chenonceaux. Lien : www.chenonceau.com.


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